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Cesare Battisti : double de la lettre adressée à Télérama

Publie le vendredi 9 juillet 2004 par Open-Publishing

de Marie-Christiane Arnaud

Je vais avoir 60 ans et je lisais déjà Télérama ou son prédécesseur chez mon oncle curé. Depuis, j’ai abandonné la religion, mais je suis restée fidèle à Télérama auquel je suis abonnée, sous mon nom ou celui de mon conjoint Christophe Giard depuis 30 ans.

Pour la première fois, je songe à me désabonner.

Il se trouve que je fais partie des amis de Cesare Battisti et que je connais bien les détails de son histoire.

Un journaliste m’a fait remarquer récemment : si le journal auquel tu te réfères traite de façon incorrecte les sujets que tu connais bien, quelle confiance peux tu lui accorder quand il traite de sujets que tu ignores ?

En effet...

Je ne parle pas d’opinion : je suis souvent en désaccord avec vous sur ce plan, et çà ne me gêne pas. Je parle d’honnêteté et de vérification des informations. Et aussi de ce qui est à mon avis impardonnable car çà embrouille le lecteur, d’un mélange mal défini entre informations, erreurs,insinuations et opinions.

C’est exactement ce que je trouve dans votre dernier article sur Cesare Battisti :

Ca commence par un film (un film, c’est de la fiction, le savez vous ?).

Ensuite, à propos du livre initié par Fred Vargas : "les premières lignes ne mentent pas" : cela sous entend, sans le dire queles suivantes mentiraient ? Or, si ce livre a pu être attaqué sur ce qu’il n’a pas dit, il semble bien que personne n’ait contesté les informations qu’il donne. Sauf sournoisement, sans le dire, comme vous.

Cà continue par l’ironie "l’exergue intimide ! Osons tout de même etc... " et par l’amagalme : "380 morts et 2000 blessés".

Je suis foncièrement hostile à la peine de mort, et le droit de tuer, je ne reconnais ni à un état, ni à un militant de quelque bord qu’il soit. Pourtant, mettre dans le même sac les attentats aveugles et de masse de l’extrême droite et les meurtres commis par des militants d’extrême gauche, est-ce correct du point de vue journalistique ou historique ? Marc Lazar, que vous citez largement, fait le même amalgame, certainement pas innocent, et il reproche par ailleurs à Fred Vargas, dans son historique de la "stratégie de la tension" de n’avoir parlé que des actions de l’extrême droite. Incomplet, certes, mais c’est un plus (que j’ai apprécié) par rapport au chiffre fourre-tout qu’il répète inlassablement et que d’autres répètent sans se poser de questions.

Vous répétez vous aussi, après Marc Lazar et sans rectifier, que la "doctrine Miterrand" excluait les crimes de sang... Je vous renvoie au Monde du 2 juillet, qui publie les propos de Maître Jean Pierre Mignard et qui semble bien connaître la question.

On continue : "une formidable entreprise de délégitimation (...) non à cause de ce qu’ils disaient (...) mais (...)à cause de ce qu’ils étaient. Vous ne faites pas çà, vous, en tant que journalistes, de repérer qui parle, qui écrit, pour juger de la fiabilité d’une parole ?

Je n’envisage même pas de me priver de cette info supplémentaire et indispensable dans ma vie privée.

Par exemple, je me référais à Télérama et au Monde lorsque je doutais, et bien sûr je n’y accordais pas le même crédit qu’au Figaro ou au Front National.

Mais sans doute j’avais tort. Ou plus exactement, j’avais raison, puisque je me référais et continue de le faire, à ce que je savais ou croyais savoir de vous.

Et si je vous ai écrit ce texte interminable, c’est au Télérama que vous étiez que je l’écris, pas à celui que vous êtes devenu.