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Cesare Battisti : Réactions à gauche, silence à droite

Publie le vendredi 2 juillet 2004 par Open-Publishing

Dès l’annonce de la décision de la cour d’appel, le PCF a demandé au gouvernement et au président de la République " de respecter la parole donnée par la France et en conséquence de refuser l’extradition ". C’est " une question d’honneur pour la République, et de justice ".

Pour le PS, " la décision de la cour d’appel est une décision malheureuse : elle rouvre les plaies qui avaient vocation à se cicatriser, car tel était le sens de la jurisprudence mise en place par Mitterrand et respectée depuis dix ans par tous les gouvernements successifs ".

Les Verts ont demandé " solennellement " au premier ministre de ne signer " en aucun cas " le décret d’extradition, et ils rappellent que cet asile a été respecté " par neuf gouvernements successifs de droite comme de gauche ". Nicole Borvo, sénatrice PCF, et Yves Cochet, député Verts, ont adressé une demande d’audience au président Chirac.

Valerio Evangelisti, écrivain

Ce verdict est honteux. Je crois que la cour a obéi à une volonté politique. Sur le plan juridique, la situation était réglée. Cesare Battisti n’avait pas pu se défendre correctement devant le tribunal italien qui l’a condamné. L’accusation ne provient que d’un repenti qui a tout intérêt à l’accabler en échange d’une amélioration de sa propre situation. Un verdict avait été rendu par les juges français en 1991. Je constate que l’on revient sur la chose jugée. L’Italie s’était bien gardée de prévenir la France de la sentence de perpétuité qui pesait sur Battisti. Ce n’était qu’une ruse pour obtenir son extradition. Le gouvernement italien et le gouvernement français, tous deux en crise, se sont accordés. Plus grave encore, les magistrats français se sont pliés à ces exigences. L’Europe s’unit, hélas ! sur le rejet du droit. Ce verdict des juges français est à mettre au nombre des dégâts que subit aujourd’hui la démocratie. Je ne peux qu’espérer voir la bataille continuer.

Claude Mesplèdes, auteur, spécialiste du polar

Ma première réaction est d’abord humaine : je suis profondément attristé. Par ailleurs, je suis scandalisé ; la justice a cédé le pas au politique. Elle n’a donc pas été rendue. Les avocats de Ceasare Battisti vont maintenant déposer tous les recours possibles, que ce soit auprès de la Cour de cassation ou de la Cour européenne des droits de l’homme. Le terrain de la mobilisation n’est pas facile à investir. Nous n’avons aucun moyen de pression en dehors du livre de Fred Vargas qui, au moment où nous parlons, rencontre à l’Assemblée nationale les responsables des groupes parlementaires du PCF, des Verts et du PS. Il n’existe pas de mouvement structuré et, pour tout dire, nous sommes abasourdis. Nous avions confiance dans le droit. Je parle en mon nom, mais il me semble que l’affliction et la colère sont largement partagées

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-07-01/2004-07-01-396408