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Lettre de la CPH du 10 janvier 2009 à tous les praticiens

Publie le lundi 12 janvier 2009 par Open-Publishing

Lettre de la CPH du 10 janvier 2009 à tous les praticiens

Meilleurs voeux pour le futur !

Que nous souhaiter pour 2009 ? Courage, force de conviction, capacité à nous unir et détermination. Et une santé de fer. Nous en aurons bien besoin pour servir notre engagement de praticiens hospitaliers publics.

Car le moins que l’on puisse dire, c’est que l’année 2009 s’annonce mal. Les temps sont durs partout, mais particulièrement à l’hôpital : l’étranglement financier et le déficit programmés vont conduire à des réductions draconiennes des emplois et à la fermeture de nombreux services. Malgré tout le bien qu’il faudrait trouver à la loi HPST censée nous sauver de nous-mêmes, et en dépit des déclarations d’amour répétées, comment croire au discours gouvernemental ? Comment ne pas voir qu’il masque, derrière la dénonciation accusatrice d’une organisation défaillante, la volonté à peine voilée de privatiser l’hôpital public et de le livrer au marché de la santé ?

Alors, pour le futur de l’hôpital, faisons le vœu qu’aucun praticien ne soit dupe et que nous trouvions tous ensemble les ressources nécessaires pour réagir efficacement ! Notre Président de la République à l’habitude de dire qu’il n’y a pas de fatalité. Sur ce point au moins, nous sommes d’accord !

La CPH appelle l’ensemble des praticiens à se mobiliser pour défendre leurs propres revendications

Il ne nous parait ni possible, ni éthique, ni responsable d’assister sans réagir à cette entreprise de démolition de notre système public de soins, et nous appelons tous les praticiens hospitaliers à nous suivre et à exprimer fermement leur opposition.

Nous avons été nombreux à lancer un avertissement aux Pouvoirs publics les 16 et 17 octobre 2008 et pourtant nous n’avons pas été entendus. Aujourd’hui, les propos tenus sans ambigüité ni aucune inflexion lors des voeux du Président à Strasbourg deviennent provocateurs tant ils reposent sur une accusation mensongère : les dépenses de santé seraient toujours excessives du côté de l’hôpital public, alors même qu’il est le meilleur élève de leur maitrîse et qu’il n’est pas du tout le responsable de leur progression.

On sait bien que les raisons sont ailleurs, et venant d’un chef de l’Etat, la démonstration est vraiment un peu courte. Ce n’est pas en agitant le montant, certes considérable, des sommes consacrées à la santé de nos concitoyens qu’on nous convaincra qu’il y a faute, bien au contraire, ni que c’est le défaut de son organisation qui rendrait l’hôpital coupable aux yeux de toute la Nation. Le cynisme de cette situation, c’est la certitude que cette logique apparente de moindre coût qui va nous être imposée, contraignant aveuglément à l’activité pour l’activité, aboutira à l’inverse en augmentant considérablement la dépense globale de santé tout en détériorant le niveau de qualité des soins. Ailleurs, les exemples existent. A croire que, dans cette volonté folle d’appliquer le décalque de l’entreprise de production à l’hôpital accusé de la rage, ce serait l’objectif recherché ! Au profit de qui ? Les leçons d’une crise qui place les intérêts humains derrière des objectifs financiers ont-elles été correctement assimilées ?

Le moment est maintenant venu pour une nouvelle mobilisation qui doit se développer et s’exprimer avec force et inventivité, avant la discussion au Parlement du projet de loi HPST.

Le 29 janvier, la CPH et INPH s’associeront et participeront au mouvement de mobilisation et de grève des organisations syndicales des personnels : CGT Santé Action Sociale, CFDT Santé Sociaux, FO Services Publics et de Santé, SUD Santé Sociaux, UNSA Santé Sociaux, CFTC Santé et Sociaux, CFE-CGC Santé Action Sociale. Un préavis de grève sera déposé.

Mais dès le 15 janvier, pour nos propres revendications, nous lancerons une campagne de communication et de mobilisation nationale, régionale et départementale des syndicats de la CPH.
Et le 22 janvier, une Conférence de presse de la CPH
annoncera les modalités d’action
pour une grande mobilisation des PH
début février.

Des réformes inacceptables pour l’avenir de l’hôpital et nos retraites

I - Pourquoi faut-il faire barrage au projet de loi HPST que le parlement examinera en février ?

Deux aspects majeurs de ce projet en font une entreprise de destruction de l’hôpital public et du pacte social :

 Parce que l’organisation des structures sanitaires et des soins se trouvent assujettis au primat d’un logique comptable, l’hôpital public perdra sa vocation d’assurer, sans condition de ressources, l’accessibilité à des soins de qualité pour tous les usagers.

 Parce que le mode d’organisation qu’on cherche à nous imposer écarte délibérément la priorité de la dimension médicale et des soins, avec un contrôlée hiérarchique fort de l’administration et sans contre-pouvoir, il provoquera inéluctablement des dérives organisationnelles, des détériorations et des manques dans les prise en charge et la couverture sanitaire, se traduisant par des pertes de chance pour les usagers. Combien de drames en préparation ?

Nous nous élevons contre :

 Le recrutement des PH par les directeurs d’hôpitaux entraînant la perte de l’indépendance statutaire et professionnelle des praticiens qui est l’une des meilleures garanties de sécurité des soins pour les patients et l’un des fondements de l’attractivité des carrières.
 La contractualisation de l’exercice médical sur la base d’objectifs quantifiés qui vient en contradiction avec les exigences de notre déontologie professionnelle.
 La confiscation des choix médicaux par le seul directeur "patron" qui demeure totalement illégitime et absurde au sein du type particulier d’organisation que représente l’hôpital.
 La disparition des instances représentatives de pilotage des établissements CA et CME ou l’effacement de la plupart de leurs missions qui garantissaient la prise en compte des avis des professionnels, des usagers et des élus.

Nous combattons pour :

 La préservation d’une offre de soins de qualité accessible à tous sur l’ensemble du territoire national,
 L’équilibre des attributions et le partage des responsabilités entre personnel médical et personnel de direction pour le pilotage des établissements,
 Le renforcement de l’autorité médicale sur l’organisation des soins dans les différentes spécialités.

II - Pour les retraites des PH, le dossier n’est pas clos : nous maintenons nos demandes de mesures compensatoires décentes

Le Ministère refuse toujours nos propositions de compensation de la détérioration induite par la réforme de l’Ircantec et notamment celle d’un niveau complémentaire de cotisations et d’abondement par l’employeur. Même avec l’intégration des mesures proposées et au contraire des discours rassurants, la baisse du niveau des pensions reste considérable, massive pour les plus jeunes avec une réduction des pensions d’environ un quart de leur montant. C’est inacceptable !

Pierre Faraggi et Jean-Claude Pénochet, Président et Secrétaire Général de la CPH