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Où est passé le centre du verbe et de la réalité ? (zaz)

Publie le vendredi 9 janvier 2009 par Open-Publishing
5 commentaires

-Avertissement 1 :

Comme le lecteur le sait déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière d’écrire délibérément décalée, qui ambitionne par un éclairage oblique à plus de perspicacité dans l’analyse politique.

-Contre avertissement 2 :

Il serait toutefois honnête, cher lecteur, de préciser que divers esprits ont objecté de façon radicale combien ce style zaz n’avait rien de décalé au sens où on l’attendrait marrant, que son seul décalage était à chercher dans la démarche en crabe de ses raisonnements, leur "imbitabilité" verbale, leur sérieux au fond plus qu’abyssal. Notre réponse à ces critiques est : c’est possible !

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1. L’apparente médiatisation dans le truc d’aujourd’hui

"Le message est le massage". Nous, vois-tu, on sait plus trop aujourd’hui, en tout cas ce matin au petit lever, le sens exact de ce "motto" ! Nous sommes certes dans des sociétés où le médiatique a -comme qui dirait- largement tout "envahi", imposé son style partout : le sarkozisme est incontestablement dans cette veine apparemment induite, il est du massage grand véhicule, fait à grands gestes, ainsi que le mimait récemment pour la presse russe hilare le président Medvedev lui-même hilare (Il y a dans le monde évidemment des exceptions, Elisabeuf II à cet égard est de la vieille école sobre). Dans les grands gestes de Sarko, dans son emploi de sémaphore qu’on voit de loin, il y a en outre force voyages aussi, des bandes vacances mêmes,... et puis il y a, il faut l’admettre, du "travail" qui cravache, du "cravail" quoi ! Ça cravaille, ça cravaille ! Bref, ça masse à grands bras-pleines mains dans le sarkozyland, on notera que le PS lui-même ne détonne pas dans la déconne, nous passerons cependant dans l’immédiat sur ce dernier sujet

Comment la presse (la grande et la people), comment la télévision (qui est les deux à la fois en même temps), comment donc ont-elles pu créer tout ça ? En fait, entre la politique et les médias, le processus a certainement été extrêmement interactif et on sait plus trop à qui on doit finalement l’exacte responsabilité du résultat final. Au moment même où la presse va mourir ainsi qu’on sait, le massage-message "demeure" en fait probablement un reflet de toute notre société.

Des interrogations se posent donc. D’autant que maintenant le web et notre e-publishing à tous qui prend la place des journaux n’échappe sans doute pas au massage collectif national.

Tiens, dans l’affaire, prenons la question du centre par exemple.

2. Nos esprits face à l’hésitante question du centre

C’est que le centre dérape beaucoup depuis pas mal de temps jusqu’à glisser souvent dans le fossé ou sur le bas-côté. On va en montrer quelques exemples.

 Tu considères la question de Julien Dray. Normalement y a pas à suer, le centre c’est de savoir si oui ou non Juju a tiré du blé pour ses souliers, ses toquantes, ses chouettes liquettes à manchettes,... C’est là en tout cas qu’on attendait sérieusement le gros de sa défense. Eh bien, pas du tout ! la question est devenue : la présomption d’innocence a-t-elle été respectée ? Note que c’est pas thon non plus comme défense parce que bien sûr sur ce point de la présomption-blabla son respect c’est non ! la question (c’est une deuxième variante) a été aussi : y a-t-il eu des fuites du parquet ? là la réponse est oui ce qui n’est pas mieux ! Bref, la défense avocate de Julien est astucieuse, on a brusquement l’impression que Julien Dray plaide coupable. Conclusion : la forme traditionnelle de la pensée rationnelle est devenue archaïque, dépassée, "anormale". L’ennui c’est que si juridiquement Julien n’est pas coupable, à un poil près il prend tout l’air de l’être centralement, si l’on n’a pas perdu de vue le centre.

 Nous retrouvons cet étrange chassé de côté, ce christiania fouaré de la pensée moderne, même chez nous dans notre e-expression à nous. Car forcément on est contaminés, tu penses ! On s’en prend à Zemmour, vous avez suivi, ok, c’est bien ! Dans le bidule Zemmour il y a 3 points théoriques d’attaque : Zemmour, les races et le racisme. Pendant des heures on te démontrera jusqu’à l’essoufflement que scientifiquement les races n’existent pas (ce dont on ne doute pas, mais qu’est quand même coton à discuter pendant des heures !). En fait c’est pas les races qui ne doivent pas d’abord exister, c’est le racisme. Au centre en théorie, l’idée majeure c’est que même si les races existaient, le racisme ne devrait au contraire nullement exister. L’antiracisme n’est pas fondé dans l’être, mais dans le devoir-être. Attends, j’ai même vu un ministre dans l’intimité énoncer que l’égalité est une véritable connerie puisque nous sommes d’évidence inégaux ne serait-ce que par la taille. Une belle gonzesse à belles cuisses accessoirement philosophe à forte frappe dans les gencives lui a rétorqué de plein fouet : "c’est parce qu’il y a trop de riches et de pauvres qu’il faut précisément réaliser l’égalité." La belle fille a remporté dans le contexte un certain succès d’estime, ce qui laisse peut-être de l’espoir.

