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ITALIE - Bossi quitte le gouvernement

Publie le mercredi 21 juillet 2004 par Open-Publishing

de Carlotta Ranieri

Le leader de la Ligue du Nord, Umberto Bossi, dit adieu à Rome pour siéger au Parlement européen de Strasbourg. Son parti restera cependant dans une coalition Berlusconi qui semble en sursis.

Umberto Bossi, le bouillant leader de la Ligue du Nord, a décidé de siéger à Strasbourg après avoir été député au Parlement italien pendant dix-sept ans. Il quitte également son poste de ministre des Réformes, qu’il occupait depuis trois ans. Il s’estime trahi par ses partenaires de la Maison des libertés (la coalition de Berlusconi), qui n’auraient pas "tenu leurs promesses" de réformes.

Bossi europarlementaire ? En réalité, l’homme se trouve encore dans la clinique de Lugano (Suisse), où il doit se remettre de son "incident cardiaque", survenu le 11 mars dernier. Mais la décision de Bossi ne serait pas dictée par son état de santé, estime Massimo Franco dans le Corriere della Sera ; il s’agirait d’une "démonstration de conscience" : "le leader de la Ligue ne pouvait pas continuer à être un ministre invisible". Il s’agit, selon Franco, de "l’ultime tentative pour sauver ce qui reste de l’axe du Nord".

Le départ de Bossi représente un nouveau coup dur pour le gouvernement, dont le dernier sursaut est attendu par certains en septembre, quand des élections anticipées pourraient être annoncées. Le système berlusconien a du mal à rester uni à cause "des compromis, des promesses manquées, de la tentative de donner raison à tour de rôle aux membres de la coalition, en perdant le sceptre du commandement", d’après l’analyse d’Ezio Mauro dans La Repubblica. Ce qui vient à manquer est surtout, explique Mauro, "la capacité de leadership d’un Cavaliere obsédé par la réduction des impôts et prisonnier d’un projet politique qui n’existe plus".

Mais la démission de Bossi marque également le départ d’un ténor de la scène politique italienne. C’était, pour reprendre les mots de Francesco Merlo, également dans La Repubblica, un homme "folklorique", "aimé par les chroniqueurs et les intellectuels pour son authenticité, son franc-parler, ses chemises incroyables, ses cols et ses cravates en opposition idéologique". Cet "étrange député se présentait à Montecitorio [siège de la Chambre des députés] avec l’air dissipé de quelqu’un qui vient de se réveiller dans une grange ou qui habite de manière permanente dans une Cinquecento, les cheveux toujours gras de fatigue, même après le shampooing... et son pauvre discours était semé d’anacoluthes"...

Inventeur de la Padanie, cette Italie du Nord dont il prônait l’indépendance, et de l’expression "Roma ladrona" (Rome la voleuse), "Bossi était entré sur la scène politique comme un cracheur de feu et en sort comme une Cendrillon", conclut Merlo, "un pauvre diable qui essaye de vendre sa maladie comme le dernier de ses tapis".

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