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Séquelles du passé dans la démocratie actuelle (zaz)

Publie le samedi 21 février 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Avertissement :

Comme le lecteur le sait déjà, la mention "zaz" accompagnant nos textes indique une manière d’écrire délibérément décalée, qui ambitionne par un éclairage oblique à plus de perspicacité dans l’analyse politique.

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Si on prend les choses à partir du néolithique, beaucoup de progrès ont été réalisés depuis la pierre taillée : dans le domaine scientifique et technique, dans le domaine institutionnel, dans le domaine social.

On voit clairement les changements en seulement deux cents ans, on néglige en revanche de considérer avec plus d’attention les pesantes permanences.

En vérité, notre esprit est globalement structuré ancien comme il était y a 15 000 ans : les antinomies toujours agissantes sont le masculin-féminin (ex le soleil-la lune, tu vois si c’est futé !), le vrai-le faux, le bien-le mal (avec derechef l’exemple-type connu du CRS-SS), le beau-le laid, etc...

Dans la société, il y a aussi les antinomies du riche et du pauvre, bref ! de celui qui mange ou de celui qui ne mange pas quand on ramène les faits à la banalité la plus extrême du tiers ou du quart monde (voir à cet égard Babeuf, Marx, voir en regardant plus près dans le temps et géographiquement l’émouvant concept partageux de la Vache qui rit, qui est l’honneur supérieur de la France juste après les droits de l’homme). Dans la sphère du pouvoir il y a le grand-le petit, le puissant-impuissant, le membré pour quelque chose et le membré pour trois fois rien, qui s’achève péniblement en prolétaire souffreteux devant Canal-plus auquel il est abonné (voir Freud, Reich et la misère généralisée de la sexualité).

Ces survivances vivantes du passé constituent un énorme programme de réflexion que nous aborderons si vous le voulez, après coup, largement, in fine, en discussion.

Dans l’immédiat, contraints par le réalisme auquel doit satisfaire la présente publication, nous resserrerons notre texte à la question plus précise de la démocratie et du sarkozysme.

Dans le sarkozysme, comme d’autres l’ont déjà fait, nous avons repéré une mystique du chef, une mystique du vrai a-démocratique, une mystique du fait légal majoritaire : ces "particularismes" peuvent-ils résister à la présente crise, sommes-nous à la veille d’une radicale inflexion dans la pensée et la stratégie du sarkozysme ?

1. La question du chef dans le sarkozysme

Le "chef" est carrément quelque chose dans le sarkozysme. Cette idée que le chef est quelque chose puise son inspiration dans diverses sources possibles : dans l’histoire du Chat botté, dans le gaullisme de De Gaulle, dans l’empire napoléonien, dans les huit siècles de royauté et dans le fascisme mussolinien.

Ecartons d’emblée l’empire napoléonien qui finit deux fois lamentablement à Waterloo et à Sedan, écartons même l’empire romain qui reposait sur le choix du "meilleur", écartons De Gaulle et la monarchie qui avaient pour eux la grâce divine et le cri d’attaque très particulier de "Montjoie Saint-Denis". Que reste-t-il de pertinent ? Ne faisons pas injure à Sarkozy avec le fascisme, il reste le Chat botté.

Nous pensons que le régime pourrait s’infléchir, en élaguant beaucoup, en ne parlant plus à tout bout de champ "à la Ségolène" (la c’est la pique contre elle, mais plus long viendra le positif) : En se repliant sur une image plus modeste à la Garfield, le sarkozysme pourrait redevenir peut-être sympathique. Encore faudrait-il qu’il réussisse par ailleurs concrètement un tant soit peu ! Ce qui nous remonte carrément d’un cran à la mystique de la possession et de l’énonciation du vrai.

2. La question quasiment mystique du Vrai

Qu’est-ce que le vrai, vous le savez vous ? Au débotté comme ça, le vrai dans un esprit spécial rationaliste UMP c’est plutôt la relance par l’investissement, mais dans un esprit vox populi opposé, c’est la relance par la conso. Hérésie ! démagos ! affameurs du peuple ! salauds ! accapareurs entend-on aussitôt de façon libre-échangiste de part et d’autre. Bon, en fait, résumons, deux visions du monde s’opposent à propos de la vérité : celle qui met la vérité au-dessus des choses, au dessus des partis dans une sphère apolitique, indifférente à la démocratie, et l’autre thèse qui soutient que la vérité est toujours vérité relativement à quelque chose, que ce quelque chose soit appelé référent, point d’appui, centre, axe du regard.