 On a eu un débat très décentré aussi, c’est du moins notre avis, avec la question de la "lutte contre l’homophobie" et le machin Vanneste. Bon ! Nous nous proposions, la cause étant assurément bonne, de rebâtir l’argumentaire sur la base de notre théorie de la centration ajustée. Et puis, voilà qu’on retrouve dans Le Monde un argumentaire (assez nul à chier, pensons-nous) signé par de grands noms. On a replié nos papiers, on n’allait pas comme ça prétentieusement leur faire la leçon pour les aider ! Cet exemple sur lequel on ne s’étendra pas plus, montre qu’aujourd’hui, croyons-nous : a/ le mal de la décentration est extrêmement avancé b/ le centre est lui-même relativement déterminé par des points de vue disparates et pas croisés (d’où regardes-tu, disait Mai 68 ?) c/ Que les centres peuvent être plusieurs, mais qu’ils peuvent être quand même hiérarchisables avec de la bonne volonté (ça c’est la chute optimiste !).

Cet égarement du centre et conséquemment des niveaux d’importance explique en partie l’égarement de notre société. Paumée, elle est paumée, un bon journal avançait hier cette considération-exclamation suprêmement étrange mais pas forcément fausse : "Que peut-on penser d’une société où le symbole de la réussite sociale est en passe de devenir dans certains milieux, d’avoir fait, ou d’avoir à faire, un enfant à Rachida ?"

Bon bien sûr on vous dira pas là le nom du père. Donc vous pouvez pas comprendre.

3 Centration et hiérarchisation comme retour du politique et comme retour de la pensée

Pluss de centration "vraie", pluss de hiérarchisation pertinente, ce ressaisissement du regard ferait assurément du bien. Et déjà concrètement pour les SDF, mal logés, fauchés très ordinaires, qui en ce moment se caillent au physique ou au moral. Tu piges que les défauts d’accommodation visuelle pèsent sur notre société.

Il nous semble qu’il y a en haut lieu une vague prise de conscience, on commence à nous parler d’indicateurs de niveau de vie plus précis qui pourraient certainement nous aider en esprit. On ne peut certes plus espérer de l’INSEE qu’il nous fasse un vrai panier de la ménagère, mais nous trouverions de bon aloi qu’il nous établisse chaque mois un emploi strict budgétaire d’un RMI-RSA ou d’un SMIC. Tant de boites de sardines, de vache-qui-rit, tant de degrés de chauffage, tant de sorties, de boites de foie gras, tant de billets à l’opéra.

Il serait intéressant de faire également des tests grandeur-nature, auxquels nos députés se feraient un point d’honneur de participer de quinze à trente jours chaque semestres : Joie de bouffer des pâtes au quotidien en environnement chaleureux familial.

D’ailleurs le super-acte politique nouveau serait d’exprimer le salaire parlementaire en multiple du RMI. Ou du salaire médian.

Ça c’est l’horizon immédiat politique ! Avec la crise ils devraient je crois arriver à le comprendre.

Mais je sens qu’on s’emmerde un peu trop ici avec les pauvres, il faut pas fixer sur eux. Avec le temps tout s’arrangera, de toute façon..

La question cruciale du centre c’est la question de la pensée comme on s’appliquait plus haut implicitement à le montrer. Retrouver en tout le centre supposable dégagerait out, utilement, bien des scories et bien des parasites. La re-recherche du centre est un programme, c’est une reconversion, un retour aux sources fondamentales. Il est bien difficile de dire pourquoi quelque part nous avons perdu pied, mais le fait est que nous l’avons certainement perdu.

Retrouver le centre, c’est retrouver le truc de l’eau chaude tu vas me dire. On peut pas croire à la vertu d’un truc aussi élémentaire. Bah ! va savoir.

Nos ancêtres grecs passaient dix ans à la rhétorique et aux subtilités du verbe, lesquelles étaient aussi évidentes et lourdingues que de petites haltères de plomb. Mais les Grecs qu’étaient sans doute des originaux sautaient même en hauteur avec ces trucs aux mains. Nos ancêtres scolastiques passaient eux leur dix ans de désoeuvrement formateur à faire de la logique. C’est Descartes qui leur a fait cesser l’exercice au motif que la logique on l’a à douze ans en entier, et que si l’on pas on l’apprend pas.

Amis, arrêtons de suivre partout préférentiellement le boeuf, suivons le centre.

