Accueil > Les psychiatres vers la désobéissance civile ?

Les psychiatres vers la désobéissance civile ?

Publie le mercredi 11 février 2009 par Open-Publishing
10 commentaires

Les psychiatres sont en colère, allant jusqu’à dénoncer le saccage de leur discipline et à envisager la désobéissance civile. Philippe Petit revient sur le mouvement pour Marianne2.fr.

Ils s’attendaient à accueillir quatre cents personnes. Il y en eut deux mille pour la réunion de « la nuit sécuritaire » du 7 février dernier à Montreuil. Les psychiatres venus témoigner du saccage de la psychiatrie ont partagé leur inquiétude avec des infirmiers, des représentants des familles de patients, des psychologues, des étudiants, des psychanalystes, des fonctionnaires de justice, d’horizon politique différent. Les personnalités présentes ont fait honneur à l’intelligence. L’ancien ministre de la santé Jack Ralite a prononcé un grand discours « malrucien ». Domique Voynet, le maire de Montreuil, s’est montrée éloquente. Jean Oury, le directeur de la clinique de La Borde, du haut de ses quatre-vingt-cinq ans, a provoqué l’enthousiasme. Et pas moins de trente-neuf intervenants se sont succédé à la tribune. Il régnait une atmosphère de veillée d’arme, entre la répétition générale et le banc d’essai, où chacun tentait de retrouver les mots de la conquête, comme abasourdi par tant d’années de silence, de repli sur son pré carré, incapable de redresser la tête.

Faire reculer le gouvernement

Les psychiatres qui sont à l’initiative de ce rassemblement à « La Parole Errante à la Maison de l’Arbre », dirigé par Armand et Stéphane Gatti, peuvent se dire satisfaits de cette journée. Ils ont réussi leur coup. Ils sont entrés en dissidence et se préparent désormais à la désobéissance civile. Ils ont commencé par réagir avec dignité au discours de Nicolas Sarkozy à Antony le 2 décembre 2008 et ils se croient aujourd’hui assez mûrs pour entamer une longue marche qui les conduira à faire reculer le gouvernement sur la nouvelle loi de santé mentale qui sera présentée au parlement au printemps. La pétition de l’« Appel des 39 » lancée mi-décembre par par le psychiatre Hervé Bokobza, l’un des organisateurs des États généraux de la psychiatrie en 2003, contre la politique de santé mentale du gouvernement, fut le point de départ de ce mouvement. D’autres pétitions toutes aussi hostiles à une politique qui tend à faire de la psychiatrie la gardienne de l’ordre social circulent sur le net.

« Des mesures en totale contradiction avec les finalités du soin »
Face à une telle effervescence, le rassemblement de Montreuil marque une étape importante dans la prise de conscience qui se fait jour depuis trois mois parmi le personnel soignant. Mais il serait injuste de le réduire à un simple réflexe corporatiste, voir à de l’anti-sarkozysme primaire. Le président, comme Dieu chez Malebranche, a fourni l’« occasion » d’un réveil, il n’en est pas le seul agent. Jean Oury a fait rire la salle en le comparant à une puce, mais il a mis en garde les participants contre la tentation du fétichisme. Car à trop s’occuper de son cas, on en oublie les raisons qui ont conduit à l’augmentation du nombre de demandes de soins en même temps qu’à une politique tendant à éliminer du corps social les individus qui ne correspondent pas aux normes prescrites par une administration de plus en plus normalisatrice.

« Cet appel, je l’attendais depuis longtemps, souligne le psychanalyste Jean-Pierre Winter, il est le symptôme positif de l’entreprise de destruction du tissu social qui est à l’œuvre depuis trente ans, Sarkozy n’est que la pointe immergée de l’iceberg. Dans nombre de cités, on supprime tous les lieux de parole, du simple bar au commerce de proximité, on supprime les lieux d’hébergement, les centres d’accueil, pour les jeunes et les anciens taulards, on réduit le temps du suivi, qui était autrefois de six mois, pour ne répondre aux situations de détresse que dans l’urgence. On détruit le temps nécessaire à l’échange ».
Il n’est pas étonnant que dans cette enceinte, le beau mot de parole ait été aussi souvent prononcé. Le mouvement qui est en train de naître n’est pas un simple mouvement de protestation, il est surtout un mouvement de réappropriation.

