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La crise médiatique à partir du cas de Ségolène (zaz)

Publie le jeudi 16 octobre 2008 par Open-Publishing
7 commentaires

Avertissement :

Comme le lecteur le sait déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière d’écrire délibérément décalée, qui ambitionne par un éclairage oblique à plus de perspicacité dans l’analyse politique.

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1. Le mille-feuilles à dix ou douze feuilles qui est aujourd’hui en vérité totalement crisique

La 32e position, très physique, de l’Ocséna commence maintenant, entre nous, à être mieux connue : la crise est multiforme, faite de couches superposées dont on ne connaît pas toujours très bien encore les liens logiques, intrinsèques et extrinsèques. Si la crise financière est apparemment prise en compte de face par toutes les forces supposément non-farceuses de la planète, du G3 au G23, si l’économique est attendue de la même façon de pied ferme avec des épieux et des crucifix marqués vade retro, quid des autres crises ? : par exemple, la politique, la démocratique, la culturelle, l’artistique, la médiatique, and so on !...

Prenons aujourd’hui la médiatique, prenons plus exactement le lien média plus politique, prenons plus exactement le cas Ségolène Royal. Tu vois tout de suite pour nous que la prise de risque est énorme dans cette affaire ! T’en as a priori parmi vous qui ont, au premier souffle du mot, déjà sortis les armes de poing et les couteaux ! Calmez-vous les gars ! on va essayer de pas être "sur" la personne, on va essayer de produire "à partir" de la personne, à partir du cas, quoi ! Une étude de cas, nom de dieu ! c’est pas un attentat-suicide !

Les références récentes sur le sujet nous paraissent devoir être dans l’immédiat :

 "Ségolène est-elle de gauche ou de droite ?"
 de Armand Bozynski, sociologue, publié sur le Post et Bétapolitique.

 "Calmez-vous sur Ségolène Royal !"
 Texte de Julien Dray dans le Nouvel Observateur.

 "Ségolène Royal devrait faire une carrière dans le show-biz"
 de Sylviane Agacinsky chez Laurent Ruquier.

Comme on croit apprendre aussi sur le web que Ségo monte à nouveau dans les sondages pratiqués auprès des militants socialistes. Comme on croit comprendre avec Sylviane Agacinsky que Ségolène en insupporte totalement et radicalement plus d’un, à peu près partout (comme il nous semblait intuitivement), tu vois combien le démarrage est délicat, peut paraître subjectif, hasardeux, teigneux ou atteigneux, tout pouvant être reproché évidemment à celui qui se lance dans le sujet.

Il me semble que c’est Julien Dray qui exprimait dans le texte précité plus haut combien il fallait lâcher les baskets à Ségo ! : que c’était comme ça ! qu’elle plaisait souverainement aux uns qui étaient étonnamment pour elle, qu’elle pétrifiait d’acidité ceux qui étaient jusqu’à la nausée contre elle ! Où l’on voit que Julien Dray rejoint les sagesses millénaires : On plaît, on plaît pas, la gloire est très variée et elle est même très changeante (sic transit gloria mundi, etc. !) Or, on va prendre ici radicalement le contrepied de Julien non pas sur la sagesse millénaire bien sûr, où il a probablement raison, mais sur le bon sens présent corrélé à la "cause" ici postulatement en jeu. Stricto sensu, Julien, il ne s’agit pas de plaire ou ne pas plaire, et de façon même importante, il s’agissait l’année dernière, il s’agira peut-être encore dans 4 ans très exclusivement de plaire à 51% des gens, (entendons clairement électeurs votants, le reste est littérature). Que 49% des péquins (électeurs votants dido, on se répète) la détestent allègrement est sous le rapport du scrutin l’archi-cadet de nos soucis, si elle atteint 51% de gens, à qui justement elle plait (Même 50,5 c’est encore bon.). La loi de la démocratie introduit une contrainte dure et nette et non baratineuse dans la chose des médias.

Nous allons donc tenter, pour suivre notre idée, de démontrer que la plupart d’entre nous (yc. les spécialistes des médias peut-être) n’ont pas compris des choses essentielles aux médias, notamment certains tortueux et contradictoires effets rarement connus ou aperçus mais assez fondamentaux, qu’ils n’ont rien compris aux stratégies fines de communication qui devraient sans doute être mises en oeuvre pour tenir compte de ces effets, qu’ils n’ont rien compris enfin aux problèmes de personnalité.

