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Six jeunes internautes devant la cour d’appel de Tunis

Publie le lundi 5 juillet 2004 par Open-Publishing

de Florence Beaugé

Le procès en appel des internautes de Zarzis (du nom de la ville du Sud tunisien où ils ont été arrêtés) devrait s’ouvrir, mardi 6 juillet, à Tunis. Ces six jeunes, âgés en moyenne de 22 ans, sont incarcérés depuis un an et demi. Cinq des prévenus ont indiqué qu’ils avaient subi de nombreuses violences au siège du ministère de l’intérieur durant leurs dix premiers jours d’incarcération. Ils ont été condamnés en première instance à des peines allant de 19 à 26 ans de prison pour "constitution de bande ayant pour objet la préparation d’attentats".

Selon Sihem Ben Sedrine, porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT), le cas des internautes de Zarzis est "emblématique de l’instrumentalisation, par le pouvoir politique -tunisien-, de la prétendue lutte contre le terrorisme".

Pour leurs familles, ces jeunes qui ne se connaissent pas tous, ne peuvent être accusés d’"association terroriste". Leur seul "délit", résume Teresa Chopin, la mère de l’un d’entre eux, est d’"avoir utilisé un système moderne de communication, Internet". Celle-ci a écrit, fin juin, une lettre à Jacques Chirac pour lui demander d’intervenir auprès de son homologue tunisien, alors que le ministre des affaires étrangères, Michel Barnier, doit se rendre en Tunisie le 19 juillet.

Le 23 juin, les internautes ont entamé une grève de la faim, ce qui leur vaudrait des représailles supplémentaires. Ils entendent ainsi dénoncer le refus, le 22 juin, des autorités pénitentiaires de les présenter devant la cour d’appel de Tunis chargée d’examiner leur recours.

A la même date se tenait à Hammamet, non loin de Tunis, la conférence préparatoire du sommet mondial de la société pour l’information, qui devrait avoir lieu dans la capitale tunisienne en novembre 2005. La coïncidence, ce jour-là, de l’ouverture du procès en appel des jeunes internautes aurait été particulièrement embarrassante pour la Tunisie.

De son côté, la Fédération internationale de défense des droits de l’homme (FIDH) souligne les nombreuses irrégularités dans la procédure d’arrestation de ces jeunes, puis de leur procès : falsification du lieu et de la date des arrestations, non-présentation aux avocats des pièces d’inculpation, etc.

"S’il y a des preuves dans ce dossier, qu’elles soient présentées à la défense, souligne Antoine Madelin, de la FIDH, qui rentre de Tunisie. Pour l’instant, nous n’avons aucun élément tangible qui permette de comprendre les raisons de l’arrestation et de la condamnation de ces jeunes."

Outre celui de Zarzis, deux groupes d’internautes sont actuellement incarcérés en Tunisie : celui de l’Ariana, dans la banlieue de Tunis, (13 personnes), et celui de Bizerte, au nord-ouest de la capitale.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3212,36-371587,0.html