Les psychiatres présents à Montreuil ne veulent pas de ces mesures qui entrent en totale contradiction avec les finalités du soin. « Or on leur demande aujourd’hui de répondre à trois objectifs : prédisez l’avenir, expertisez, enfermez. J’oubliais, évaluez vous, avec des questionnaires issus de l’industrie. En instrumentalisant les faits-divers, en annonçant qu’une loi va être votée au printemps, l’État risque de parachever cet immense gâchis : nous couper de notre histoire et dénier celle des patients, dont il souhaite réduire la maladie à des symptômes qu’il faudrait traiter soit en les enfermant à vie, soit en trouvant le médicament « adéquat », les transformant ainsi en individus transparents, homogènes, et enfin maîtrisés », s’insurge Hervé Bokobza.

Philippe Petit
 http://www.marianne2.fr/Les-psychia...

Messages

  • VOUS REVEZ !!!! SE REVEILLEZ QUAND IL EST TROP TARD ?

    Le réveil est tardif,ils avaient le texte de la commission Couty depuis longtemps,très longtemps.
    D’autres psychiatres ne se sont pas endormis ,entre temps.

    Psychiatrie : le rapport Couty salué par trois syndicats de médecins

    source:agence de presse médicale APM
    PARIS, 9 février 2009 - Trois syndicats de psychiatres ont approuvé les propositions du rapport d’Edouard Couty sur la psychiatrie et la santé mentale.

    Dans un communiqué de presse diffusé vendredi soir, le Syndicat national des médecins, chirurgiens, spécialistes, biologistes et pharmaciens des hôpitaux publics (Snam-HP), le Syndicat universitaire de psychiatrie (SUP) et le Syndicat des psychiatres français (SPF) s’inquiètent de "la mise en oeuvre des moyens nécessaires à la modernisation de la psychiatrie et de la santé mentale" mais ont relevé plusieurs "éléments positifs" dans le rapport Couty.

    Ils saluent la référence faite au secteur psychiatrique dans la dimension territoriale comme "maillon essentiel" de l’organisation des soins de proximité recentrés sur les prises en charge extra-hospitalières.

    "Néanmoins, la question des liens nécessaires entre l’intra et l’extra-hospitalier, qui devront être contractualisés au sein des groupements locaux de coopération (GLC), ainsi que celle de la gouvernance de ces GLC, sera à clarifier. De même, l’hospitalisation psychiatrique, tant en ce qui concerne la capacité en lits d’hospitalisation que le renforcement des moyens, notamment en personnels, devra être confortée", soulignent les syndicats.

    Ils approuvent les propositions de la commission concernant l’organisation des soins, en particulier les solutions visant à réduire "le cloisonnement des acteurs et des pratiques".

    Ils considèrent que "l’organisation graduée des soins en trois niveaux, calquée sur un découpage territorial adapté, répond à une nécessité fonctionnelle" et qu’elle doit "être soutenue tout autant que la reconnaissance et la confirmation des missions du secteur".

    D’autres points positifs sont mis en avant comme le soutien apporté aux associations d’usagers, un suivi des financements et le soutien à la valorisation de l’activité en psychiatrie (VAP), l’accent mis sur la formation médicale, la valorisation des compétences infirmières, la proposition de création d’un concours de recrutement hospitalier pour les psychologues et l’incitation à renforcer les effectifs enseignants hospitalo-universitaires ainsi que la recherche.

    Les syndicats voient l’annonce d’un projet de loi sur la psychiatrie et la santé mentale pour le printemps comme "une volonté politique forte d’engager les réformes nécessaires et attendues par les usagers et les professionnels de la psychiatrie, sans oublier le secteur médico-social qui joue un rôle primordial dans les prises en charges au long cours des handicapés psychiques"

    La commission sur les missions et l’organisation des soins de la psychiatrie et de la santé mentale, présidée par Edouard Couty, a remis la semaine dernière un rapport au ministre de la santé avec 26 recommandations (cf dépêche APM HMMAT003).

