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La Vérité sur Cesare Battisti - Fred Vargas

Publie le mardi 15 juin 2004 par Open-Publishing
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SOUTIEN À CESARE BATTISTI ET AUX RÉFUGIÉS ITALIENS 26 juin 2004 en paroles et en musiques, à 19h

http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=7290

Trente six textes, articles, chroniques et documents mis au jour par l’archéologue Vargas afin de contrer le plus précisément possible le raz-de-marée anti-Battisti qui semble s’être imposé à une grande majorité des médias français.

Fred Vargas revient. Elle a laissé Adamsberg à ses déambulations parisiennes et elle fait un bond de plain-pied dans le réel, retrousse ses manches et sort sa machette. Le cas Battisti avait besoin d’une fronde sérieuse, un relevé topographique des faits et évènements qui ont émaillé l’histoire de cet ex-activiste d’extrême gauche italien qui, pendant les années de plomb, s’échappa de prison pour s’enfuir au Mexique, puis acceptant la main tendue de Mitterrand, revint trouver refuge en France d’où il est aujourd’hui menacé d’extradition. C’est chose faite.

On pourra reprocher deux choses à cette « Vérité », mais chacune trouvera sa justification dans un même but. D’abord, la cote partisane de cet assemblage qui ne donne la parole qu’aux amis et laisse les détracteurs crier au gauchisme. Oui, mais les détracteurs bénéficient des colonnes de la presse depuis un certain temps déjà et les arguments utilisés puis retranscris et retaillés pour le bon ordonnancement desdites colonnes font de leurs discours une resucée dépolie où, certes, les mots font mouche, mais contre toute analyse et surtout, au-delà de toute vérité. Or, Vargas prend le temps de réunir ce que l’affaire « Cesare Battisti », comme la nomme très explicitement Quentin Deluermoz, a suscité de commentaires off, de colonnes non exploitées une fois que, suite à un premier article paru dans Le Monde début mars 2004, une charge lourde venue d’Italie tente d’annihiler toute rébellion et y réussisse.

Ensuite, c’est le recueil lui-même que l’on pourrait mettre en cause. Sept euros, Viviane Hamy l’éditrice de Vargas, les gros points de vente, le côté best-seller sur affaire chaude. Oui. Mais une fois encore, n’est-ce pas là le résultat du manque de parole donné à l’opposition ? Et que faudrait-il reprocher aujourd’hui à un éditeur qui prend sur lui de faire paraître ces intelligentes analyses sur un fait de société qui devrait nous interpeller davantage ? Mais le consensus quasi général de la presse (jusqu’à Philippe Val en édito de Charlie Hebdo qui lui-même trouva bon de s’interroger sur le bon sens à apporter à une telle mobilisation « de gauche ») a réussi à rendre l’extradition possible de Battisti envisageable sans plus d’interrogation, au seul prétexte qu’après tout, l’homme avait commis crimes et délits certifiés. Et ce dossier Battisti qui prend le temps de décliner son identité, ses sources et ses points de vue aussi concomitants que nécessaires, avait besoin de la liberté d’un livre, d’une maison d’édition libre et indépendante qui ne craint pas de se commettre.

Pourquoi extrader Battisti serait une honte majeure pour l’état de droit ? Pourquoi se mobiliser contre cette extradition n’est pas qu’un bête engagement politique gauchisant ? Pourquoi est-il plus que nécessaire de s’interroger sur l’Histoire et sur l’Actualité et les différences absolues qui sont sensées les départager ? Pourquoi ce sont les mêmes « juges rouges » italiens qui contrent Berlusconi et Battisti ? Pourquoi cette soudaine trahison de la « doctrine Mitterrand » à l’égard des anciens activistes italiens réfugiés en France ? Ou le dessous d’un jeu de cartes très clair dont on voudrait nous faire croire qu’il n’est pas à notre porté puisque nous ne sommes pas Italiens.
Rien à voir avec l’effroyable imposture d’un Meyssan, rien sur l’éventualité d’un complot italo-français, juste un précis de lecture sur un cas d’école de l’atteinte aux libertés individuelles et à la libre circulation des individus sur le territoire Européen. Et s’il n’y avait qu’un article à citer en guise de conclusion ultra-synthétique, ce serait celui de Valerio Evangelisti, page 122, « l’autre son de cloche sur les procès contre Cesare Battisti ». Un concentré.

En attendant, l’homme Battisti, celui qui écrit en mars 2004 ces quelques lignes « Cet homme qui n’est pas moi porte mon nom dans les journaux, partout. Cet homme, ce meurtrier, je ne le connais pas », patiente dans une antichambre aux allures de purgatoire, ne sachant pas de quoi sera faite la perpétuité qui l’attend.

La Vérité sur Cesare Battisti
Textes réunis par Fred Vargas
En librairie depuis le 21 mai 2004

[Illustrations : DR Francesco Gattini]

Sébastien D. Gendron

http://www.fluctuat.net/article.php3?id_article=1724

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