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Qu’est-ce que penser ? (zaz)

Publie le lundi 10 novembre 2008 par Open-Publishing
2 commentaires

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Avertissement :

Comme le lecteur le sait déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière d’écrire délibérément décalée, qui ambitionne par un éclairage oblique à plus de perspicacité dans l’analyse politique.

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Abstract : Qu’est-ce que penser sa minable petite vie (moitié perso-moitié collective), si on considère pour y contribuer le maelström des idées qui naissent en nous ou qui nous tombent de tous les côtés

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1. Sur le relatif état confus premier du concept de"penser"

Tu vois déjà si ça commence mal avec seulement trois mots, Qu’est-ce que penser ? : on en dit trop ou pas assez. Visiblement, si on se laissait aller du côté de la plus forte pente c’est à dire du complexe travaillé, on serait vite dans des choses ultra-sérieuses déjà essayées par le passé, par exemple qu’est-ce que penser... la littérature ? ou qu’est-ce que penser... les mathématiques ? etc. Là bien sûr ce serait du chiadé pour revue bimestrielle intello. En insistant ! pour rester raisonnable on pourrait faire tout simplement du Heidegger... sur l’étant ! sur l’être, sur le on dit, sur l’inauthentique. Un truc se rapprochant peut-être de : Qu’est-ce que penser radicalement plutôt que razibus à la hauteur des pâquerettes ! (Ah, tiens comme ça, ça nous plairait finalement pas mal, mais basta !).

Bon ! donc comment résumer simple pour démarrer ? Notre réelle question devrait d’abord s’écrire sans doute comme suit : Qu’est-ce que penser politiquement, au sens le plus courant, c’est à dire qu’est-ce que penser la vie, la nôtre, plus ou moins collectivement engagée, où on pige, croit-on, tantôt tout tantôt rien, tantôt tout et rien..

Donc vous voyez que la question n’est pas du tout en premier, comme vous l’imaginiez peut-être, sur le fonctionnement électrique du cerveau, lequel marche apparemment même la nuit (Parce que, évidemment, si l’on prend large, on "cogite" même en mangeant son sandwich ou en faisant pipi.).

Donc qu’est-ce que penser ? Qu’est-ce que penser la politique sous le rapport de notre petite vie ? ça nous renvoie aussitôt jusqu’aux journaux, la presse, la télé, la radio. Il est quasi impossible, même sur l’ile d’Aix qui est pourtant petite malgré Napoléon (à supposer que tu sois allé te perdre à l’ile d’Aix à cette époque de l’année), il est impossible de penser peu ou prou sans référence audits journaux, web, sites qui sont de notre pratique habituelle. Bref, on ne pense pas sans les médias, on ne pense pas en dehors d’eux.

Si la pensée est réflexion, si cette réflexion est assimilable jusque dans l’extrême solitude nocturne à un dialogue avec soi-même (Platon dixit, à ce qu’il paraît), ce dialogue fait appel à tout instant à des apports vus-non vus, extérieurs, abondants. Le soliloque de la pensée a toujours pour fantôme la pensée venue d’ailleurs. Penser sous-entend toujours une dualité réelle ou virtuelle.

2 points à venir donc, qu’on annonce maintenant pour abréger ces inutiles prolégomènes et tes souffrances :

 Le penser, intrinsèquement avec les médias

 Le penser, avec soi-même, son ego.

2. Le penser, intrinsèquement avec les médias : labels scientifique et démocratique.

Abrégeons, abrégeons ! On s’est payé du Obama toute la semaine ! alors, abrégeons, abrégeons ! Nous aimons bien Obama, on peut l’aimer même abrégé (surtout maintenant que c’est fait). Il n’y a guère que les Guignols de l’info de notre point de vue qui ont été peut-être d’emblée à la bonne hauteur. Barack Obama, 44e président des Etats-Unis c’était, bien sûr, un événement historique, hautement symbolique, "considéré de considérable", et personne évidemment ne songeait parmi nous à moquer les larmes d’émotion de Jesse Jackson. L’événement dans sa pleine dimension était d’ailleurs spontanément reconnue par les rivaux, Mc Cain, Bush même. Comme on pouvait s’y attendre, la France (french touch) en a fait un poil de trop pendant quelques heures, because le décalage horaire ou mental, on a donc marché dans de vieux champs de coton du sud à la télé, on a prié dans des églises de Harlem où on ne va ordinairement jamais, pour un peu on aurait fait des émeutes rétrospectives en plus petit. Et puis vite on s’est in extrémis rattrapé. Il était temps, "I have a dream" répété, répété, ça faisait un rien décalé, on devait pas non plus exciter d’éventuels cinglés (Martin Luther King ça suffit bien, pour Obama, fallait pas la jouer lourdingue !)