2. Ne pas être dans les médias est mortel, y être est mortel également

L’action médiatique paraît assez succincte sur le plan basique, elle relève grosso-modo de l’artillerie lourde ordinaire : journaux, télés, films, photos,... tout ce que tu voudras, la question technique est : de combien de pièces de feu et de munitions, disposes-tu ? et à quelle cadence de tir peux-tu tenir ? Bon ben tu bombardes ! (si tu n’aimes pas l’allusion militaire trop triviale, tu peux raisonner en termes de messages et de massages, après tout, tu as lu McLuhan : t’as combien de masseuses disponibles ? combien "d’aspirations simples", de body body, de turluttes espagnoles à mettre en branle à la télé qui aime ça ? tu laisses pas indifférent avec ces trucs bonnards, tu peux vendre grâce à eux absolument de tout ! de plus en plus de tout ! principe : augmenter constamment l’impact et la part de marché, du tout bon quoi ! qu’il s’agisse de lessive ou d’hommes politiques.

Eh bien il y a un gros-grave "détail" là-dedans qui est très faux ! ton gain positif sera toujours certes visible, ta perte négative, petite, simplement ne l’est pas mais elle existe. Action-contraction, toute action médiatique est un gain gros et une perte marginale (dans le meilleur des scénarios). Tu forces de la Ségo, tu vas gagner 100, forcément tu vas perdre 4 ou 5 à cause des allergiques. Ça ne compte donc pas diras-tu puisque le solde est positif ! mais si, ça compte terriblement dans certaines situations. Prends Lionel Jospin en 2002 ! Des experts s’interrogent encore sur son invraisemblable échec, Lionel en effet ne pouvait pas ne pas être élu. Tout le monde a trouvé commode de dire depuis : la faute mais c’est Chevènement ! Mais non c’est pas Chevènement ! C’est le clip ! Trois jours avant l’élection tu te souviens du fameux clip des divas de son gouvernement à Yo, un des meilleurs gouvernements que la France ait jamais eu derrière un des meilleurs premiers ministres ! eh bien c’était de trop. Je vois encore ce militant socialiste effondré :

Comment avons-nous pu perdre, pleurnichait-il ?
 Le clip, Paulo, le clip !
 C’est vrai, finit-il par concéder, moi-même je le confesse, j’aurais pas pu supporter les nôtres et leur hypermédiatisation encore 6 mois de plus.

Les médias te font être mais les médias te tuent aussi. Les médias facilement, quand c’est décidément de trop, tu les dégueules. La crise des médias c’est d’abord que les médias n’ont pas d’autolimitation raisonnable à vue, les médias toujours tendent d’abord à exagérer vraiment c’est leur ligne de pente naturelle. Tiens je pense à Martine Aubry qui tente son retour en ce moment. Un retour qui se défend ! mais va falloir remonter une rude pente. Ce n’est pas que les médias l’avaient assassiné c’est que les médias l’avaient hyperencensée jusqu’à plus pouvoir respirer (nous, en apnée). On se rappelle encore l’inénarrable éloge de Martine dans Libé dû à Luc le Vaillant, une masterpiece dans le livre d’or de l’anthologie fayote ! Pas n’importe qui Luc Le Vaillant pourtant ! Il semble que la grande presse de qualité ait un peu pris conscience du problème depuis un temps. On arrête les contreperformants panégyriques, Le Monde c’est sensible y cède maintenant moins.

L’année dernière et y deux ans, Ségolène partait avec de gros atouts. L’atout principal est qu’elle était femme, ça fait bien 4000 ans que la France (les femmes d’abord et les progressistes ensuite) attendait un président femme. Avant, à part Catherine de Médicis, on a eu beaucoup de ratés. Parlons de la personnalité.

3. De la personnalité

Ségo est partie bille en tête on s’en souvient sur la personnalité wife. Pas forcément anormal de speeder ainsi ! Mais bon il a fallu rapidement décider si Ségo postulait la présidence de la France ou la présidence du MLF ou de Ni putes Ni soumises. L’ajustement s’est fait mais il a fallu tâtonner tout un moment.

