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Guerre d’influence en Méditerranée

Publie le mercredi 18 février 2009 par Open-Publishing

Le bassin méditerranéen est de plus en plus convoité par les puissances de ce monde. L’Europe, qui a exercé son influence durant des siècles dans le pourtour méditerranéen, se voit talonnée et « concurrencée » par les Etats-Unis d’Amérique mais aussi par la Russie et, tout dernièrement, par la Chine qui ne cache plus ses « velléités expansionnistes » dans la région.

L’Union européenne et plus précisément les pays de la rive Nord semblent prendre très au sérieux la nouvelle « donne ».

L’ex-contre-amiral de la marine française, Jean François Coustillière, n’a pas hésité hier, à déclarer que l’espace méditerranéen est devenu un « espace de fracture » entre les USA et l’UE, mais aussi la Chine qui s’intéresse, dit-il, beaucoup à cette région.

Invité par l’Institut national d’études de stratégie globale à l’hôtel Hilton d’Alger, le contre-amiral écarte cependant toute forme de « menaces inter-étatiques » mais ne cache pas aussi, dans son exposé, les « risques » encourus et qui ont vu naissance à cause du trafic commercial et pétrolier qui transite par le bassin méditerranéen ».

Un sixième du commerce mondial ainsi qu’un tiers du trafic pétrolier passent par la Méditerranée, ce qui crée forcément, a-t-il souligné des tensions. 20 % du pétrole consommé aux Etats-Unis passent par la Méditerranée, fait savoir le conférencier, qui présente le pourtour méditerranéen comme un axe de pénétration euro-asiatique.

Le contre-amiral français a été très clair. L’UE et les USA, agissant pour leurs intérêts, doivent travailler de concert mais l’UE, a-t-il tenu à préciser, doit aussi « déterminer » des espaces qu’il ne partage pas avec les Etats-Unis d’Amérique.

En clair, selon lui, les pays de la rive Sud, dont fait partie l’Algérie, doivent coopérer avec l’Union européenne, en identifiant au préalable leurs intérêts communs. Est-ce que cela doit avoir lieu dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée (UPM) ? Le contre-amiral ne le dit pas clairement mais souligne que le projet initié par le président français Nicolas Sarkozy vise l’Union des pays de la Méditerranée.

« Le fondement de la stabilité en Méditerranée passe par le règlement des problèmes sociaux et économiques des citoyens », a-t-il encore ajouté. Ainsi, poursuit-il, l’amélioration des conditions de vie des populations doit se baser sur trois enjeux.

Il s’agit de « disposer de ressources nécessaires, chose qui passe par l’emploi et la capacité de créer des emplois », « l’alimentaire dont ne doit pas souffrir les populations du Sud pour éviter des tensions » et enfin, « l’eau qui est une problématique extrêmement importante », souligne Jean François Coustillière, qui note que les efforts doivent être focalisés sur ces trois enjeux.

Ainsi, le conférencier, qui fait partie de « Horizon Méditerranée », un espace de réflexion, dont les analyses sont transmises aux dirigeants européens, la vision de l’UE est braquée plus vers les pays du Sud que vers les pays de l’Est, contrairement à ce qui se dit justement dans les pays du Sud.

« Je suis confiant en l’UPM », a déclaré M. Coustillière, en marge de la rencontre. Il rappellera un écrit de l’historien français, Benjamin Stora, qui avait dit « qu’un Français sur cinq a des choses personnelles avec l’Algérie », ceci pour souligner toute l’importance que revêt une coopération durable avec, notamment, l’Algérie qui fournit 25 % du gaz que consomme l’Europe.

Mariage forcé ou changement de tactique, la France et l’Europe semblent vouloir à tout prix rattraper le temps perdu avec les pays de la rive Sud au risque de perdre, définitivement, leur guerre d’influence dans le bassin méditerranéen, devenu un enjeu stratégique aux yeux des plus grandes puissances de la planète qui se le disputent désormais.

Z. Mehdaoui

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