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Bagnole électrique : Better Place va vendre du kilomètre électrique au détail

Publie le jeudi 28 mai 2009 par Open-Publishing
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Partenaire de Renault-Nissan, la start-up israelo-américaine basée dans la Silicon Valley veut bâtir un réseau mondial de stations services pour les voitures électriques de demain. Interview de Sydney Goodman, responsable des alliances automobiles chez Better Place.

La Silicon Valley, nouveau berceau de l’automobile ? Après le semiconducteur, les ordinateurs, les logiciels, internet, la biotechnologie et le solaire, la région de San Francisco est déjà à la pointe de la prochaine vague technologique : l’automobile électrique. Tesla Motors a déjà prouvé qu’il était possible de construire et surtout de vendre un bolide tout-électrique à plus de 100 000 euros. La jeune pousse de San Mateo vient récemment de dévoiler un prototype plus abordable... autour de 40 000 euros !
Mais le prix n’est pas le seul frein à l’adoption par le grand public des véhicules électriques. L’autonomie pèse aussi. Car une fois la batterie déchargée, il faut attendre au moins une minute par kilomètre à parcourir avant de repartir. C’est pour résoudre ce problème que Better Place est né avec l’ambition de bâtir un réseau mondial de bornes électriques et de mini-stations de remplacement de batteries. Pour financer ce projet à l’échelle planètaire, la start-up de Palo Alto - dont la R&D est basée en Israël - a levé près de 400 millions de dollars. Elle présentera le mois prochain, à Yokohama, le premier prototype de ses mini-stations. Les explications de Sydney Goodman, l’un des co-fondateur de Better Place, responsable des alliances automobiles.

Quel est le projet de Better Place ?
Notre vision est d’en finir avec cette dépendance au pétrole, en commençant par l’une des principales sources de consommation : la voiture. L’idée est de faciliter le passage aux véhicules tout électrique en créant un réseau de bornes de recharge et de mini-stations de remplacement de batteries, entièrement automatiques.
Comment comptez-vous créer ce réseau ?
En travaillant étroitemenent avec les gouvernements et les compagnies d’électricité.
Et pour les voitures électriques ?
Renault-Nissan s’en occupe et commercialisera les premiers véhicules compatibles avec le réseau Better Place dans 2 ans, à un prix d’environ 20.000 dollars.
Renault est aujourd’hui le seul constructeur automobile à participer au projet. N’est-ce pas un signe d’échec ?
Nous voudrions bien sûr avoir plus de constructeurs. Mais la réalité est que nous n’avons pas les ressources en interne pour gérer plus de partenariats de développement. D’autre part, le marché initial sera parfaitement couvert par la production de Renault. Enfin, l’alliance Renault-Nissan a monté une joint-venture baptisée AESC avec NEC afin de développer des batteries compatibles avec notre réseau. Et je ne serais pas étonné qu’AESC licencie sa technologie auprès d’autres constructeurs qui voudraient profiter du réseau Better Place, comme Toyota l’a fait pour sa technologie hybride.
Où en êtes vous dans la construction de ce réseau ?
Notre premier site pilote est en Israël où nous avons déjà installé 900 bornes de recharge. A la fin de cette année, nous aurons plus d’un millier de bornes et deux stations d’échange. Au moment du lancement, dans 2 ans, nous aurons 150.000 bornes et une centaine de stations qui couvriront tout le territoire.
Ce qui est bon pour Israël est-il forcément bon pour les autres pays où vous serez présents, comme le Danemark ou l’Australie ?
Considérez notre pilote en Israël comme une cellule, qu’il sera ensuite facile de répliquer dans le reste du monde.
Comment comptez-vous gagner de l’argent ?
A priori, notre projet peut sembler infaisable. Mais quand vous y regardez de plus près, c’est une véritable planche à billet. Imaginez Better Place comme une compagnie pétrolière 2.0, mais 100% écologique. Comme Total, nous allons vous vendre des kilomètres, à un prix fixe (environ 2 centimes au kilomètre, ndlr) si vous avez achetez une carte prépayée ou bien variable, à l’instar des fluctuations du prix de l’essence. Mais au lieu d’aller à la station d’essence, vous irez recharger votre voiture dans une de nos bornes ou bien échangerez votre batterie - un processus qui prend moins de 5 minutes - si vous devez effectuer un long voyage ou si vous avez oublié de la recharger. Pour cela, nous allons acheter de l’électricité renouvelable en gros, et la vendre au détail, avec une marge qui permettra de financer notre réseau, les batteries, etc. Pour être rentable, nous avons juste besoin de prendre 1% du marché local du parc automobiles. En Israël, où le parc est d’environ 2 millions de voitures, nous avons déjà pré-vendu 20.000 abonnements. Soit déjà 1%, deux ans avant même de lancer le service.
Votre réseau électrique sera-t-il compatible avec d’autres reseaux comme, par exemple, celui de Paris ?
Nous espérons qu’il y aura un standard pour les batteries et les bornes de recharge, comme le GSM pour les réseaux mobiles par exemple. Quelle que soit la marque de votre voiture électrique, vous pourrez venir la recharger sur notre borne. Si vous êtes un client Better Place, cette recharge sera déduite de votre forfait. Sinon, vous paierez une sorte de "roaming", à l’instar des réseaux mobiles. Sauf que nous ne vendons pas des minutes, mais des kilomètres.
Les stations d’échange de batteries fonctionneront-elles partout ?
Ça dépend des constructeurs. Aujourd’hui, seul Renault a adopté notre technologie de batteries amovibles. Mais, comme avec la Toyota Prius, une fois que le mouvement de masse vers le tout-electrique sera amorcé, d’autres suivront.
Le prix de remplacement des batteries ne sera-t-il pas exhorbitant, comme l’affirme Vincent Bolloré ?
En fait, le remplacement de la batterie sera plus l’exception que la règle. L’autonomie du véhicule - environ 160 kilomètres -, est largement suffisante pour la majorité des déplacements quotidiens, pour aller au travail, faire les courses, etc. L’échange aura lieu seulement pour les déplacements plus longs ou si vous avez oublié de recharger la batterie, durant la nuit par exemple. Mais cela prendra moins de 5 minutes dans une station d’échange. C’est donc plus rapide que faire le plein d’essence et 100% propre. Quant au coût de fonctionnement, il est certainement plus faible que de faire livrer de l’essence chaque jour par camion et d’entretenir une station traditionnelle.

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