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Un réfugié italien indique à Jacques Chirac qu’il se livrera à l’Italie si Cesare Battisti est extradé

Publie le vendredi 16 juillet 2004 par Open-Publishing

Un réfugié italien indique à Jacques Chirac qu’il se livrera à l’Italie si Cesare Battisti est extradé

de Ariane Chemin

Oreste Scalzone remet entre les mains du président "ce qui reste du destin de ses camarades".

C’est "la" figure des Italiens réfugiés en France, l’un des premiers arrivés, à l’été 1981. Mercredi 14 juillet, Oreste Scalzone s’est rendu à l’Elysée pour remettre aux huissiers une lettre ouverte à Jacques Chirac. Si l’avis favorable à l’extradition de Cesare Battisti - condamné par son pays à la prison à perpétuité pour quatre meurtres pendant les "années de plomb" -, rendu le 30 juin par la cour d’appel de Paris, est confirmé par la Cour de cassation et le Conseil d’Etat, Oreste Scalzone se constituera prisonnier en allant frapper à la porte d’une prison italienne avant la prescription de sa peine, en octobre, explique-t-il au chef de l’Etat.

"Monsieur le président (...) Il s’agit presque (...) d’un ultime recours au moment où des annonces et des décisions semblent sonner le glas de "l’asile de fait" dont ont pu bénéficier des centaines d’homme et de femmes en fuite d’Italie, et présager le passage à "l’asile défait"", écrit Oreste Scalzone à M. Chirac qui, le 2 juillet, avait prévenu qu’il répondrait "favorablement à une demande d’extradition". Condamné en 1988 pour "tentative d’insurrection armée contre le pouvoir de l’Etat", M. Scalzone propose de "mettre en gage -sa- liberté en renonçant à la prescription de -sa- peine qui interviendrait à l’automne prochain et en -se- livrant à la justice de -son- pays pour son exécution".

M. Scalzone estime qu’il représente une sorte de "symbole". D’abord parce qu’il a été "accusé par la justice italienne d’être un des principaux meneurs d’une tentative d’insurrection armée contre l’Etat". Et parce que, à l’époque, il avait convaincu ses amis italiens de se signaler et "de vivre à visage découvert". Très affecté par l’extradition de Paolo Persichetti, en 2002, Oreste Scalzone se sent responsable. "Comment imaginer que je puisse (...) regarder impassible passer les charrettes d’extradés sans comprendre que ce serait là me demander bien davantage que le sacrifice de ma liberté."

Lundi 12 juillet, sur France 3, Cesare Battisti avait demandé à l’Italie de lui "refaire un procès mais alors avec des observateurs internationaux". "Parce que moi, je me méfie de la justice italienne",a-t-il ajouté. "Je vais faire face à l’histoire. Je suis prêt à tout faire si on me fait un procès équitable, mais ce n’est pas possible : en Italie, ça n’existe pas", a-t-il ajouté. Sans nier avoir pris les armes, M. Battisti a expliqué : "Ce qu’on m’attribue, c’est n’importe quoi, parce qu’un homme seul n’a pas fait toutes les actions dépendant d’une organisation."

Plus de 500 personnalités, parmi lesquelles Philippe Sollers, Régine Desforges, la chanteuse Lio, le cinéaste Claude Chabrol, l’humoriste Guy Bedos, l’écrivain et médecin Martin Winckler ou Danièle Mitterrand, ont appelé à nouveau mardi M. Chirac à refuser l’extradition de l’ancien activiste et "de tous les réfugiés italiens". La Ligue des droits de l’homme et l’écrivain Fred Vargas invitent aussi à créer partout des "comités contre l’extradition" de l’écrivain de polars.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-372716,0.html