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Baisse possible du Livret A : Faire payer la crise par ceux qui n’en sont pas la cause

Publie le lundi 6 avril 2009 par Open-Publishing
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Alors que les dirigeants du G20 envisagent de débloquer jusqu’à 1.000 milliards de dollars pour l’économie mondiale en utilisant les ressources et les moyens du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), une information a retenu notre attention : La possible nouvelle baisse de la rémunération du Livret A

Etant donné les niveaux très bas des taux d’intérêts de la Banque centrale européenne (BCE) et de l’inflation, "la logique nous amènerait quelque part entre 1% et 2%, mais je ne sais pas encore quelle décision nous prendrons", a déclaré Mme Lagarde au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI.

Cette déclaration fait suite à celle du gouverneur de la Banque de France qui préconise de diminuer le taux du Livret A, actuellement fixé à 2,5 %, dès le 1er mai. Si l’on appliquait aujourd’hui la formule mécanique de calcul, le taux devrait être divisé par 2, à 1,25 %. Il pourrait même passer sous le seuil des 1 % si l’inflation reflue en mars, comme le prévoit l’Insee : celui-ci table sur 0,3 % de progression des prix en glissement annuel en mars, contre 0,9 % en février, et anticipe même une inflation négative pour l’été ... / ...

En clair, on nous refait le coup des prévisions "foireuses" pour diminuer le rendement du seul placement sécurisé des français.

Ces annonces aussi sybilines qu’elles puissent paraître, risquent d’avoir, en cas d’application, un impact énorme. En effet, il existe aujourd’hui 46 millions de livrets A ouverts en France. L’an dernier, les Français ont massivement souscrit dans ce placement, ouvrant plus de 2 millions de nouveaux livrets, pour un total de 46 millions de livrets en circulation et 139,2 milliards d’euros d’encours. Et sur le seul mois de janvier 2009, la collecte a atteint un nouveau record, à 19 milliards d’euros. Selon la Banque de France, la collecte nette (liée au Livret A) a atteint 18,7 milliards d’euros en 2008. Fin décembre.

Le livret A a bénéficié d’un taux rémunérateur de 4% entre le 1er août 2008 et février 2009. Depuis, ce taux a été ramené à 2,5%. Une baisse aussi importante serait du jamais vu puisque le taux du Livret A n’est jamais descendu sous le seuil des 2 % depuis que les statistiques de la Banque de France existent (1966).

Nous aimerions rappeler que le livret A est depuis 2009 disponible dans tous les établissements bancaires. Les sommes qui leur ont été apportées sont assez considérables. Ainsi :

 Le Crédit agricole : quelque 2,6 millions de Livrets A ont été ouverts depuis le 1er janvier, pour une collecte supérieure à huit milliards d’euros, a-t-on appris auprès de la Fédération nationale du Crédit agricole, qui précise qu’il "faudra ajouter à cela un certain nombre de transferts".
 La Société générale : Plus d’un million de Livrets A ouverts fin janvier pour une collecte de 2,5 milliards d’euros.
 La BNP Paribas : un million de Livrets A ouverts pour un montant collecté de deux milliards d’euros.
 Banque populaire : 570.000 Livrets A ont été ouverts depuis début janvier pour un montant de dépôts atteignant 1,6 milliard d’euros. (chifres communiqués par les établissements bancaires)

Vous noterez au passage que les établissements cités ci-dessus ont été exposés à des opérations ou placements "litigieux", des pertes colossales et on tous reçu de l’argent des pouvoirs publics. Ce pur scandale est justifié de la façon suivante par Christine Lagarde :

La décision "sera prise plus tard puisque je ne serai saisie que quatre jours ouvrés après le 15 avril", c’est-à-dire le 20 avril au plus tôt, a précisé la ministre. "J’attends d’être saisie par le gouverneur de la Banque de France. Je n’ai pas encore reçu de recommandation du gouverneur de la Banque de France. Je n’ai rien encore sur mon bureau." En tout état de cause, a souligné Mme Lagarde, la rémunération du livret A est toujours supérieure de 0,25% à l’inflation, donc "l’épargnant est toujours garanti contre l’inflation" et cela reste "un placement sûr et solide"

Dilemme politique. En effet, si le gouvernement reste arc bouté sur son bouclier fiscal il va avoir du mal a justifier une baisse de la rémunération des livrets A qui représentent pour énormément de français le seul outil d’épargne, voir de trésorerie.

Néanmoins, ce que ne disent pas monsieur Noyer et madame Lagarde, c’est que si le taux directeur de la BCE est ramené de 1,5% à 1,25% (un nouveau plus-bas historique) ... / ...Pour autant, si la baisse des taux directeurs fluidifie le marché, elle n’a normalement pas de conséquences directes sur les crédits à taux fixes. La baisse consentie ce jour par la BCE ne devrait donc pas jouer significativement sur le coût des crédits immobiliers à taux fixe. "Nous n’attendons pas de baisses significatives des crédits immobiliers à taux fixes dans les prochains mois explique Frédéric Senan, directeur général délégué chez meilleurtaux.com.

Ce qui signifie que si les acheteurs souhaitent souscrire (dans la mesure ou leur banque l’acceptent) un crédit pour l’achat de leur habitat, ils devront plutôt se tourner vers des taux variables dont on sait qu’ils ont été à la source du krach des "subprimes". Une fois de plus, c’est au client de prendre les risques

On peut pourtant craindre le pire pour l’épargne populaire, puisque Claude Guéant a déclaré : "Le problème se posera à nouveau, comme il s’est posé il y a quelques semaines, puisque le taux du livret A évolue en fonction, d’une part, de l’inflation et, d’autre part, des taux d’intérêt qui sont pratiqués sur le marché. Il se trouve qu’il n’y a plus d’inflation actuellement, donc le problème se pose "

Plus d’inflation ? Mais, c’est vrai que monsieur Guéant habite à l’Elysée et ne partage pas au quotidienne la vie des français ... par contre, dopés par l’arrivée des 1000 milliards de dollar et la baisse sur taux directeur de la BCE, le CAC 40 a gagné 4,16 % et s’approche du seuil des 3 000 points.

Moralité : Ceux qui prétendaient que les décisions prises au G20 ne seraient pas visibles rapidement par les français avaient tord !!! Le gouvernement français n’a pas su faire payer les gros, madame Lagarde fera payer les petits. Après "travailler plus ..." et son piètre résultat, nous aurons " épargner plus pour recevoir ... moins "

De toute façon, comme l’expliquait hier Jacques Attali à l’émission Riposte : " soit ça redémarre et les banques en seront les bénéficiaires, soit ça dérape et ce seront les contribuables qui en feront les frais "

Alors .....

Slovar les Nouvelles

http://slovar.blogspot.com

Sources et crédits

La Tribune

Yahoo Finances

Les Echos Patrimoine

Le Figaro Placement

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