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Hôpital, enseignement supérieur, l’équipe Fillon peine à convaincre

Publie le vendredi 15 mai 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Un gouvernement empêtré
Bernard Delattre
Correspondant permanent à Paris

Hôpital, enseignement supérieur : l’équipe Fillon peine à convaincre.

Nouvelle journée de mobilisation syndicale en France, jeudi.

Manifestations, arrêts de travail et blocages ont simultanément touché l’enseignement supérieur et la santé. Deux secteurs qui, depuis des semaines, combattent des projets de réforme qui, décidément, ont du mal à passer.

Cette contestation a même pris une tournure historique. Dans les universités, les blocages ont débuté il y a près de quatre mois : une mobilisation d’une longueur jamais vue depuis des lustres. Pour la première fois depuis Mai 68, quelque 300000 étudiants ne pourront vraisemblablement pas passer leurs examens de fin d’année dans des conditions normales. En outre, ces derniers jours, des heurts ont opposé grévistes et non grévistes sur des campus, où les CRS ont dû être déployés. On n’avait plus vu cela depuis la fronde de la jeunesse contre le Contrat première embauche (CPE), qui, en 2006, avait fait plier le président Chirac. Dans le même temps, le monde de la santé est en proie à une mobilisation sans précédent. Qui a vu notamment - première dans les annales - les 25 plus grandes sommités de la médecine hexagonale demander au gouvernement de retirer son projet.

Celui-ci vise, outre rationaliser une carte hospitalière aujourd’hui géographiquement mal répartie, à moderniser la gouvernance des hôpitaux pour les sortir enfin de leurs déficits abyssaux. Le corps médical et les autorités locales verraient leurs pouvoirs réduits, ou du moins très encadrés, par des gestionnaires eux amenés à rendre des comptes et censés plus efficaces et moins dispendieux. Le projet de réforme braquant l’enseignement supérieur ambitionne lui aussi une gestion plus souple et moderne, par le passage notamment des universités à un régime d’autonomie. Les deux réformes partagent aussi la volonté de décloisonner secteurs public et privé. Par exemple, en reconnaissant mieux le rôle joué dans les soins de santé par les 900 cliniques privées du pays ou en faisant entrer les entreprises, via des fondations, sur les campus.

La fronde contre ces deux textes est massive. Le gouvernement la réduit à des baronnies bousculées dans leur conservatisme et/ou à une minorité agissante d’extrême-gauche. Cette explication n’est pas totalement fausse, mais elle est très partielle.

Sur le fond, ces deux réformes assez techniques ne régleront que peu, dans l’immédiat en tout cas, les problèmes concrets auxquels est confrontée la population : encombrement des urgences hospitalières, renchérissement de l’accès financier aux soins de santé, conditions dégradées de logement et d’étude des étudiants, etc. L’opinion peine donc à y adhérer. Et, sur sa faim, n’est pas insensible au grand slogan de l’opposition, selon lequel le pouvoir cherche avant tout à soumettre deux piliers du service public à "une logique comptable". Ensuite, le cheminement de ces deux textes a été entaché d’innombrables maladresses : déclarations martiales puis concessions non avouées, petites phrases provocantes, etc. Quant au processus d’examen parlementaire, il a crispé y compris des pontes de l’UMP. Enfin, vu l’austérité budgétaire, rares sont les besoins de moyens, y compris quand ils sont criants et font l’unanimité, qui peuvent être rencontrés. Ce qui ne constitue pas un cadre motivant. "A quoi me servira l’autonomie de gestion si, faute de moyens suffisants, cette autonomie reviendra à gérer la pénurie ?", résumait un président d’université, jeudi.

Après le parcours si chaotique de la fameuse loi Hadopi sur la création et Internet, après les reculs successifs sur la réforme des lycées, le gouvernement Fillon donne donc en ce moment l’impression d’être victime d’un essoufflement réformateur assez généralisé. Le climat économique délétère n’arrange rien. Tout comme l’ambiance pesante qui règne au sein d’un gouvernement assez à cran à l’approche d’un énième remaniement.

Messages

  • J’ai lu quelque part (lepost), que Sarko ne verrait pas d’inconvénient à ce que Bachelot donne sa démission ! Je croyais que le président-1er ministre pouvait démissionner ses ministres qui ne faisaient pas l’affaire ! Idem pour Pécresse et Darcos. A croire que Sarko a peur d’eux !

  • Ce vendredi soir, à Vannes, il faudra montrer patte blanche pour assister au meeting qui conclura la visite du Premier ministre François Fillon dans le Morbihan. La rencontre exclusivement réservée aux militants UMP et sympathisants se fera à huis clos. "La presse n’y aura pas accès", prévient Matignon. Il devrait y parler d’Europe mais, pour le reste, difficile d’en savoir plus.

    Aucun rendez-vous public

    François Fillon a soigneusement enlevé de son programme initial tous les rendez-vous où le public aurait pu l’interpeller. A commencer par la remontée à pied du port de Vannes jusqu’à la cathédrale avec le maire François Goulard. Il ne visitera pas non plus l’édifice religieux.

    Il a aussi annulé la table ronde sur l’agriculture à Locminé.

    Le programme reste cependant chargé. A 11 h, le Premier ministre se rendra en mairie de Locminé pour une rencontre avec les parlementaires, les élus du canton et les membres du conseil municipal. Ensuite, il visitera l’entreprise Ronsard à Bignan avant d’être accueilli à Carnac, de visiter les alignements du site mégalithique de Kermario. Puis en milieu d’après-midi, direction le conseil général, avant le meeting au Chorus à 18 h, devant un millier de militants.

     Ouest France du vendredi 15 mai 2009