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Maroc : Casablanca menacée d’asphyxie par une grève dans les transports

Publie le lundi 13 avril 2009 par Open-Publishing

La capitale économique du Maroc, Casablanca, est menacée de paralysie par une grève des chauffeurs de taxis et des transporteurs routiers entamée il y a près d’une semaine contre un vaste projet de réforme du code de la route.

L’épreuve de force est engagée entre le ministre des Transports Karim Ghellab et les grévistes, hostiles à la mise en place d’un permis à points et à des peines de prison en cas d’infractions graves.

Au Maroc, pays d’environ 31 millions d’habitants, la "guerre des routes" coûte la vie à 10 personnes quotidiennement en moyenne, selon des chiffres officiels.

En 2008, quelque 4.000 personnes ont trouvé la mort sur les routes marocaines, un bilan qui ne cesse d’augmenter et coûte cher : 11 milliards de dirhams (1 milliard d’euros), soit 2% du PNB.

Depuis le 6 avril, la majorité des petits taxis rouges (trajets interurbains) et des grands taxis blancs (trajets extra-muros) ont arrêté de travailler. Mercredi dernier, selon le quotidien L’Economiste, proche des milieux d’affaires, seuls 44 taxis ont roulé sur les 6.640 en circulation.

Les grévistes réclament le retrait pur et simple de la réforme.

La tension monte entre grévistes et non-grévistes, et les rares taxis qui travaillent masquent leurs plaques d’immatriculation pour éviter des représailles.

En temps normal, se déplacer en voiture à Casablanca - ville tentaculaire de plus de 3 millions d’habitants (chiffres officiels de 2007, sans doute largement dépassés aujourd’hui) - est déjà un cauchemar. Circulation anarchique, indiscipline généralisée des automobilistes et des piétons, parkings insuffisants, chaussées souvent en mauvais état...

Avec la grève, la ville et ses faubourgs sont tout simplement menacés d’asphyxie.

Faute de taxis, les bus - seuls transports en commun en attendant un tramway encore à l’état de projet - sont pris d’assaut par des usagers excédés. "Ils sont bondés toute la journée, cela entraîne beaucoup d’altercations et fait le bonheur des pickpockets", confie à l’AFP une jeune Française en stage à Casablanca.

Les syndicats du secteur des transports semblent divisés mais l’impact sur l’économie commence à se faire sentir.

Le port de Casablanca tourne au ralenti et le marché de gros, qui reçoit habituellement un millier de camions par jour, n’en "traite" plus aujourd’hui que la moitié.

Selon L’Economiste, plusieurs usines de la région sont arrêtées et 20.000 salariés sont au chômage technique.

"Nous ne comptons pas nous arrêter en si bon chemin", affirme le secrétaire général du syndicat des chauffeurs de taxis, Mohammed El Harrak, cité par le quotidien Al Bayane (socialiste).

Karim Ghellab ne voit aucune justification à cette grève et rappelle que le projet de nouveau code de la route a déjà fait l’objet de 275 amendements lors de son passage devant la Chambre des représentants.

Il souligne que le texte est maintenant examiné par la Chambre des conseillers, où siègent des représentants du patronat et des syndicats. Le dialogue continue donc et, dit-il, "personne - ni la rue, ni le gouvernement - ne peut imposer son opinion à l’institution législative".

Le ministre ajoute qu’il "respecte le droit de grève mais déplore les agissements des grévistes qui s’attaquent aux biens et à l’intégrité physique des non-grévistes".

L’hebdomadaire La Gazette (indépendant) dénonce pour sa part "une grève mafieuse" à propos d’un projet de code de la route "qui a battu un record mondial de concertations démocratiques".