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Cesare Battisti : La lutte continue

Publie le dimanche 4 juillet 2004 par Open-Publishing

Par la rédaction de Carmilla

Avant tout, soyons clair. L’arrêt favorable à l’extradition de Cesare Battisti
prononcé aujourd’hui par la Cour d’Appel de Paris, ne représente que le premier
niveau de la procédure. Il en reste deux autres et donc, il est impossible que
Battisti soit extradé avant plusieurs mois. On ne peut pas même envisager une
arrestation, prévue seulement en cas d’ " extrème urgence ". Si telle est la
partie " consolatoire " de l’affaire, il reste celle honteuse, synthétisable
dans le geste de l’avocate de la défense Irène Terrel, qui s’est enlevée sa
robe pour la jeter devant les juges. Les magistrats français aussi se sont
montrés sensibles aux pressions du pouvoir politique, après que, sur le plan
juridique, Cesare Battisti a emporté haut la main sa bataille. On avait de quoi
s’inquiéter : les récentes déclarations arrogantes de membres du gouvernement
français, le délai même de plus d’un mois entre l’audience et le prononcé du
jugement, comme s’il fallait fabriquer une argumentation plausible en soutien
d’une décision déjà prise.

L’accord entre deux gouvernements chancelants a fait litière du droit. Les
pressions insistantes des médias, de la magistrature, des hommes politiques
italiens, y compris une bonne part du centre-gauche, ont produit leur effet,
faisant à un certain point vaciller jusqu’à l’opinion publique française.
Cependant la bataille de soutien à Battsiti n’a pas été inutile, et ce n’est
pas encore une bataille perdue. Si, en Italie, le plus grand nombre reste
convaincu de la culpabilité de l’écrivain, en France, son procès, parmi les
plus scandaleux des années 70, a été analysé dans toutes ses phases : de
l’usage de la torture en cours d’instruction, à une première condamnation
finalement légère, et à une seconde très grave, entièrement basée sur les
révélations d’un des " repentis " les moins fiables, en absence de l’accusé. Ce
n’est pas un hasard si le livre de l’écrivaine Fred Vargas " La vérité sur
Cesare Battisti ", minutieusement documenté, d’une force sans réplique (et en
effet, personne n’a tenté d’y répondre) est en France un best-seller déjà
épuisé.

Mais certains juges, en France comme chez nous, préfèrent lire les circulaires
ministérielles, plutôt que les livres. A eux, le cri qui s’est élevée de la
salle à la lecture de l’arrêt : " honte ! honte ! ". A nous, qui savons Cesare
innocent, l’honneur de poursuivre une lutte désormais un peu plus difficile,
mais dont l’issue n’est pas acquise.

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