Si tu centres sur la France ou si tu centres sur les Français, tu comprends que déjà ça peut tout changer du tout au tout. C’est pas le même tabac d’avoir pour référent l’Etat ou d’avoir pour référent le peuple. Dans les résidus proto-historiques qui continuent à jouer, l’Etat joue beaucoup, le peuple moins (et on te parle même pas du peuple en tant que plèbe !)

Le peuple n’est pas a priori le must des gouvernants. Or, une gaffe, une bêtise inconsidérée a été faite en 1958, à la ligne-article 2 de la Constitution, le législateur a disposé noir sur blanc que le principe de la France était le "gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple." Si, authentique ! : "pour" le peuple.

Sarko n’en est pas revenu, il l’a même fait relire trois fois à Guéant à haute voix. Cette finalité nettement démocratique l’a littéralement sidéré. Or Sarko est un homme conséquent : si la Constitution le dit !... Immédiatement il a fait filer 200 euros à tous les Français vraiment fauchés.

Cette inflexion du sarkozysme, après l’inflexion précédente sur la question du chef, c’est littéralement un bouleversement de la doctrine dont la potentialité n’est pas encore pleinement mesurée.

3. La question du fait légal majoritaire

D’autres choses antédiluviennes donc pèsent sur l’uptodate moment. Si le bonheur des gens est la finalité intrinsèque que l’on prétend, dans la réalité la "gouvernabilité" est de loin la préoccupation première, obsessionnelle, des gouvernants. La démocratie qui existait cinq siècles avant JC de façon très naturelle a dû être remaniée à l’époque moderne de sorte qu’on n’en reconnaisse au mieux que le mot. Le tirage au sort des ministres a disparu, les députés ont commencé à être scandaleusement payés, on s’est donné des chambres, des cours, et de nombreuses longueurs institutionnelles pour faire en sorte que le peuple ne commande pas vraiment et même pas du tout.

La légalité l’emporte sur la légitimité, la loi de la majorité l’emporte sur la justice et le bon sens. Heureusement vindieux y a eu la crise !

On pouvait pas continuer à imposer comme règle universelle la chance matérielle et la pensée bobo parisienne sur la galère des potos des zones 2 à 6 du RER : Une velléité de démocratie participative est apparue dans le sarkozysme (encore l’influence de Ségo, en bien cette fois !), Sarko a consulté les sondages, les syndicats et même un peu les Antillais. De là ressort un zeste d’évolution, la France de Nicolas c’est pas l’enthousiasme US pour Obama mais c’est déjà un premier pas.

On peut pas encore tout de suite demander à Sarko qu’il vire l’Assemblée, qu’il constitue un gouvernement d’union face aux problèmes, mais bon ! il a déjà dégagé out les enfantillages agités de Darcos et de Pécresse, c’est bien le signe d’une volonté, et si c’est une faiblesse c’est une bonne faiblesse pratique.

4. En définitive, le sarkozysme évolue-t-il vraiment ? et s’il évolue, son évolution est-elle crédible ?

Oui ! On répond court.

Oui le sarkozysme a certainement un intérêt majeur et objectif à rapprocher les intérêts communs non dits des formations de pouvoir, à savoir UMP, PS, Modem, PC, etc. C’est une question de survie ! du sarkozysme d’une part mais aussi du régime en son entier qu’on a prédéfini comme une démocratie passablement trichée tenant tantôt sur un pied tantôt sur l’autre dans un équilibre somme toute assez précaire. Une moitié de la France ne peut pas se satisfaire de bouffer alternativement l’autre moitié perdante une fois tous les cinq ans. Les cohabitations étaient une bénédiction, pas sur le plan de l’efficacité mais sur le plan de la paix sociale. Il va bien falloir reprendre ça, avec la concoction cette fois d’un très savant dosage. La Suisse arrive bien depuis longtemps à mettre au pouvoir et sa majorité et son opposition. La cote taillée avec les autres est un pari avantageux, Ségo vient de marquer une avancée phagocytable avec sa théorisation sur la prise en charge de la "dette des ménages."

