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Affaire Besancenot : une amicale d’ex-policiers pourrait être impliquée

Publie le mercredi 29 octobre 2008 par Open-Publishing

de Isabelle Mandraud

Les enquêteurs de la Brigade de répression de la délinquance aux personnes (BRDP), chargés de faire toute la lumière sur l’affaire d’espionnage d’Olivier Besancenot, qui a fait l’objet de filatures et dont les comptes bancaires ont été épluchés, s’intéressent à une association d’anciens policiers baptisée Perspective 21.

Née en 1996 à l’initiative de retraités de la police judiciaire (PJ), cette amicale réservée aux seuls officiers, transformée en association en 2007, se présente comme un lieu de convivialité mais aussi un réseau d’entraide à la reconversion dans le secteur privé. Parmi ses 120 membres revendiqués, on trouve ainsi 60 % d’actifs, employés dans le domaine de la sécurité des entreprises ou des agents privés de renseignement - des détectives privés. Deux des responsables de son bureau ont par ailleurs une activité militante reconnue, à l’UMP, dans les Hauts-de-Seine.

Son président, Guy Le Grandic, est lui-même un ancien de la brigade financière. Mais n’entre pas qui veut : pour faire partie de Perspective 21, hormis la modique somme de 30 euros, il faut être parrainé. En juillet 2008, dans le magazine Le Trait d’union, du syndicat de police Synergie-officiers, l’association insistait sur son utilité "en l’absence de toute assistance ou aide publique dans le domaine de la reconversion".

DEUX POLICIERS MIS EN EXAMEN MEMBRES DE L’ASSOCIATION

En y regardant de plus près, il apparait que Gérard Dussaucy, patron d’une petite société d’intelligence économique, soupçonné d’être l’auteur du rapport de surveillance, mis en examen le 16 octobre en même temps que le commanditaire présumé, Antoine di Zazzo, patron de Taser France, était le vice-président de Perspective 21. Intrigués, les policiers de la BRDP ont découvert qu’au moins un des deux autres policiers mis en examen pour les mêmes motifs, "violation du secret professionnel", "divulgation de données confidentielles" et "accès frauduleux" à des fichiers, Gilles P., retraité, faisait lui aussi partie de l’association.

Le nom de Gérard Dussaucy, ancien policier de la PJ et des renseignements généraux, a en tous cas prestement disparu de la liste des membres du bureau de Perspective 21 établie depuis l’assemblée générale du 14 janvier et disponible sur son site Internet : en face du poste de vice-président, on ne trouve plus qu’un blanc. A la sortie de sa garde à vue, le 17 octobre, le détective privé, présenté comme un "historique" de l’association, a démissionné sur un simple coup de téléphone à la direction. Qui n’a pas cru bon devoir informer ses adhérents de la nouvelle et se dit abasourdie.

"Pour nous, Gérard, c’est une caution morale", assure Yves Peuziat, secrétaire de Perspective 21, un ancien de la PJ passé par les cabinets de Claude Guéant et Michel Gaudin à la direction générale de la police nationale. "Maintenant, ajoute-t-il, on sait bien que le métier d’agent privé de renseignement peut amener à des situations telles que celle-là..." Aujourd’hui dans le privé, ce responsable se refuse à commenter l’implication d’un deuxième membre de l’association dans l’espionnage d’Olivier Besancenot. Les enquêteurs, qui n’ont pas mis au jour encore toute la chaîne de "sous-traitants" ayant participé à l’enquête sur le leader de la LCR, devront déterminer si l’amicale a servi de cadre à un réseau.

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