On voit aussi que les plus hautes analyses, très compétentes, il faut le dire, ont été faites de ce très beau succès. Certes deux particulières n’ont pas été excessivement rediffusées, celle de l’Ocséna, first , celle des Guignols, secundo : Obama, jeune et beau, ne pouvait nullement perdre contre le papy relativement sympa qui était son challenger. Il eût gagné même s’il avait été question entre eux de vendre seulement du mixa bébé (Ocséna). La version des Guignols, incarnée par Mister Sylvester, exprimait en mots à peine voilés que le système de pilotage américain avait chiadement verrouillé les boulons et les chances de la partie pour arriver à ce que l’on sait et que tout le monde absolument souhaitait.

Mais revenons à nos moutons. Qu’est-ce à dire à ce stade pour ce qui est de notre pensée, qu’est-ce que penser ? là ici, en France, sous nos yeux ? il y a à dire que notre libre choix de pensée n’est toujours que second, qu’il vient largement après celui des rédactions. Avec les rédactions certes, on est toujours à deux doigts de n’importe quoi, mais elles s’en sortent toujours puisqu’elles sont à la fois, en entier, l’idée, l’impulsion de l’idée, la contestation éventuelle de l’idée, son engueulade éhontée et même sa répression ferme s’il le faut, éthique. La presse est en soi donc notre pensée et la vie même de celle-ci.

Il y a trente ans, du temps d’un glorieux floruit passé, un type sympa avait merveilleusement défini la chose ci-après : Qu’est-ce penser ? qu’est-ce que penser vrai ? voyez la précision ! Réponse : c’est premièrement, à table dans les bonnes maisons, penser selon le Monde.

Au fait, en ce moment où se tiennent de supposés états généraux de la presse, quelqu’un est-il venu vous demander quelque chose, à vous ? Je ne sais pas moi, n’importe, même par téléphone ? De votre pesant silence découle en vérité (CQFD) que la presse démocratique est la chose nettement la moins discutée avant, pendant et après, qui soit au monde. La démocratie c’est la liberté de la presse et sa diversité, tu comprends pauvre blaireau que les journaux n’ont pas à valoriser ta modeste misérable opinion, puisque ton opinion, on te le montre, c’est d’abord eux qui te la donnent.

Pour être sûrs d’ailleurs que vous ne vous forgiez pas une opinion valable, ne serait-ce que par inadvertance, par vos propres moyens, ou sur la base de pièces mises par eux à votre disposition, il n’y a jamais en démocratie moderne de libres débats organisés : ni sur l’enseignement, ni sur la recherche, ni sur tout ce que vous voudrez. Ce qu’on assimile au mieux à un "débat" est en réalité un lent travail savant, donc sans vous forcément, de collecte et de "pyramidation" des idées dont vous aurez de temps en temps, au mieux, un aperçu final dans des "dossiers". Journalistes, députés, chercheurs, scientifiques, il faut que ces gens fassent leur boulot, ils sont d’ailleurs payés pour ça.

La pyramidation est cette lente élévation-élaboration, vers la quintessence de l’esprit, chacun n’a pas le droit comme ça de parler sans justification, sans accréditation, de ce qu’il veut. Qui es-tu toi qui parle ? Donc le journaliste généraliste, assez incompétent il faut le dire, le journaliste rapporte toujours, c’est sa carte bleue à lui, le propos du scientifique qui a le mandat premier de la raison, ou du politique qui a le mandat premier de la nation. Pour les seconds on connaît, revenons aux gens de la raison.

Là, t’as, qui passent bien, les sociologues (les sociologues sont toujours bien labellisés dans les universités), t’as aussi plus librement mais pas mal du tout, les politologues. Oui, c’est bien, politologue, cool. Tu t’appelles Todd par ex, Emmanuel, tout le monde normalement s’en fout, mais t’es politologue, bien sûr ça change tout. Tu me diras, tu t’appelles Peillon, Valls, ou n’importe je ne sais qui, t’aurais présumément pas la moindre chance, mais député, je regrette, ça t’ouvre un droit tout le temps. Aussi souvent que tu veux.