Bien sûr, Garfield qui s’est toujours cru malin joue encore l’attente en donnant pour le moment juste un peu pour voir venir. Faudrait pas attendre trop longtemps, Grouchy peut faire défaut, Blücker peut arriver. Sur le plan formel Sarko Garfield retouche à des aspects formels, il se rend bien compte que le style trop exposé très blablaté doit être rectifié, qu’un premier ministre réel présente des avantages, car dans l’esprit de la 5e seul le premier ministre a le droit d’avoir l’air d’un imbécile.

Bref Sarko joue son avenir, la 5e république aussi.

Où faut-il repérer les autres alternatives possibles ?

5. L’hypothèse, les scenarii alternatifs

T’as de multiples germes d’avenir qu’il faut sans aucun doute regarder sans a priori de mépris, y a les décroissantistes, ceux qui font le bon des poubelles, ceux qui refusent qu’on nourrisse les protéines animales mangeuses de calories végétales, y a ceux qui veulent la pénalisation des sports d’hiver qui sont un invraisemblable scandale du gaspillage, y a enfin la donne nouvelle que constitue l’arrivée dans la bataille d’Olivier et du NPA.

Ce dernier important sujet sera l’objet de notre prochaine réflexion.

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Alain Serge Clary et les Inoxydables philosophes de l’Ocséna vous saluent bien !

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Les Pensées zaz de l’Ocséna

Ocséna, Organisation contre le système-ENA et pour la démocratie avancée

 http://ocsena.ouvaton.org

Messages

  • Je ne sais s’il faut vraiment croire à une évolution hyper-démocratique du sarkozysme.

    Finalement, y a guère qu’à Radio Courtoisie qu’on se demande, semble-t-il, si Sarkozy n’est pas un authentique bolchevique.

    • Sur l’antinomie masculin féminin.
      « Les rouages sexistes du langage politique en France » (Libération)
      http://www.liberation.fr/sciences/0...
      On lira sans doute avec attention l’intéressant article concernant les recherches de Béatrice Fracchiolla :

      "Je travaille sur la violence verbale faite aux femmes dans le domaine de la politique....

      je me suis penchée sur la question du rapport entre les genres. Bien que les partis écologistes s’en défendent, les représentations sont toujours sexuées, surtout s’il y a des enjeux de pouvoir. Je me suis ensuite intéressée au débat télévisé, unique dans notre histoire politique, entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal....
      Mais ce qui est le plus frappant dans cet échange, c’est la façon dont Nicolas Sarkozy utilise de manière détournée la politesse pour renvoyer en permanence au fait que son adversaire est une femme."

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      Ca ne nous étonne pas ! Cette survivance regrettable provient sans doute directement des cavernes. Comme en provient l’intérêt inexorable pour la seule moule d’une fille en minijupe même major par ailleurs de l’ENA ou de Polytechnique.

      NB1 : Notre société, ainsi qu’on disait, est encore sur bien des plans très très rudimentaire, il n’est a priori pas forcément avantageux d’être née femme. En dehors de la question des genres, il n’est d’ailleurs également pas avantageux d’être né ou née : moche, gros, grosse, bigleux, bigleuse, poil de carotte, albinos.

      NB2 : Albinos est notamment très chiant ! Tu sens toujours dans le regard la question non dite indécente.

    • "Foule au Grand Palais pour la collection Bergé-Saint Laurent" (l’Express.fr)

      En cette période de crise, c’est trop ! halte à l’hyper-déblocage culturel en France !

      Même Pierre Bergé sur ce coup-là commence un peu à nous faire chier.

      NB1 : on a dit "un peu", c’est raisonnable !

      NB2 : Mais ça veut quand même dire que ça "commence" !

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      -Ca veut dire alors qu’on ferme peut-être la culture ?

      -Non ! mais ça veut dire franchement qu’on peut sans complexes laisser fermer certains journaux.