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Fakir : le marteau et le moustique, compte-rendu du procès du 9 Juin

Publie le vendredi 11 juin 2004 par Open-Publishing

En rentrant de Paris ce mercredi soir, on a collé un post-it sur l’ordinateur : « penser à envoyer un bulletin d’abonnement aux juges ». Car ils rigolaient bien, cet après-midi, en lisant Fakir.

C’est d’un ton plein de gaieté que la présidente cita les extraits incriminés : « Voilà que notre chasseur de scoop nous la joue enquêteur, Watergate et tout le toutim à la Bob Woodward. Mais quelles "sources d’information" sont impérieuses pour recopier le menu des cantines et les horaires de piscine ? »

A sa gauche, une magistrate en souriait de joie. A sa droite, le troisième pouffait d’une caricature, la passant à ses collègues qui se poilaient à leur tour. Tandis que le procureur, lui, ronflait. Il ne se réveilla que pour demander une condamnation. Logique.

Michel Maïenfisch, accusateur et chef de locale à Amiens du Courrier Picard, pleurnicha. Son avocat tenta d’émouvoir la Cour sur ce petit homme souffrant, qui succédera bientôt aux bébés phoques dans le cœur des Amiénois. Notre défenseur ouvrit, lui, le Courrier Picard de lundi. Où l’on apprenait que (gros titre, en page 2, sur deux pages, la totale) « le Courrier Picard s’engage ». Et il s’engage sur quoi notre quotidien régional ? Contre le cancer ? Contre la drogue ? Contre l’analphabétisme ? Contre la violence ? Perdu : « Le Courrier Picard s’engage sur la sécurité routière. » Surpris, non ? Coïncidence, sans doute, avec un président de la Métropole, ministre des Transports...

Autre hasard : le dit-ministre et l’actuelle maire d’Amiens se sont fortuitement retrouvés photographiés, toujours dans cette édition, en compagnie de Marc Delemotte (directeur du quotidien régional), et de Michel Collet, son président, tous ravis d’apporter à ce journal ce nouveau témoignage d’indépendance.

Gilles de Robien était, il est vrai, déjà passé directeur artistique du journal comme le relevait le Canard Enchaîné (25/02/04). Durant les Régionales, il avait suffit d’un coup de fil du ministre pour qu’une photo le présentant avec sa colistière Elodie Gossuin ne soit pas diffusée. De tels « secrets d’Etat », hautement confidentiels sur des informations stratégiques, doivent demeurés bien gardés. On apprécie alors toute la liberté dont jouissent les journalistes du Courrier Picard pour se pencher sur la gestion municipale...

D’ailleurs, Michel Maïenfisch était arrivé à l’audience avec Libertad ! le roman du marxiste Dan Franck. Tout un symbole.

Nous conservons donc un optimisme prudent : en matière de diffamation, la ligne jaune franchie ou non mesure un mètre de large. Tout dépend ici pour l’essentiel de la libre appréciation des juges. Réponse le 15 septembre, nous vous tiendrons informés.

L’équipe de Fakir.

ps) le rappel des raisons du procès et la pétition électronique de soutien à notre journal se trouvent à l’adresse www.fakirpresse.info