L’AFP à cet égard abuse à tout moment, même pour tout dire elle "apuse", elle "apuse" ! Tiens, qu’est-ce que je vois, hier, ou avant-hier, ce titre :"Fadela Amara. la France "a besoin d’une opposition construite". Tu te frottes les yeux, on ne peut pas écrire des choses a priori aussi nulles et stériles. Elle aurait dit, les extraterrestres existent, Dieu existe, ok ! Eh bien, L’AFP t’en fait 10, 20, 30 comme ça chaque jour, nuls à chier, ça influence, tous ensuite dans la presse te les reprennent. Bon, là c’est l’effet du label politique, on fermera les yeux, et puis Fadela est sympa bien que ministre, et en plus, elle, contrairement à la presse, elle n’est ni pute ni soumise.

Bref, question "penser !", on se démerde par la force des choses avec ce dont on dispose. Ce week-end end, le Monde qui avait comme nous le pont du 11 novembre devant lui, le Monde nous a livré un "dossier" Obama. Bien ! Tandis que la télé comme disent les Guignols braillait depuis deux jours : Obama c’est le christ ! Obama c’est le messie ! Obama est notre Sauveur ! le Monde avec les meilleures plumes à sa disposition te prouve que c’est relativement vrai mais avec caution scientifique.

Comment se forme notre pensée ? Qu’est-ce que penser ? Bon ben là, on regrette si vous êtes épuisés, mais on n’en a pas encore fini, vous permettez !?

3. Le penser, avec soi-même, c’est à dire avec son ego

La contrepartie du penser constamment à tout instant avec la presse, auquel on ne se résout pas tous forcément bien pour les raisons contestables que l’on vient de considérer, c’est naturellement le penser avec soi-même : autrement dit le penser en tête à tête avec soi, en vis à vis avec son exigu ego. Tout le monde se rend compte a priori des dangers possibles d’une pensée solipsiste qui ne respirerait que de son souffle sans augmenter sa capacité. Je ne sais pas comment les anarchiste justifient en théorie ce bonheur évident mais suspect d’être "l’Unique", l’alpha et l’omega, une pleine et absolue liberté sans doute limitée.

Mais peut-être est-ce là mal poser le problème, le poser trop simplement. Dans la réalité, la vie est toujours un déséquilibre avec soi-même, on est toujours sur un petit vélo, cesser de pédaler ne peut pas mener très loin si ce n’est dans le fossé. Il n’y a que dans la pratique du short commentaire réactif que le e-publishing fait un moment plutôt peur. Il est volontiers short le comm, ordurier, il est raccourci et fait souvent assez zonard réthoriquement parlant, s’il était moins réduit on en comprendrait mieux les extrêmes finesses et le long et infini raisonnement : que veux-tu, tu t’appellerais même Badinter, tu serais ancien ministre-garde des sceaux, ancien président du Conseil constitutionnel, que veux-tu dire en deux lignes à un gars qui te les gonfle : Va te faire chier débile profond, résidu de fausse-couche aggravé sur le plan cérébral ! Où on voit au passage, bien que ce soit certes une digression, que c’est bien une chance que Badinter ne réponde pas en son nom à tort et à travers dans tous les blogs à la disposition de chacun.

En fait le web est une révolution certaine et une chance probable, le citoyen si rien soit-il a accédé à l’expression et accédé ce faisant à la pensée élaborée. Tous les amis qui produisent 15 lignes construisent une pensée, c’est le premier mérite, elle peut être lue et partagée -en positif ou négatif- c’en est le deuxième, la voilà aussitôt au pot commun ou en délibéré.

Bien sûr, les textes des blogs ne sont pas écrit non plus dans une forme classique journalistique, heureusement ! On le leur reproche quand on est journaliste, c’est peut-être de bonne guerre. La forme fermée garantit, mais elle enferme aussi voilà aussi notre avis. La pensée piège souvent curieusement par l’ordonnance limpide même de la pensée, et par l’ordonnance propre du mot.

Nous observerons rapidement deux choses à ce stade de notre pseudo-réflexion : l’incroyable diversité des moi : Dix moi donnent dix opinions diverses ou presque, sauf bien sûr lissage des pensées par la presse dominante qui n’est pas forcément la bonne panacée.