L’autre problème était le profil politique, fallait-il être de gauche ou fallait-il être de droite ? Le point était délicat, la règle démocratique fixant la barre à plus de 50% comme on disait impose comme stratégie assez logique un alignement à la médiane. Suffisamment de gauche pour pas décevoir la gauche qui te porte, mais suffisamment à droite pour ratisser un poil léger de quidam pas forcément poinçonnés à vie chez toi. On trouve qu’il y a eu certainement des difficultés mais peu imputables à Ségolène, il est vrai qu’elle a été très aidée par le fait que le programme de gauche n’existait pas ou que s’il existait c’était mal. Actuellement elle est dans la même situation apparemment très favorable jusqu’au Congrès de Reims qui ferait mieux de tomber en décembre compte tenu que la crise nous réserve encore bien des surprises.

Il nous semble pour être franc que Ségolène a encore un évident problème. Nous ne savons si elle veut "être" ou si elle veut "être présidente", ce n’est pas du tout le même problème. Là on est à la croisée des chemins. Ségolène a certainement eu de nombreux ennemis à savoir ses ennemis, ses amis et elle même. Ils étaient trente rue d’Enghien à l’UMP à ce qu’il paraît pour éplucher ses moindres gestes, tout inventer contre elle, la tenue blanche en Chine, le bravitude, etc. Ils étaient super-spécialises paraît-il parmi ses amis pour lui conseiller les pires conneries : sois agressive, accrocheuse, bouffe lui les couilles avec les dents qu’on lui avait dit avant le débat raté avec Sarko. Ensuite, dernier machin, on veut bien croire que Ségo n’écoute qu’elle-même, et qu’elle ne veut n’être qu’elle-même. Mais nous on s’en tape, les Français, qu’elle soit elle-même, ce n’est pas principalement ce qu’on lui demande, il y a pour ça en ville des tas de stages d’épanouissement personnel.

Ségo est-elle, si elle le veut, capable de s’auto-corriger ? Regarde, il y en a plein qui font de gros efforts : DSK a fait refaire ses baloches ! Et le plus convaincant est quand même Moscovici ! Dans le genre puant, condescendant, désagréable, teigne, c’est bien Mosco, et pourtant Mosco c’est pas un nul question idées c’est un calibre !. Regarde ses nouveaux efforts désarmants de gentillesse, Mosco désormais souri, parle gentiment, c’est simple Mosco a même recommencé à se raser, c’est dire.

Ségo pourrait faire de même, on ne veut pas dire pour le rasage On veut dire pour l’amélioration de son image. Au Zénith, ok, elle était belle, similo Vanessa Paradis en plus mature ! mais pour beaucoup ça a paru léger du cogito. Les gens voulaient du concept, ils voulaient une doctrine. Ok ok. mais revenons à notre filon.

On va vous dire là-dessus un truc comme ça : pour être candidate faut pas toujours parler. Faut pas toujours parler parce que la presse est là pour tout remultiplier de ce que vous dites :

Ségo félicite les prix Nobel, Ségo fait la leçon à Sarko, Ségo parle du Québec, Ségo pense que, Ségo a exprimé que... Oh oh, toi lâche-nous aussi les baskets !

Dans les médias, on voit vite que, somme toute, Rien c’est bien ! aussi.

L’agitation à gauche c’est bien : pour Peillon, Vals, Hamon rien à dire, et pour tant d’autres qui font des déclarations et écrivent aussi des livres, oui c’est bien, pour eux. Ils répondent honorablement au truc numéro un pour la lessive. Présidente se joue, nous semble-t-il, différemment.

4. Conclusion volontairement non crispée

Nous ne saurions dire exactement ce qu’il convient pour la France et éventuellement pour Ségolène. En revanche, pour ce qui concerne les médias, en tant que citoyens, c’est à dire en tant que peu (péquins-heureux lambdas priés de penser mais de la fermer), on doit pouvoir exprimer quelques idées in the air ainsi que nous avons commencé supra. Les médias nous sont en théorie utiles et familiers, en même temps qu’ils sont pratiquement une véritable et authentique plaie. Les médias ne font pas autant de bien qu’on le croyait, mais beaucoup font plus de mal qu’on ne pensait. Faut certainement ré-apprendre à les gérer c’est le vague but ici de notre intervention.

Pour ce faire si je puis dire, nous venons d’apprendre que Paris 1 Descartes délivre depuis la rentrée un mastère d’orthologie en 4 ans. De quoi s’agit-il ? D’une véritable formation technique pour ré-apprendre à penser sain dans la simplicité naturelle, une formation à ce qu’on appelait autrefois le bon sens ou sens commun (C’est peut-être polémique par un certain biais, je vous vois venir, mais y en a peut-être aussi très franchement besoin, faut pas comme ça rejeter une idée au seul motif qu’elle est nouvelle !)