    Des membres de la commission Couty, l’Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp), le Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH) et la fédération CGT santé se sont prononcés contre les propositions du rapport Couty, rappelle-t-on.

    redaction@apmnews.com

  • Je vois que le capricieux Sarko piétine tout le monde, n’a aucun égard pour qui que ce soit. J’imagine qu’il finira par la caste des riches quand il aura écrasé tous les travailleurs y compris ceux du public. Les enseignants-chercheurs et les psychiatres que NS désigne comme des parasites, des fainéants qui "entrent dans la maison parce qu’il y a de la lumière et qu’il fait chaud".

    Tout ça pour dire qu’il les considérera davantage le jour où ces enseignants et ces psychiatres entreront dans le monde marchand, parce que bien-sûr pour ce chef inculte, tout est affaire d’argent, le "service" il ne connaît pas aujourd’hui et pourtant il en a bien profité lui aussi en son temps pour se former, se soigner "gratis", enfin je veux dire grâce à la solidarité nationale. Au fait, il se déplace, voyage en payant sa place avec ses fonds propres ?

  • Avoir commencé le combat ...même un peu tard,c’est mieux que ne rien faire !

    Salut à vous ....même si vous n’êtes pas les "braves soldats du 17ème"....

    • Tu as raison.Mais ce carnage me prend tellement aux tripes...
      Il n’est personne de plus fragile qu’une personne dépendant de l’autre,quelque soit la raison.
      Depuis des années,nous prévenons de ce qui se passe aujourd’hui et avons pourtant essayer de mobiliser les gens.Mais ce domaine est tellement compliqué.J’en suis au stade de la colère,pour ne pas lâcher.

  • Le jour où les psychiatres expertiseront le cas sarkozi....oupss !

    • Ce mec n’est pas fou,est tout sauf fou.
      Je ne suis pas psychiatre mais ai un peu de bouteille en la matière.
      Donc,il est responsable de ses actes et discours.
      Le seul diagnostique peut être politique et donc à la portée de beaucoup.
      Dans tous les cas:fou ou pas fou,l’internement ou l’emprisonnement sont les seules solutions.Ne pas oublier qu’il est avocat.

    • PS:Un enseignant-chercheur lance un défi à Nicolas Sarkozy
      10 février 2009 - 18h13 - Posté par clo - 89.***.41.*
      (Entre autres choses, M. Sarkozy affirme que la recherche française est « médiocre », que les chercheurs sont entrés dans la carrière « parce qu’ils ont vu de la lumière et qu’il faisait chaud », et qu’en somme, ce sont des fainéants, des planqués et des parasites.)

      Monsieur Le nabot parle de lui.Ce symtôme très fréquent dans la paranoïa,s’appelle la projection.C’est à dire : identifier chez l’autre, ses....gros défauts et les lui reprocher.Ceci afin de mettre à distance ses complexes :(médiocrité,fainéantise et profit).

      Ce mécanisme de défense(inconscient),à vrai dire d’attaque (dans la réalité), est également ,celui plus structurel, du pervers.

      Je pencherais plutôt pour le deuxième diagnostique,qui rendrait donc notre individu entièrement responsable de ses propos et actes.

      Dans les deux cas,cet individu est dangereux et capable du pire.

      Et serait après avis d’experts, à soigner ou à condamner.

    • bonne analyse...il faut oser dire la vérité et si "le roi est nu"...il est nu !

      (un tout petit reproche:un" diagnostic"... )

    • Bien Clo, bien vu. A faire tourner cette histoire de projection, car le naboléon, en tant que député en connaît un sacré rayon de fainéantise payé grassement, (merci qui ?) et c’est seulement aujourd’hui, confondant les fonctions de chef d’état et 1er ministre, s’excite comme une puce, pour peut-être rattraper le temps en courant (jogging), ou alors pour nouer des contacts juteux pour l’après présidence. Quand on voit comment fait Kouchner et son consulting, cette situation ne peut que faire des émules. On pourrait presque lancer un jeu : que pourrait-il bien vendre comme service aux pays étrangers ?