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Les quatre Français de Guantanamo demandent leur libération

Publie le mardi 3 août 2004 par Open-Publishing

Les avocats des ex-détenus français de Guantanamo ont demandé mardi leur remise en liberté à la cour d’appel de Paris, expliquant que les quatre hommes rapatriés la semaine dernière voulaient "revenir à la vie normale".

Pour les défenseurs, leurs clients sont uniquement coupables de s’être "trouvés au mauvais endroit au mauvais moment". Lors d’une audience à huis clos devant Monique Radenne, présidente de la chambre de l’instruction, ils ont proposé leur placement sous un strict contrôle judiciaire.

Le parquet général s’est en revanche prononcé pour leur maintien en détention, invoquant des "risques de fuite, de trouble à l’ordre public, de concertation entre les suspects et de réitération des infractions".

Monique Radenne doit rendre sa décision mercredi matin.

Cette procédure engagée en "référé" (urgence) aboutit rarement. En cas de refus, le dossier sera réexaminé, sans doute dès la semaine prochaine, par la formation collégiale de la chambre de l’instruction, composée de trois magistrats.

Après leur retour mardi dernier du camp de prisonniers de la base américaine de Cuba, Mourad Benchellali, Nizar Sassi, Brahim Yadel et Imad Kanouni, capturés en 2001 et 2002 en Afghanistan par l’armée américaine, ont été mis en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et placés en détention pendant le week-end.

Comme la loi antiterroriste le permet en France, la justice les poursuit pour leurs séjours en Afghanistan en 2000 et 2001.

Mourad Benchellali, Nizar Sassi, Brahim Yadel ont reconnu s’être entraînés au maniement des armes dans des camps d’islamistes radicaux. Imad Kanouni a de son côté admis avoir suivi l’enseignement spirituel de religieux extrémistes.

Leurs avocats estiment que l’emprisonnement ne se justifie pas. Ils soulignent qu’ils ont déjà été privés de liberté durant trente mois par les Etats-Unis, sans accès à un avocat et dans des conditions qu’ils décrivent comme "inhumaines" en raison des mauvais traitements qu’ils auraient subi.

PREMIER VERRE DE COCA-COLA

"Mourad Benchellali est soulagé car la prison, c’est bien mieux que Guantanamo, mais il ne comprend pas pourquoi il est en détention. Il n’adhère pas au terrorisme, il sait qu’il a fait une erreur mais il est tombé dans un engrenage", a dit à Reuters Me William Bourdon.

"Lui et Nizar Sassi veulent rentrer chez eux et retrouver leur famille", a-t-il ajouté.

Originaires de Vénissieux (Rhône), Mourad Benchellal, 23 ans depuis juillet, et Nizar Sassi, 25 ans, sont partis en Afghanistan à l’été 2001 après avoir transité par Londres dans des centres tenus par l’extrémiste religieux Abu Doha.

Brahim Yadel, 33 ans, originaire de la banlieue parisienne et parti en Afghanistan en mars 2000 via Londres, a fini par raser sa longue barbe en prison.

Il a par ailleurs eu la satisfaction de "boire son premier verre de Coca-Cola depuis trois ans", a dit son avocat Jean-Baptiste Rozès.

"Il ne regrette pas être allé en Afghanistan mais considère que c’est un échec. Il a toujours été prêt à combattre pour défendre un régime islamique mais refuse le terrorisme. Il n’espère qu’une chose : retrouver une vie normale", a ajouté son défenseur.

Quant au franco-marocain Imad Kanouni, 26 ans, parti d’Allemagne en Afghanistan en mars 2000, son avocat Félix de Belloy soutient qu’il n’a jamais été impliqué dans des groupes armés. "Il ne fait pas partie des réseaux terroristes, il les refuse", a-t-il dit.

Libérés ou maintenus en détention, les quatre Français feront l’objet d’une enquête approfondie de la justice française, qui souhaite vérifier leur implication éventuelle dans d’autres dossiers.

Condamné par défaut en 2000 à un an de prison ferme pour sa participation à un projet d’attentat supposé contre la Coupe du monde de football en 1998, Brahim Yadel ne devrait pas, selon son avocat, demander à être rejugé, car il a déjà purgé cette peine durant l’enquête sur cette affaire entre 1998 et 1999.

Nizar Sassi et Mourad Benchellali, dont le père, la mère et un frère sont actuellement écroués dans l’enquête sur un présumé projet d’attentat contre des intérêts russes en 2002, ne peuvent être impliqués dans ce dossier pour des raisons de calendrier.

Quant à Imad Kanouni, il est susceptible d’être interrogé sur ses liens éventuels avec les membres d’un groupe ayant préparé à Francfort en 2000 un attentat à Strasbourg, mais son avocat estime que "les charges sont inexistantes". (Reuters)

 http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp ;jsessionid=...FR&storyID=5859523