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Cesare Battisti : Rassemblement mercredi 30 juin 2004 à 13h30 Devant le palais de justice de Paris

Publie le mercredi 30 juin 2004 par Open-Publishing
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La cour d’appel de Paris se prononce sur la demande d’extradition de Cesare
Battisti


POUR LA DÉFENSE D’UN HOMME ET DE LA RÉPUBLIQUE

Sans que les Français en soient informés, le gouvernement se prépare à commettre
un acte d’une gravité exceptionnelle. Cet acte menace la vie d’un homme, la dignité de
notre pays et l’un des fondements de notre République. Il appartient aux citoyens
français de les sauver avant qu’il ne soit trop tard.

Il y a dix-neuf ans, par la voix de son Président François Mitterrand, la France
donnait sa parole d’accueillir et de ne pas extrader les anciens militants rescapés
de la crise italienne des années 1970. Cet engagement solennel fut avalisé par
neuf gouvernements successifs, de gauche comme de droite.

Parce qu’il avait confiance en cette promesse de notre pays, Cesare Battisti se présenta, il y a treize ans, aux portes de la France. Il était l’un de ces milliers de jeunes Italiens que la situation des années 70 avait lancés dans l’affrontement : dans un combat où des centaines de formations d’extrême gauche armée s’opposèrent au gouvernement, dont les services secrets alliés à l’extrême droite perpétraient de multiples attentats à la bombe.

Comme bien d’autres, Cesare Battisti fut jugé en son absence selon les "lois spéciales" de l’Italie d’alors, lois qu’Amnesty International et la Fédération Internationale des Ligues des droits de l’Homme (144 organisations à travers le monde) condamnèrent sans relâche, et encore aujourd’hui, de même que les tortures qui les accompagnèrent, concluant que "les autorités italiennes avaient violé tous les accords européens et internationaux sur des procès équitables".

Sur le modèle médiéval, cette justice d’exception avait ressuscité la figure du « repenti », c’est-à-dire un accusé qui négociait sa liberté en échange de dénonciations. Et c’est sur les seules « paroles » confuses et variables d’un tel repenti que Cesare Battisti fut condamné sans preuve à la perpétuité, comme tant d’autres, après une instruction durant laquelle treize cas de torture furent avoués.

En mai 1991, son dossier fut examiné par la justice française qui le déclara non extradable, par deux arrêts. Sous la protection de notre pays, il put alors y commencer cette « seconde vie » souhaitée par François Mitterrand.

Cette décision de justice de 1991 est définitive. Le droit de toutes les nations démocratiques interdit en effet de juger par deux fois la même chose en l’absence d’un fait nouveau. Il interdit aussi d’emprisonner un homme, jugé en son absence, sans recours à un nouveau procès. En vertu de ces deux règles fondamentales, Cesare Battisti est juridiquement non extradable.

Tels sont les principes intangibles de notre justice, si bien que passer outre constituerait un fait exceptionnel, mettant en péril la sûreté de notre édifice républicain.

Tel est l’engagement de la parole de notre pays, qu’on ne saurait renier sans y perdre l’honneur.

Mais tel ne fut pas l’avis de notre gouvernement et de notre ministre de la Justice, Dominique Perben : lorsque le gouvernement italien de Silvio Berlusconi réclama soudainement ses anciens réfugiés, un quart de siècle après les faits et pour des motifs de simple stratégie électorale, notre gouvernement osa accepter cet arrangement, se rendant coupable de trahison éthique et juridique. Dominique Perben, négligeant les règles de justice dont il est le ministre, promit à son homologue italien une première livraison d’une quinzaine d’hommes et de femmes. Et c’est à sa demande que, ce mercredi 30 juin, la même Cour d’Appel de Paris devra une seconde fois juger le même homme, sur le même dossier.

Mensonges d’Etat et désinformation massive ont cherché à abuser les Français sur les véritables enjeux de l’affaire Battisti. Mais les mensonges ne durent jamais sous le regard de l’Histoire : si l’extradition devait être prononcée le 30 juin, si la volonté du pouvoir parvenait à se substituer à la force de la Justice, l’Histoire saura que, ce jour, la France reniera son droit et sa parole. Cela, cette blessure faite à la démocratie et à la vie d’un homme, il est encore possible de l’empêcher. Ce combat strictement républicain et citoyen, il est encore possible de le gagner : en refusant que Dominique Perben ne brise notre Droit en négociant des vies humaines, en refusant que notre gouvernement ne reprenne sa parole donnée.

Avec la Ligue des droits de l’Homme, avec France-Libertés, avec des élus, PS, Verts, PC, UMP, LCR, des dizaines de milliers de personnes se sont déjà levées pour s’opposer à la dérive humaine et judiciaire qui menace notre pays. Avec eux nous luttons, le samedi 26 juin, pour la justice, pour l’honneur, et pour la vie d’un homme. Ce sont les mots de l’espoir républicain, les mots de l’humanité que nous devons défendre, toujours.

LA RÉPUBLIQUE FRANCAISE

DOIT RESPECTER

SON DROIT ET SA PAROLE

29.06.2004
Collectif Bellaciao

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