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Conférence de presse conjointe Chirac-Berlusconi : oui à l’extradition de Cesare Battisti

Publie le vendredi 2 juillet 2004 par Open-Publishing

Chirac ne s’opposerait pas à l’extradition de Battisti

Jacques Chirac a laissé entendre qu’il donnerait son feu vert à l’extradition de l’ancien activiste d’extrême gauche italien Cesare Battisti si son pourvoi en cassation était rejeté.

Le président français, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe avec Silvio Berlusconi à l’Elysée, a souligné qu’il était du "devoir" et de la "responsabilité" de la France d’extrader au sein de l’espace judiciaire européen les personnes reconnues coupables de crimes terroristes.

"M. Battisti a été condamné en 1993 définitivement par la justice italienne pour plusieurs assassinats et crimes de sang", a rappelé Jacques Chirac en marge du 23e sommet franco-italien.

"S’agissant de la question de son extradition, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a donné une suite favorable. Cette décision a fait l’objet d’un pourvoi devant la Cour de cassation et vous comprendrez que j’attendrai la décision de la justice pour faire connaître la position de la France", a-t-il ajouté.

"Au plan général, nous sommes aujourd’hui dans un espace judiciaire européen, un espace judiciaire commun, et si une personne a été condamnée pour des crimes de nature terroriste dans une démocratie et un Etat de droit, il est évidemment de notre devoir et de notre responsabilité de répondre favorablement à une demande d’extradition", a estimé Jacques Chirac.

Le PS, le PCF et les Verts ont lancé un appel au chef de l’Etat pour qu’il refuse de signer le décret d’extradition de l’écrivain. L’examen de son pourvoi en cassation, qui est suspensif, prendra environ quatre mois.

RUPTURE AVEC LA "JURISPRUDENCE MITTERRAND"

Cesare Battisti, 49 ans, réfugié en France depuis 1990, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité dans son pays pour son implication dans quatre homicides en 1978 et 1979.

Prié d’expliquer la rupture des autorités françaises avec la "jurisprudence Mitterrand", Jacques Chirac a souligné que la loi italienne était jugée "comme parfaitement respectueuse des droits de l’homme" depuis 1989.

Le président François Mitterrand avait promis en 1985 l’asile aux militants des "années de plomb" ayant renoncé à la violence. Quelque 200 à 300 ex-activistes se seraient ainsi réfugiés en France.

"Le président Mitterrand avait pris position en 1985 alors que la loi italienne, à tort ou à raison, faisait l’objet de débats, notamment sur le plan européen, en raison d’une certaine passion qui existait - et que l’on pouvait comprendre - à cette époque en Italie", a déclaré Jacques Chirac.

"Depuis 1989, la loi italienne a changé et elle a été jugée définitivement (...) comme parfaitement respectueuse des exigences des droits de l’homme. C’était la situation en 1993", a-t-il ajouté.

Neuf gouvernements de droite et de gauche ont suivi la "jurisprudence Mitterrand".

Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a officiellement rompu avec cette ligne après une rencontre le 11 septembre 2002 à Paris entre les ministres italien et français de la Justice, Roberto Castelli et Dominique Perben.

Si l’extradition de Cesare Battisti se confirme, il sera le deuxième réfugié italien livré à Rome en vertu de la nouvelle "ligne" française, après l’extradition le 25 août 2002 de Paolo Persichetti, condamné à 22 ans de prison pour complicité dans l’assassinat du général Ligio Giorgieri le 20 mars 1987 à Rome. (Reuters)