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Etats-Unis : les fondements de l’alerte anti-terroriste vacillent

Publie le mardi 3 août 2004 par Open-Publishing

de Judith RUEFF

« Il n’y a rien de nouveau dans ce que nous apprenons en ce moment. » C’est un officier des renseignements cité par le « Washington Post » qui l’affirme, alors que New York, Newark (sa banlieue résidentielle dans le New Jersey) et Washington sont en état d’alerte depuis deux jours par crainte de possibles attentats d’Al Qaeda. Le quotidien américain, tout comme son confrère le [« New York Times »-http://www.nytimes.com/2004/08/03/politics/03intel.html], révèle que les informations qui ont déclenché l’alerte « orange » datent « en majorité sinon en totalité » d’avant le 11 septembre.

Sous couvert d’anonymat, plus d’une demi douzaine d’agents des renseignements ont affirmé aux journalistes du « Post » que les documents saisis en juillet sur un informaticien d’Al Qaeda arrêté au Pakistan datent « d’au moins trois ans ». « Ridge (Tom Ridge, secrétaire américain à la sécurité intérieure, ndlr) et d’autres responsables ont insisté dimanche sur l’urgence d’agir sur la base de renseignements fraîchement recueillis, mais hier une flopée de responsables ont fait clairement savoir à quel point ces renseignements étaient datés », écrit le journal. Les autorités américaines n’ont aucun élement prouvant avec certitude que l’espionnage des cibles potentielles par les terroristes a continué, poursuit l’article. D’autres sources expliquent que les infos des partisans de Ben Laden sur les immeubles qu’ils comptaient attaquer ont parfois été receuillies sur Internet ou sont tout simplement accessibles au public.

Selon le « New York Times », une conseillère de la Maison Blanche pour la sécurité intérieure a confirmé que les plans, photos et autres documents sur les cinq bâtiments officiels visés (dont la Bourse de New York, le siège du Fonds monétaire international et celui de la Banque mondiale) avaient été « compilés en 2000 et 2001 ». « Ce que nous avons découvert, c’est une opération de collecte de données, pas de déclenchement d’un attentat », affirme au quotidien un haut gradé de l’administration américaine.

A trois mois de la présidentielle aux Etats-Unis, les deux grands journaux de la côte Est n’agitent cependant pas la thèse d’une manipulation politique. « De nombreux fonctionnaires du gouvernement soulignaient hier que des informations, même vieilles de trois ans, couplées avec d’autres qui concernent les plans d’Al Qaeda pour attaquer les Etats-Unis, justifient la réponse sécuritaire dans les trois villes », précise le « Washington Post ». Même prudence dans le « New York Times ». Le quotidien, proche des démocrates, se garde pour l’instant de dire que Bush a tiré trop vite sur la sonnette d’alarme en pleine campagne électorale. « On pourrait dire que la majeure partie de ces informations est datée, mais nous savons qu’Al Qaeda amasse, amasse et amasse encore jusqu’à se sentir à l’aise », estime dans ses colonnes un haut responsable du gouvernement, qui tient également à souligner qu’« il y a des signes montrant qu’une partie de ces infos auraient été mises à jour ou seraient plus récentes ».

http://www.liberation.fr/page.php?Article=228180