CONTRE la nouvelle mode de dénigrement des refoulés

de red1917

J’adresse cette lettre à tous mes amis refoulés.

Ces derniers temps, le terme freudien a rejailli tel une cinglante gifle contre tous ceux qui avaient le toupet de vouloir donner un avis sur Internet.

J’accepte donc avec plaisir et volupté le costume du refoulé.

Refoulé : Celui qui empêche ses désirs, notamment sexuels, de se réaliser pour des raisons obscures et freudiennes.

Le problème numéro un, ami(e) refoulé(e), c’est donc de t’obliger à lire cet article, dont le contenu est clairement désirable et sexuel.

Tu le verras au fil des paragraphes, et je m’excuse à l’avance du trouble que cela te poseras.

Internet est vraiment ce que j’ai toujours désiré, c’est à dire une fenêtre sur le monde qui ne soit pas une porte ouverte ou fermée selon un reglement de bonne conduite.

Evidemment, en tant que refoulé, c’est vers les désirs (surtout sexuels) que je me dirige le plus naturellement, avec malheureusement la même deception qu’on éprouve après avoir acheté une revue spécialisée dans un sex-shop.

Certains opposent la manie de tripoter le clavier à une saine vie tournée vers les plaisirs de la vie réelle.

Mais en fait, entre 8h00 et 17h00 du lundi au vendredi, on se fait clairement chier dans la réalité.

J’aimerai être un écrivain, mais après avoir lu Vian, Dick, Asimov, Andrevon, les mots me manquent.

Mais contrairement aux professionnels de l’écriture (Ecrivains avec un grand E), du journalisme (Avec un gros salaire), de la politique (avec une retraite a vie), mon refoulement c’est justement que je veux trouver sur Internet tout ce qui est absent des médias investis par les non-refoulés.

Vous avez vu comme moi ces gens célèbres qui parlent d’eux à la télé avec tant de modestie, et à qui aucun speaker ne dit "Oh Ta gueule !!!", comme dans un sketch célèbre des Monty python.

Les gens sérieux (qui viennent juste par hasard au moment de la sortie d’un nouveau livre, CD, DVD, spectacle, boite de conserve, forfait FreeBox Illimité) sont totalement épanouis et se demandent comment les refoulés peuvent éprouvés le besoin de lire, regarder, desirer autre chose que de les applaudir.

Alors en tant que refoulé en chef, j’ai une première hypothèse, c’est que j’ai des gouts douteux.

D’une part je suis pas sûr de voir être célèbre selon la définition contemporaine actuelle.

Je dis pas que je suis pas génial, je dis juste que Charles Bukowski aurait actuellement du mal a tenir 10 secondes sur un plateau télé à TF1.

Mon ressentiment, mon amertume (certain m’appellent l’amer denis, ce qui provoque en moi des spasmes de haine) c’est que personnellement je trouve que les professionnels de la litterature, de la télé, de la radio, et d’ailleurs de tous les domaines, m’ennuient profondément.

C’est sans doute cette raison profonde qui m’attire vers des réseaux de frustrés qui veulent produire quelque chose d’autre, sans bien sûr être capable de le faire d’une manière structurée et professionnelle.

C’est pour ça qu’on est des amateurs, bande de refoulés idiots.

On aime, mais on sait pas trop bien quoi, en tout pas pas à priori la réalité ambiante.

Les nombreux Blogs, Sites persos, Portraits personnels disponibles sur Internet dénotent selon moi le désir de la découverte d’autres horizons que ceux de la promotion d’une nouvelle compilation des pensées des professionnels de la rédaction légale.

Autre chose que les reflexions géniales de jacque Attali, pour ne citer que lui.
(Séguela c’est trop simple en ce moment).

Alors refoulés de tous les pays, unissons nous et continuons à ne plus lire, regarder, acheter les productions des non-refoulés qui nous regardent avec cette superbe morgue des sans-complexe parvenus.

Acceptons notre médiocrité, et la quasi impossibilité d’être interessant, mais ne renonçons pas à produire gratuitement des articles amateurs de refoulés, qui seront les derniers contre-point à une culture globale planifiée, avec dates de sortie prévues des mois à l’avance en fonction des profits envisagés.

Je vous invite, refoulés de tous les pays, a continuer à produire les désirs incertains qui sont les votres, à ne jamais céder à la tentation d’accepter le non-refoulement des télévisions obligatoires.

Bellaciao est un espace de liberté, utilisez le !

Bref, pour conclure, cet obscur objet du désir, produisez-le, ne l’achetez pas !