Accueil > Le pari de Pyongyang

Le pari de Pyongyang

Publie le jeudi 28 mai 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

L’étrange dynastie stalinienne de Corée du Nord a récemment procédé à un test nucléaire de grande puissance et s’est livrée à une série de tirs expérimentaux de missiles de diverses natures. La réaction des Occidentaux a été immédiate : une vigoureuse condamnation verbale et des menaces de renforcement des sanctions contre un pays déjà isolé depuis des décennies.

Susan Rice, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, a notamment évoqué la possibilité d’intercepter les navires se rendant ou quittant les ports nord-coréens. Le frère ennemi du Sud et le Japon, s’estimant menacés, ont haussé le ton et font savoir, sur des registres variés, qu’ils sont prêts également à se doter de l’arme atomique.

Pyongyang ne semble pas impressionné par ce concert unanimement réprobateur et proclame que toute provocation sera le prélude à une guerre contre la Corée du Sud et ses alliés. Plus explicitement, les dirigeants du Nord considèrent que toute interception, fouille ou saisie d’un de leurs navires constituera un casus belli. Les Nord-Coréens vont plus loin en déclarant officiellement qu’ils ne se sentent plus tenus par l’accord d’armistice conclu il y a cinquante-six ans à l’issue d’un terrible conflit ayant directement impliqué les Etats-Unis et la Chine.

Le regain de tension suscité par l’essai nucléaire et l’activisme militaire nord-coréen sont la conséquence, selon nombre d’analystes, du blocage des négociations avec les Etats-Unis. La surenchère militariste de la monarchie communiste traduit l’exaspération croissante devant l’absence totale de progrès sur le plan diplomatique et le maintien des sanctions.

Si les Occidentaux emboîtent le pas aux Américains, la Chine et la Russie, qui ont eux aussi condamné le test nucléaire de la semaine dernière, sont beaucoup moins favorables au durcissement des sanctions. Pour les deux puissances voisines de la Corée, ces mesures affectent essentiellement la population. Leur aggravation pourrait précipiter la déstabilisation du régime de Kim Jong Il, elle-même susceptible de dégénérer en affrontement de première grandeur. Dans une telle hypothèse, les Chinois craignent en effet l’arrivée sur leur territoire de plusieurs millions de Nord-Coréens. De plus, Pékin ne souhaite en aucun cas que l’éventuel effondrement du régime de Pyongyang n’aboutisse à une réunification qui conduirait à une présence militaire américaine à ses frontières.

La stratégie agressive de Kim Jong Il est le moyen de se faire entendre par des puissances qui ne connaissent, selon lui, que le rapport de force. La diplomatie de puissance des Occidentaux sous conduite des Etats-Unis, fondée sur les embargos, les invasions et les boycotts, s’est révélée très largement contre-productive. Certes, le pari nord-coréen, très risqué, pourrait déterminer une guerre nucléaire, mais il est construit sur l’observation des usages occidentaux.

On peut n’éprouver aucune sympathie pour le régime nord-coréen. Il n’empêche que ce n’est ni par la diabolisation ni par la contrainte que l’on peut, l’expérience le démontre aux plus rétifs, espérer le soumettre. La négociation, le commerce et les échanges sont souvent bien plus efficaces pour pousser à l’évolution. C’est dans ce sens que le discours guerrier nord-coréen est la réponse du berger à la bergère.

 http://www.continentalnews.fr/actua...

Messages

  • Je ne suis pas un spécialiste de la corée mais les stals (ou les dictateurs) à un moment ou un autre il faut leur rentrer dedans, il n’y a que ça qu’ils comprennent.
    La diplomatie ça les a toujours fait rigoler : le plus grand exemple c’est hitler, tout le monde a été diplomate avec lui et on a vu le résultat.

  • Ce mec est capable de faire exploser sa bombe n’importe ou rien que pour faire chier le monde...
    Mais il est egalement innacceptable que certains pays occidentaux (tels que la france) condamne cela en ayant eux-même a leur disposition une arme de dissuasion. Faisons le menage chez nous avant de le faire chez les autres.

    Et puis, bien d’accord avec toi, charlelem, la diplomatie, ca ne reussit pas aux tirans. Mais alors, que faut-il faire ? Envoyer l’OTAN ? Laissez moi rire. Une bombe atomique sur le palais de Pyongyang, alors ? Ou trois balles dans le buffet...

  • Au moment ou se font jour les rumeurs de la mise en alerte niveau 2 des forces US (equivalent a la crise de Cuba), un rappel :

    « Réduire l’état d’alerte opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires »

    Texte de la résolution adoptée par la Première Commission de l’Assemblée générale des Nations Unies sur le désarmement et la sécurité internationale, par 134 voix pour, 3 contre** et 32 abstentions :

    63e session

    Première Commission

    Point 89 de l’ordre du jour

    Désarmement général et complet

    Projet de résolution présenté par le Chili, la Malaisie, la Nouvelle Zélande, le Nigeria, la Suède et la Suisse.

    « Réduire l’état d’alerte opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires »

    L’Assemblée générale,

    Rappelant sa résolution 62/36 du 5 décembre 2007,
     
    Rappelant que le maintien des armes nucléaires en état d’alerte élevée était une caractéristique des attitudes de la guerre froide et saluant l’amélioration de la confiance et de la transparence depuis la cessation de la guerre froide,
     
    Préoccupée du fait que, nonobstant la fin de la guerre froide, plusieurs milliers d’armes nucléaires demeurent en état d’alerte élevée, prêtes à être lancées en quelques minutes,
     
    Notant l’engagement accru de forums de désarmement multilatéral en faveur de nouvelles réductions du statut opérationnel des systèmes d’armes nucléaires,
     
    Reconnaissant que le maintien des systèmes d’armes nucléaires à un haut niveau de préparation opérationnelle augmente le risque d’emploi de ces armes, y compris un emploi non intentionnel ou accidentel, ce qui aurait des conséquences catastrophiques,
     
    Reconnaissant en outre que la réduction du nombre des armes déployées et l’abaissement de leur statut opérationnel contribuent au maintien de la paix internationale et de la sécurité en même temps qu’au processus de désarmement nucléaire, en renforçant la confiance et les mesures de transparence et en diminuant le rôle des armes nucléaires dans les politiques de sécurité,
     
    Saluant les initiatives bilatérales telles que le projet d’un Centre commun aux Etats-Unis et à la Russie d’échange de données sur les systèmes d’alerte avancée et de notification de lancement de missiles, qui peuvent jouer un rôle central dans les processus de réduction du statut opérationnel,
     
    Saluant aussi les pas faits par plusieurs Etats en vue de réduire le statut opérationnel de leurs systèmes d’armes nucléaires, notamment les initiatives de déciblage et l’augmentation du temps requis pour leur déploiement,

    1. Appelle à prendre de nouvelles mesures pratiques pour réduire la préparation opérationnelle des systèmes d’armes nucléaires, avec pour objectif de garantir que toutes les armes nucléaires sont retirées du statut d’alerte élevée ;

    2. Demande aux Etats d’informer l’Assemblée générale des progrès faits dans la mise en œuvre de la présente résolution ;

    3. Décide de rester saisi de la question.

    * Traduit de l’anglais par ACDN

    ** Votes contre : Etats-Unis, France, Royaume Uni.

    http://acdn.france.free.fr/spip/article.php3?id_article=456&lang=fr