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L’Europe de B. Hamon

Publie le lundi 20 octobre 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

L’Europe :
5. Changer le cours de la construction européenne
a. Les peuples se détournent de l’Europe

Socialistes, nous sommes profondément européens. Depuis longtemps, nous plaidons pour l’émergence d’une communauté politique souveraine, espace de solidarité et de progrès. Voilà sans doute
la plus grande faute des partisans de la concurrence « libre et non faussée », traduction technique du marché sans entraves : ils ont galvaudé l’idée européenne.

Les institutions de l’Union sont légitimement contestées. La Commission est obsédée par la libre concurrence au détriment de la redistribution, elle organise le démantèlement des protections sociales, du droit du travail et des services publics. La jurisprudence récente de la Cour de Justice, qui multiplie les arrêts favorables au dumping social au nom de la sacro sainte liberté d’installation,
inquiète légitimement les syndicats européens. La politique monétaire de la BCE, uniquement
tournée vers la désinflation, pénalise la croissance et l’emploi.

L’élargissement a contribué
à aggraver la complexité du fonctionnement communautaire.
Nombre de directives sont destructrices de droits. Ainsi, le texte sur le temps de travail, qui
confirme la limitation aux 48 heures hebdomadaires, avec toutefois la possibilité de dérogation
jusqu’à 60 ou 65 heures si le travailleur concerné marque « son accord explicite » ! Ainsi, la directive
retour, véritable « directive de la honte »qui durcit considérablement les conditions de rétention
des immigrés en situation irrégulière.

Rien d’étonnant à ce que les peuples se détournent de l’Europe, devenue synonyme de technocratie
aveugle au service du seul libéralisme. Les « non » français et hollandais en 2005, le « non
 » irlandais aujourd’hui, témoignent de cette défiance croissante. La ratification (par voie parlementaire)
poursuit son cours. L’Irlande est, implicitement ou explicitement, invitée à revoter. Cet
aveuglement n’est pas nouveau. Il est inacceptable que la voix des peuples soit ignorée. En démocratie,
la règle du jeu ne peut être changée en cours de route. Le traité de Lisbonne prévoit la
nécessité d’une ratification unanime par les 27. Après le rejet irlandais, le traité de Lisbonne doit
donc être déclaré caduc. Plutôt que de s’interroger sur les raisons de la crise, les dirigeants de
l’Union sont tentés, une fois de plus, par le passage en force et la fuite en avant. Quitte à tuer, définitivement,
la belle idée européenne.

La Gauche ne saurait se contenter de prôner une simple inflexion des politiques européennes.

Seule une réorientation profonde de la construction communautaire permettra de réconcilier
l’Union et les citoyens.

c. L’Europe a besoin de la gauche

Pour changer l’Europe, il faut une gauche forte et volontariste. Or la social démocratie européenne
a,majoritairement, choisi la voie du renoncement. Ce choix s’explique par l’incapacité des « progressistes
 » à penser le capitalisme financier transnational et ses conséquences. En retard d’une
révolution, ils ont finalement rendu les armes. Plutôt que d’élaborer une réponse politique, ils
ont suivi le mouvement tout en faisant mine d’en maîtriser la direction. L’acceptation des coprésidences
au Parlement européen en est une illustration éclatante. À quelques exceptions près,
la plupart des sociaux-démocrates européens – écartés du pouvoir dans les années 1980 – se
sont engagés dans un processus de révision idéologique, renonçant à toute ambition de transformation
sociale radicale et intégrant à leurs programmes la majeure partie des prescriptions
économiques des libéraux.

La co-présidence entre progressistes
et conservateurs au Parlement
européen doit être
abandonnée.

L’heure est à la reconstruction d’une gauche européenne digne de ce nom. La première exigence est
de mettre les forces de gauche autour d’une même table, de tenter un diagnostic précis des problèmes
prioritaires pour le monde du travail
de l’état du monde et de l’Europe et de favoriser des combats
concrets communs.

Nous devons également lancer des initiatives unitaires des gauches européennes sur des sujets clefs
comme par exemple l’élaboration d’un traité social organisant des convergences sociales vers le haut
(SMIC européen, progressivement unifié).

La recherche d’éléments communs pour une plateforme européenne entre les partis regroupés au
sein du PSE et ceux qui siègent dans la « gauche unitaire européenne » pourrait être une étape dans
ce sens. De même, la constitution d’un intergroupe permanent des gauches au sein du Parlement européen
permettrait d’ouvrir une nouvelle période politique dans cette instance, où le consensus PSEPPE

se traduit par une déroute chronique de la gauche. Seule une gauche rassemblée pourra
réellement influer sur la politique européenne.

Messages

  • Non à l’Europe de benoît Hamon..Oui à l’europe "révolutionnaire" à condition que chaque peuple et régions autonomes en prennent le contrôle par des conseils ouvriers et salariés éliminant toutes sortes de PDG.De plus suppression des indemnités des pseudo-élus,retour au bénévolat politique et au contrôle permanent comme pour les délégués du personnel des entreprises.L’europe des peuples n’est pas l’Europe des élites,même de gauche...Les joueurs de pipeau socialisants ont trop joué faux et nous avons fermés nos oreilles pour longtemps en attendant d’autres joueurs digne de Mozart...

    L’europe actuelle on s’en fout ............Bernard SARTON,section d’Aubagne

    • L’europe révolutionnaire, certes , mais avec qui ? IL ne suffit pas de procéder par injonctions.
      L’europe , on s’en fout moi pas ; c’est elle qui nous ecrase et qui met les peuples en compétition
      Pas de slogans reducteurs , s’il vous plait , sauf à vouloir se faire plaisir.
      ILs ne correspondent en rien à la réalité présente

    • "...Europe "révolutionnaire" à condition que chaque peuple et régions autonomes en prennent le contrôle par des conseils ouvriers et salariés éliminant toutes sortes de PDG..."
      C’est quoi, cette Europe là ? De quoi s’agit-il exactement et quel Mouvement ou Parti
      promeut cette étrange utopie ?