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SOUTIEN À CESARE BATTISTI : samedi 26/06/2004 19h Théâtre de l’Oeuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris

Publie le jeudi 10 juin 2004 par Open-Publishing


SOUTIEN À CESARE BATTISTI ET AUX RÉFUGIÉS ITALIENS

POUR LA DÉFENSE D’UN HOMME ET DE LA RÉPUBLIQUE

Samedi 26 juin 2004 Théâtre de l’Oeuvre, 55 rue de Clichy, 75009 Paris en paroles et en musiques, à partir de 19 heures

Sous le haut patronage de La Ligue des Droits de l’Homme et de France-Libertés, fondation Danielle Mitterrand

Avec :

(Edouard Baer) (comédien, producteur), Guy Bedos (comédien), Jacques Boutault (maire du 2e arrondissement de Paris, Verts), Jacques Bravo (maire du 9e arrondissement de Paris, PS), Claude Chabrol (cinéaste), Régine Deforges (écrivain), Benoît Delépine (animateur Canal +, Les Nuls - Groland), Jean Ferrat (chanteur), Dan Franck (écrivain), Monseigneur Jacques Gaillot (évêque de Parténia), Jacques Higelin (chanteur), Professeur Jacquart (généticien), Pénélope Komitès (adjointe au maire de Paris, Verts), Pierre Mansat (adjoint au maire de Paris, PC), Jean-Michel Mariou (producteur), Lio (chanteuse), Daniel Pennac (écrivain), Ernest Pignon-Ernest (peintre), Sapho (chanteuse), Jacques Tardi (dessinateur), Michel Tubiana (Président de la Ligue des Droits de l’Homme, Vice-Président de la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l’Homme), Fred Vargas (écrivain), Pierre Vidal-Naquet (historien), etc…………………………… (noms entre parenthèses à confirmer - liste non close ………)

Sans que les Français en soient informés, le gouvernement se prépare à commettre un acte d’une gravité exceptionnelle. Cet acte menace la vie d’un homme, la dignité de notre pays et l’un des fondements de notre République. Il appartient aux citoyens français de les sauver avant qu’il ne soit trop tard.

Il y a dix-neuf ans, par la voix de son Président François Mitterrand, la France donnait sa parole d’accueillir et de ne pas extrader les anciens militants rescapés de la crise italienne des années 1970. Cet engagement solennel fut avalisé par neuf gouvernements successifs, de gauche comme de droite.

Parce qu’il avait confiance en cette promesse de notre pays, Cesare Battisti se présenta, il y a treize ans, aux portes de la France. Il était l’un de ces milliers de jeunes Italiens que la situation des années 70 avait lancés dans l’affrontement : dans un combat où des centaines de formations d’extrême gauche armée s’opposèrent au gouvernement, dont les services secrets alliés à l’extrême droite perpétraient de multiples attentats à la bombe.

Comme bien d’autres, Cesare Battisti fut jugé en son absence selon les lois « spéciales » de l’Italie d’alors, lois qu’Amnesty International et la Fédération Internationale des Ligues des droits de l’Homme (144 organisations à travers le monde) condamnèrent sans relâche, et encore aujourd’hui, de même que les tortures qui les accompagnèrent, concluant que "les autorités italiennes avaient violé tous les accords européens et internationaux sur des procès équitables". Sur le modèle médiéval, cette justice d’exception avait ressuscité la figure du « repenti », c’est-à-dire un accusé qui négociait sa liberté en échange de dénonciations. Et c’est sur les seules « paroles » confuses et variables d’un tel repenti que Cesare Battisti fut condamné sans preuve à la perpétuité, comme tant d’autres, après une instruction durant laquelle treize cas de torture furent avoués. En mai 1991, son dossier fut examiné par la justice française qui le déclara non extradable, par deux arrêts. Sous la protection de notre pays, il put alors y commencer cette « seconde vie » souhaitée par François Mitterrand.

Cette décision de justice de 1991 est définitive. Le droit de toutes les nations démocratiques interdit en effet de juger par deux fois la même chose en l’absence d’un fait nouveau. Il interdit aussi d’emprisonner un homme, jugé en son absence, sans recours à un nouveau procès. En vertu de ces deux règles fondamentales, Cesare Battisti est juridiquement non extradable. Tels sont les principes intangibles de notre justice, si bien que passer outre constituerait un fait exceptionnel, mettant en péril la sûreté de notre édifice républicain. Tel est l’engagement de la parole de notre pays, qu’on ne saurait renier sans y perdre l’honneur.

Mais tel ne fut pas l’avis de notre gouvernement et de notre ministre de la Justice, Dominique Perben : lorsque le gouvernement italien de Silvio Berlusconi réclama soudainement ses anciens réfugiés, un quart de siècle après les faits et pour des motifs de simple stratégie électorale, notre gouvernement osa accepter cet arrangement, se rendant coupable de trahison éthique et juridique. Dominique Perben, négligeant les règles de justice dont il est le ministre, promit à son homologue italien une première livraison d’une quinzaine d’hommes et de femmes. Et c’est à sa demande que, ce mercredi 30 juin, la même Cour d’Appel de Paris devra une seconde fois juger le même homme, sur le même dossier.

Mensonges d’Etat et désinformation massive ont cherché à abuser les Français sur les véritables enjeux de l’affaire Battisti. Mais les mensonges ne durent jamais sous le regard de l’Histoire : si l’extradition devait être prononcée le 30 juin, si la volonté du pouvoir parvenait à se substituer à la force de la Justice, l’Histoire saura que, ce jour, la France reniera son droit et sa parole. Cela, cette blessure faite à la démocratie et à la vie d’un homme, il est encore possible de l’empêcher. Ce combat strictement républicain et citoyen, il est encore possible de le gagner : en refusant que Dominique Perben ne brise notre Droit en négociant des vies humaines, en refusant que notre gouvernement ne reprenne sa parole donnée.

Avec la Ligue des Droits de l’Homme, avec France-Libertés, avec des élus, PS, Verts, PC, UMP, des dizaines de milliers de personnes se sont déjà levées pour s’opposer à la dérive humaine et judiciaire qui menace notre pays. Avec eux nous luttons, le samedi 26 juin, pour la justice, pour l’honneur, et pour la vie d’un homme. Ce sont les mots de l’espoir républicain, les mots de l’humanité que nous devons défendre, toujours.

LA RÉPUBLIQUE FRANCAISE DOIT RESPECTER SON DROIT ET SA PAROLE