Penser ! merde alors que c’est compliqué. J’affirme, c’est gratuit, quoique pas démontré : on pense sans doute mieux aujourd’hui qu’il y a 20 ou 30 ans même si l’emballage paraît souvent brouillé et passablement instable. La pensée collective est peut-être brownienne et merdique comme elle a jamais été mais elle n’est plus aussi par chance limpide et propre façon ancienne ORTF, c’est peut-être là en fait la très grande avancée de notre temps.

4. Très brève conclusion : Entre deux infirmités

Entre la nullité relative de la presse et la nullité relative de notre ego, à tout instant il faut pourtant encore penser. Comment bon sang se démerder ? comment gérer notre petit entendement et nos petites vies ? Désespérément, primo, sortir la tête du purin ! Vaste programme, vaste programme !

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Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... et pour la démocratie avancée
 http://ocsena.ouvaton.org

Messages

  • Y a-t-il oui ou non trop de commémorations en France ?

    Tu vois déjà si t’es jugé trop thon pour qu’on te pose à toi directement la question ! Il faut donc prudemment, vu la délicatesse du truc, les tenants, les aboutissants, la faire traiter en premier par un homme compétent, savant, "scientifique", posé : on a donc trouvé un historien.

    Sarko a exprimé bien sûr en préalable qu’il n’était en aucun cas envisageable de toucher en quoi que ce soit aux habitudes sacrées de la nation. Merde alors ça c’est envoyé !

    Bref ! Attendez-vous à savoir prochainement que les tapées de commémorations qui faisaient ton bonheur, avec les grasses matinées que l’on sait et ta grosse à tes côtés, seront bientôt réduites à trois.

    Conclusion définitive : Kaspi est assurément un homme intègre, mais tous les historiens sont des pourris.

    • A propos des titres

      Il faut reconnaître à Libé, auquel on ne reconnaît pas toujours beaucoup, l’inauguration il y a bien longtemps d’une sorte de "stylistique" typée du titre.

      Il y a encore peu de temps Libé sautait aux yeux à l’éventaire du kiosquier, accrochait le regard, en bien ou en mal, à sa manière de faire ses titres, c’était d’ailleurs nettement, il faut le dire, le meilleur dans ses articles.

      Le titre à la Libé avait lui-même historiquement une antériorité indubitable dans Jean Bruce, auteur de romans d’espionnage (OSS 117), qui dans les années 60-70 peuplait alors les gares. Les ex-fans ne peuvent oublier les inégalables "Gachis à Karachi", "Moche à Moscou" et on en passe. Libé c’était ça aussi, ca l’est encore un peu. Mais il faut toutefois presque se peler le haricot maintenant pour en trouver encore quelques uns. Ces derniers jours citons, mais de façon résiduelle : "Villemur ville morte pour défendre ses Molex", "Le fond de la grève est fret", ou "Les dégats de la marine".

      On sent quand même là qu’un monde se meurt.

      Le titre apparemment idiot en revanche, entendons idiot dans son étrange "simplicité", idiot peut-être par volonté maline, par forme subtile d’humour pince-sans-rire, incontestablement (en tout cas on peut à l’impression première le hasarder) c’est l’AFP. Comme il n’est pas pensable cependant qu’on choisisse à l’AFP systématiquement les plus idiots (vu que déjà on présuppose au pif, pour les charger, qu’on prend déjà des mecs pas mal fayots) force est aussi d’admettre que l’AFP n’est pas aidée par sa matière : rendre compte chaque jour des déclarations ex-abrupto, hors contexte et en abrégé (titres) de toutes les facéties mentales de députés, politiques, et autres sous-ministres de service, ça n’aide évidemment pas du tout. Sans doute faut-il admettre encore qu’à l’Ocséna on a peut-être aussi une tournure d’esprit assez particulière.

      Exemple, dans la récente "affaire" DSK. On a eu l’assez inénarrable nous semble-t-il : "DSK blanchi : Pas de fragilisation du FMI, se réjouit Karoutchi" (26 10 2008- AFP).

      Tout le monde n’est peut-être pas tourné comme nous le sommes, mais ici à l’Ocséna, toute l’équipe en a bien ri au moins pendant 3 jours.