Tiens depuis hier toute la presse ne bruisse que du scandale scandaleux de la Marseillaise sifflée pour le match France-Tunisie. Y a même eu sur la question un conseil des ministres très musclé. On apprend des plus hautes autorités que si ça recommence, attention ! le match sera purement et simplement arrêté. Tout le monde a applaudi parmi ceux qui n’étaient pas au match mais présents au conseil !

Nous on pose la question simple suivante : tu arrêtes un match au stade France bourré de 70 000 personnes qui ont payé leur billet, tu évacues les gens comment ? Les gars, ils te désossent le stade de France, 400 millions de dégâts, 300 morts au moins à l’intervention de la police, toute l’Ile de France par tâche d’huile devient la frite de la France.

Nous sommes dirigés par des malades assez graves aidés de journaux probablement non moins graves par facilité, habitude, connivence, lustrage de pompes. Les plus fous en définitive ne sont pas systématiquement dans le parterre en bas même si quand même il n’en manque pas non plus.

Quelle est notre solution alors ? Simplissimus mon cher Watson, la Marseillaise est désormais chantée en arabe littéraire par la chorale arabo-andalouse de la rue de Tanger. Le chant national maghrébin, ici le Tunisien, est chanté en français par .. euh... ben les mêmes c’est le plus simple. Ça c’est un match amical qui nous honore tous.

Je ne sais pas si Ségolène qui se prononce plutôt sur tout s’est prononcé sur la question.

Tout le monde aura compris ici que nous n’avons rien véritablement contre Ségolène (pas plus en vérité qu’on a rien véritablement pour). Ségolène a été le cas particulier seulement permettant une occasion plus générale de penser.

Ségolène doit-elle finalement se représenter ? Soyons honnêtes, Ocsena n’est pas arrivé à arrêter très bien sa position. Excepté Chen, avec un argument sérieux de sa part, mais qui n’a pas fait l’unanimité parmi nous. Compte tenu que Sarko se reprépare pour 2012, Ségolène a droit à une revanche, que la Marseillaise soit chantée par la garde républicaine ou par la chorale traditionnelle sympa déjà citée plus haut.

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Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... et pour la démocratie avancée
 http://ocsena.ouvaton.org

Messages

  • Cher "moncher" vous m’excuserez de pinailler sur un détail accessoire et latéral et in-nessentiel de coté de l’à paraître (pastische ou pastiss’shade) et bien que n’ayant absolument pas tout lu de votre très prosaïque prose.

    L’erreur se situe dans le le fait de parler de président femme, alors que peut être, mais c’est une suggestion, il aurait du être écrit : PRéSIDENT’E hoMm-e.

    Donc nous aurons sociétalement, et La franc’e l’e veut un’e homm’e pésident-e

    P’etiteanare

  • Je n’ai pas lu l’article jusqu’au bout, car bien d’autres sujets m’intéressent pour l’heure et je ressens comme une over-dose de ces soi-disants et soi-disantes
    " sauveurs suprêmes " et " sauveuses suprêmes ".

    De toutes façons, je ne vote plus, notre sauvegarde et celle de l’humanité est ailleurs et c’est nous-mêmes qui devont la façonner, mais il y a du boulot et tant que l’on se laisse pièger par le cirque électoral, on perd du temps.

  • Très bonne analyse des médias utilisant Ségolène pour le taux d’écoute..Mais trop c’est trop ..Sarko et ses ministres et acolytes UMP sans cesse sur les médias,est-ce que c’est rentable pour eux en terme de crédibilité ????Là encore trop c’est trop...Le NON au référendum l’a démontré alors que tous les médias étaient pour le OUI/....La force de frappe médiatique du pouvoir capitaliste pour imposer ses idées se fracasse le plus souvent sur la réalité vécue par les gens ex : le pouvoir d’achat ....Alors Vrai ou faux pouvoir les médias ???Parfois oui,parfois non...OBAMA-MAC CAIN même pièce à double-face du dollar...Sarko-Ségo même singerie sans relief historique pour un peuple en déshérence idéologique scotché devant l’image au lieu de lire "le Capital" .....

    Les images télé ont remplacé les allégories sculptées des églises gothiques pour essayer de manipuler les masses dites incultes par le bourgeois au pouvoir ....

    bernard SARTON,section d’Aubagne