4. Pour finir

Le web est une révolution dont on voit depuis quinze ans les incroyables premiers effets pratiques. Le web a des ennemis, tous ceux à qui il a mangé la soupe. Ceux-là disent : ces gens du web n’ont pas de professionnalisme, ils disent tout, n’importe quoi, souvent ils savent pas où ils vont et mélangent tous les niveaux.

Ne renversez pas les rôles, gens des médias et gens de la politique, le brouillage des pistes a été organisé par vous pendant des décennies. C’est maintenant que votre système politique et médiatique pète dans le discours complètement les plombs à votre détriment.

A nous en tout cas, de ne plus céder au biaisage collectif organisé, il faut en tout se recentrer correctement.

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Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocsena, Organisation contre le système-ENA... et pour la démocratie avancée
 http://ocsena.ouvaton.org

 

Messages

  • From Stéph

    ...Bon le centre est une affaire vachement délicate, n’importe qui trouverait dans cette observation liminaire un peu de sens (bon ou mauvais, là n’est pas la question d’autant que l’appréciation de la chose relève généralement des "Politiques" comme nous l’avons déjà vu...)

    Le centre, dans les "sports extrêmes" comme le tir à l’arc ou la pétanque revet une importance assurément particulière, ce qui n’est pas nécessairement le cas en philosophie et c’est là où le bât besse...

    Prenons par exemple la Gidouille...syndrome déjà étudié et expérimenté mécaniquement notament par Marcel Duchan...eh bien on voit que le centre cesse d’être "l’importance centrale" pour devenir "l’importance annexement centrale"..Prenons une gidouille en noir et blanc, repeignons-en le centre en blanc harmonisé avec le fond sans nuire aux spires de la gidouille...Action ! et Paf ! tout change ! on excentre !

    Ce genre d’exercice est peu recommandé dans le du tir à l’arc précédement évoqué car alors il est patent que ce qui à l’oeil semblerait ne constituer qu’une variante de quelques centimetres seulement, en irait tout autrement à 40 mètres... Supprimons maintenant la gidouille pour n’en garder que le centre, activons la rotation mécanique de ce centre sur son propre axe, nous n’obtenons rien de rigolo du tout......

    http://nosotros.incontrolados.over-... "les amis du négatif à l’oeuvre".
    http://les-batisseurs-d-abimes.over...
    T@Z : Territoires Autonomes Zymotechniques .
    http://sousmarinvert.ning.com/profile­ LESAMISDUNEGATIFALOEUVRE

    • L’importante réforme UMP des retraites : L’Homme est-il au centre ?

      Ca se discute

      D’après toute la réflexion constante de ce gouvernement, la mort par exemple se définit comme le stade suprême, nettement souhaitable, de la retraite.
      D’où se tire encore, que les vacances prémortuaires (retraites précisément) des Français sont objectivement beaucoup trop longues, exagérées et chères.
      On peut considérer qu’elles constituent en outre un déni de solidarité envers les jeunes générations, comme d’ailleurs Philippe Séguin l’a encore tout récemment démontré, et de façon magistrale, à l’encontre des jouisseurs statistiquement établis du 3e âge.

    • Homosexualité/ Vanneste/ Homophobie

      Tout ce qu’il convient de pertinent de souligner pour le moment si on veut rester vraiment au centre du sujet c’est que d’après le Nouvel Obs de cette semaine-même : Tintin était homo et Milou hétéro.

    • Le désherbant le plus vendu au monde mis en accusation (Le Monde aujourd’hui)

      "Le désherbant le plus vendu au monde, le Roundup de la firme américaine Monsanto, est à nouveau mis en cause. Le biochimiste Gilles-Eric Séralini (université de Caen) et sa collègue Nora Benachour viennent de publier une étude mettant en évidence l’impact de diverses formulations et constituants de ce pesticide sur des lignées cellulaires humaines. Et ce à des doses très faibles."

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      En conclusion la tisane de chicorée est naturellement déconseillée. C’est en même temps tout l’ébranlement de quelque chose qu’on croyait pour toujours au centre du monde : la Ricorée n’est plus aussi sûrement "le bonheur du petit matin" que disait la publicité.

    • Sur l’homosexualité de Tintin (2e) : le débat. (Voir Le Monde.fr)

      Hervé Gattegno : "l’univers de Tintin est un univers totalement asexué. Non seulement il n’y a pas de sexe, mais même pas d’amour.... comme dans le même temps la représentation de la femme se limite pour l’essentiel à la Castafiore, beaucoup de gens ont développé des théories autour de l’homosexualité de Tintin."

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      Voyez, on dit sur tout n’importe quoi, on décentre, et ceci au motif stupide que la Castafiore n’a jamais été baisée dans le texte par personne. Il y a deux vérités qui permettent de comprendre très simplement tout ce faux blabla si l’on se donne la peine de "recentrer"

      - Primo : La lecture de Tintin était destinée aux patronages catholiques du jeudi.

      - Deuxio : c’est une découverte récente, 17% de la population se dit absolument asexuée.