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Athées - Afficher ses couleurs

Publie le vendredi 14 novembre 2008 par Open-Publishing
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http://brightsquebec.org/textes/Afficher%20ses%20couleurs.html

Les athées : nombreux mais super discrets

Les non-croyants sont nombreux au Québec mais ils sont tellement discrets qu’ils passent inaperçus. Selon le recensement de 2001, il y a plus de « sans religion » au Québec (413 000), que de protestants (335 590). Les incroyants occupent le second rang (6.3%) après ceux qui se sont déclarés catholiques (83.2%). Les autres religions se partagent les 6.5 % restants.

Une récente meta-étude par Jean Ouellette (1) sur 59 sondages effectués depuis trente ans conclut que la croyance en Dieu est en baisse non seulement et en Grande Bretagne (56% de croyants) et en France (56.5%), mais aussi au Canada (81%), au Québec (85%), et aux USA (86%). Ces résultats sont compatibles avec recensement de 2001 en ce qui concerne les 16 pourcent de sans religion au Canada mais pas avec les 6.3 de non-croyants avoués du Québec. Par ailleurs, un sondage CROP réalisé en février 2004 révele que 32 % des Québécois se déclarent soit humanistes, athées ou agnostiques (2). Il est légitime de se demander pourquoi les sans-foi du Québec se sont sentis moins à l’aise d’avouer formellement leur irréligion aux recenseurs de l’État (6.3%) qu’aux entreprises qui ont produit les sondages étudiés par Jean Ouellette (15%) ou qu’aux l’enquêteurs CROP (32 %).

Il semblerait que les mécréants du Québec aient préféré rester plus discrets envers les autorités gouvernementales qu’envers les sondeurs d’opinion. C’est comme si ils craignaient de se trouver exclus de la bonne société malgré toutes les garanties constitutionnelles des droits de la personne alors que les libre penseurs de l’Alberta, de la Colombie Britannique et du Yukon n’ont pas ressenti de gêne pour se déclarer représenter respectivement 19%, 30% et 33% de leurs populations.

Serait-ce que la révolution tranquille n’a pas su extirper de notre inconscient collectif toute l’opprobre que la Sainte Église nous a inculquée envers les termes athée, non croyant, sans-foi, irréligieux, libre-penseur et autres du genre ? Plus de 31 pourcent des québécois ne vont jamais dans un lieu du culte (3) mais peu l’affichent. Je comprends ça, personnellement, ça m’a pris un certain temps pour me sentir tout à fait à l’aise de me dire athée. Maintenant, j’ai l’impression d’avoir gagné mes galons et je suis fier de m’afficher sous toutes ces épithètes jadis péjoratives.

Le mouvement des brights

Ça faisait déjà quelque temps que je déplorais la tendance des athées québécois à rester dans l’ombre "pour-ne-pas-faire-de-peine-à-grandmère-qui-ne-comprendrait-pas" lorsque j’ai pris connaissance du mouvement des brights crée en Californie au printemps 2003. Je n’aimais pas beaucoup le terme brights mais j’ai vite compris qu’il se passait quelque chose d’important auquel je voulais participer.

Les athées, libre-penseurs et autres mécréants, étaient enfin en train de sortir de l’ombre à l’instar des gais qui se sont vu reconnaître une place respectable dans la société après avoir affiché leurs couleurs en grand nombre. Le choix du terme positif gai (pour remplacer tapette, fifi, pédale et leurs équivalents également péjoratifs dans d’autres langues), a sans doute joué un rôle capital dans la lutte des homosexuels et lesbiennes pour la reconnaissance de leurs droits.

C’est le pari que fait le mouvement des brights qui a été aussitôt appuyé par nombre de sommitées reconnues dont, entre autres, Richard Dawkins (4), Daniel Dennett (5) et Massimo Pigliucci (6). Le mouvement cherche à rassembler tous ceux dont la vision du monde ne comprend pas de composante surnaturelle Il ne cherche pas à convaincre quiconque de la non existence du monde des esprits. Il vise plutôt à "faire sortir le vote" en recensant le plus grand nombre possible d’athées, de libre-penseurs, d’incroyants et autres mécréants disposés à afficher leurs couleurs sous le vocable "bright" pour que leur influence se fasse enfin sentir. Un tel mouvement s’imposait face à la montée du fondamentalisme chrétien aux États Unis mais il est rapidement devenu international car il répond à un besoin partout où les églises se mêlent encore de la politique. Après à peine plus d’un an, on trouve des brights partout dans le monde. Le mouvement a une quarantaine de succursales officielles, dont la moitié à l’extérieur des USA, et "Brights Meetup" (7) organise des réunions mensuelles dans 240 villes autour du globe.

Au Québec, les athées avouent l’être entre eux mais la majorité évite de prendre position publiquement. Certains m’ont dit que c’était par délicatesse pour ne pas blesser des croyants mais je pense que c’est plutôt par crainte de se voir écarté. En principe, les droits de la personne sont respectés au Québec mais en pratique, aucun député ne s’est encore fait élire en avouant ouvertement être athée.

Nous, les athées, sommes des citoyens mais pas tout à fait autant que les croyants. Et pourtant, nous sommes nombreux ! Je parie que nous sommes bien plus nombreux que les gais dont les préférences sexuelles sont mieux respectées au Québec que notre choix de ne pas croire en Dieu !

C’est parce que eux, ils ont eu le courage d’afficher leurs couleurs et ils ont appris à être fiers de ce qu’ils sont.

À nous maintenant de sortir de l’ombre et d’être fiers d’être athées pour ne plus avoir à subir même la plus subtile des discriminations. Le mouvement des brights nous en donne l’occasion de le faire sans parader dans les rues. Il suffit de prendre position en s’inscrivant gratuitement comme " bright " soit sur le site international http://www.the-brights.net ou bien sur le site québécois http://brightsquebec.org qui vous donne l’occasion d’exprimer par écrit ce qu’être un bright représente pour vous.

Pensez-y, si seulement un sur dix des non-croyants québécois se déclaraient être des brights, ça ferait de 40 000 à 100 000 voix ! Assez pour changer bien des choses....

Bernard Cloutier

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