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EDF, Sarkozy veut maintenir le cap

Publie le mercredi 16 juin 2004 par Open-Publishing

Wed June 16, 2004 4:14 PM CEST

PARIS (Reuters) - La CGT-Energie a fait savoir mercredi qu’elle ne désarmait pas dans son opposition au changement de statut d’EDF et GDF, malgré la promesse du ministre de l’Economie, Nicolas Sarkozy, de soumettre une future ouverture de leur capital à l’avis d’une commission d’experts.

Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a pour sa part dit sur BFM que les députés PS ne voteraient pas ce texte, dont l’examen a commencé mardi.

"Il n’y a rien de nouveau. Pour nous, ce qui reste scandaleux c’est que Nicolas Sarkozy veut à tout prix modifier le statut (...) Il met en route le processus de privatisation", a dit à Reuters Maurice Marion, porte-parole de la CGT-Energie.

Lors de l’ouverture du débat à l’Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a déclaré qu’il n’y aurait pas d’augmentation, donc d’ouverture, du capital d’EDF "avant la mi-2005" et que cette opération serait subordonnée à l’avis d’une "commission consultative", composée de parlementaires, de personnalités qualifiées, de clients et de représentants du personnel.

S’il a ainsi paru plus souple sur les modalités, il est resté ferme sur le fond : les établissements publics EDF et GDF seront transformés en sociétés anonymes et le gouvernement aura la possibilité de vendre des actions des deux nouvelles entités, dans la limite de 30% de leur capital, pour répondre à leurs besoins de financement.

Pour Maurice Marion, le fait que l’ouverture du capital d’EDF n’intervienne pas avant un an "n’est pas une avancée".

"Ça ne change rien du tout", a-t-il dit. Le ministre de l’Economie "n’avait pas d’éléments pour dire à quel niveau ouvrir le capital ; donc il repousse d’un an."

Le porte-parole de la CGT-Energie, majoritaire à EDF et GDF, y voit la démonstration que "c’est un dossier mal travaillé".

La mise en place d’une commission consultative reprend certes "en partie" une proposition de la CGT.

"On y participera car il y aura de la vie après la décision au Parlement" mais "ce n’est pas une avancée", a fait valoir Maurice Marion, car la CGT-Energie souhaitait la mise en place d’une telle commission avant le changement de statut.

POURSUITE DES ACTIONS DE PROTESTATION

"La commission ne planchera que sur les besoins en matière d’ouverture du capital", a souligné Maurice Marion, qui a indiqué que la CGT-Energie poussait à la poursuite de la mobilisation contre le projet de changement de statut.

"C’est au nombre d’actions qu’on mesure la mobilisation, pas forcément au nombre des grévistes, parce qu’on a invité les salariés à multiplier les actions sans être en grève", a averti le dirigeant syndical.

Selon la CGT-Energie, les agents d’EDF opposés à la réforme ont continué mercredi à procéder à des coupures de courant "ciblées" sur des personnalités ou des entreprises.

Interrogé mercredi matin sur LCI, le président d’EDF a émis le souhait que "le bons sens l’emporte".

"Les salariés d’EDF sont des salariés responsables qui savent qu’ils ont un outil extrêmement important pour la vie de la nation (...) Ce qui ne fait que souligner le caractère à la fois irresponsable et inacceptable d’un certain nombre d’actions", a déclaré François Roussely. "Je pense que le bon sens va l’emporter (...) Chacun mesure bien que ce projet est indispensable à notre économie, à notre indépencance énergétique, à la qualité du service public."

Il a réaffirmé que le changement de statut d’EDF répondait à l’ouverture du marché européen de l’énergie à la concurrence et ne préludait aucunement à une privatisation de l’entreprise, même s’il s’agit bien, également, de lui donner la possibilité de trouver des moyens de financement privés.

"Une entreprise qui gère 80% de l’électricité, produite par du nucléaire, n’est en rien comparable avec une autre entreprise publique", a-t-il ajouté. "C’est pour cette raison que cette entreprise ne sera jamais privatisée."

Jean-Marc Ayrault n’en a pas moins réaffirmé que les parlementaires socialistes voteraient contre ce projet.

"Nous voterons contre parce que nous pensons qu’il n’est pas nécessaire de changer le statut d’EDF pour que cette entreprise qui, historiquement, a toujours fait ses preuves et qui est reconnue par les Français comme une entreprise efficace, puisse faire face à la concurrence", a-t-il expliqué.

De son côté, l’ancien ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn, a estimé sur Europe 1 que le ministre de l’Economie était "coincé entre la pression syndicale légitime, qui refuse sa réforme à juste raison, et l’Elysée qui, de l’autre côté, visiblement, n’est pas mécontent de mettre Nicolas Sarkozy dans l’impasse."