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LES SANS PAPIERS ET LES EUROPEENNES

Publie le mardi 2 juin 2009 par Open-Publishing
3 commentaires

Paris, le 12 mai 2009

Destinataire : Parti de Gauche

Copie : Parti Communiste Français

Chers camarades,

Un désaccord politique important est apparu entre nos deux composantes au cours
de la réunion de validation nationale du matériel officiel qui s’est tenu le mardi 12 mai. En
effet, la revendication sur la question de l’Europe et de l’immigration est absente des
professions de foi des grandes régions Ouest, Est et Sud-Ouest alors qu’elle figure dans
les professions de foi des quatre autres grandes régions.
Cette revendication exprimait la nécessité « d’une stratégie européenne de co
développement, rompant avec l’Europe Forteresse et les directives de chasse au migrant,
pour la régularisation des sans papiers ». Cette formulation avait fait l’objet d’un accord
entre les trois composantes du Front de Gauche lors d’une réunion précédente de
validation du matériel officiel du lundi 11 mai. Il était convenu entre nous d’intégrer cet
élément supplémentaire dans les mesures présentées au verso des professions de foi.

Vous nous dites être d’accord avec la revendication mais qu’elle n’a pas sa place dans les
mesures à opposer immédiatement à la crise. L’argument est peu convaincant. Il l’est
d’autant moins qu’au moins une autre revendication figure dans la liste alors qu’elle n’a
pas plus d’effet immédiat sur la crise. Nous voudrions vous convaincre de la nécessité de
la faire figurer dans l’ensemble des professions de foi imprimées au nom du Front de
Gauche c’est à dire en notre nom à tous.

Votre décision maintenue de supprimer ce point qui faisait accord entre nous aurait des
conséquences politiques à deux niveaux.

D’abord elle affaiblirait la cohérence politique du Front de Gauche qui présenterait,
à cette échéance européenne, de fait des mesures programmatiques différentes suivant
les régions... Ce qui ne manquera pas d’être vu et interprété par tous ceux qui se
réjouiront de pointer des contradictions dans notre démarche.

 
Pourtant la question de l’opposition à la politique anti immigrés qu’elle soit menée par
Nicolas Sarkozy où à l’échelle européenne est une question politique centrale. La
présidence française de l’UE a été marquée par une aggravation majeure des politiques
restrictives concernant l’immigration. Alors que depuis plusieurs années, les luttes des
travailleurs sans papiers ou pour le droit à la scolarisation des élèves sans papiers sont
soutenues majoritairement par la population. La question de la pénalisation des « aidant »
est aujourd’hui au coeur de l’actualité politique.
C’est également une question politique décisive à gauche entre ceux qui s’adaptent à la
logique libérale et à la gestion des immigrés comme de simples « flux » de main d’oeuvre
et à une gauche qui se bat pour le respect des droits, les valeurs de solidarité, de justice.
Bref, il s’agit d’un « identifiant » politique pour le peuple de gauche sur lequel le Front de
Gauche a la responsabilité de se positionner dans sa présentation envoyée aux électeurs.
le soit menée par
Nicolas Sarkozy où à l’échelle européenne est une question politique centrale. La
présidence française de l’UE a été marquée par une aggravation majeure des politiques
restrictives concernant l’immigration. Alors que depuis plusieurs années, les luttes des
travailleurs sans papiers ou pour le droit à la scolarisation des élèves sans papiers sont
soutenues majoritairement par la population. La question de la pénalisation des « aidant »
est aujourd’hui au coeur de l’actualité politique.
C’est également une question politique décisive à gauche entre ceux qui s’adaptent à la
logique libérale et à la gestion des immigrés comme de simples « flux » de main d’oeuvre
et à une gauche qui se bat pour le respect des droits, les valeurs de solidarité, de justice.
Bref, il s’agit d’un « identifiant » politique pour le peuple de gauche sur lequel le Front de
Gauche a la responsabilité de se positionner dans sa présentation envoyée aux électeurs.

Ensuite, cette décision arbitraire de votre part affaiblirait le Front de Gauche en tant
que construction politique pluraliste, inédite dans la vie politique française. Alors que la
décision d’ajouter cette revendication avait été prise collectivement, sans qu’il ait été
indiqué qu’un tel ajout pouvait poser un problème, vous avez pris la décision unilatérale de
supprimer cette revendication, sans prendre le temps d’aucune concertation entre nos
trois composantes ni au niveau des circonscriptions, ni à l’échelle nationale. Ce qui aurait
très certainement pu permettre de surmonter ensemble cette difficulté et de trouver un
compromis acceptable par tous.
La démarche engagée avec le Front de Gauche ne peut développer tout son potentiel, ne
peut entraîner largement, et ne peut changer réellement la donne à gauche, que s’il s’agit
d’une unité solide. Il ne s’agit pas de masquer les désaccords qui peuvent exister entre
nous mais de respecter les accords que nous prenons collectivement.

Afin de surmonter cette situation de blocage, nous vous demandons donc de corriger les
trois professions de foi des régions Ouest, Sud ouest, et Est et d’intégrer cette
revendication qui est présente dans les quatre autres régions.

Salutations unitaires

Pour le Bureau National de Gauche Unitaire

François Calaret, Alain Faradji

Messages

  • Réponse :

    Chers camarades,

    Nous avons bien reçu votre lettre adressée au PG avec copie à nos camarades du PCF. Nous sommes surpris de cette manière d’organiser nos échanges mais nous estimons que la question politique que vous soulevez mérite une réponse précise.

    Sur le fond
    Le PG est un parti jeune. Mais il s’est déjà exprimé sur la question des sans papiers. Nous avons notamment publié un communiqué de presse le 14 avril dernier dont voici un extrait :

    « Le combat pour la régularisation et pour l’égalité des droits est le combat de tous. Il s’agit en effet de mettre un terme à la véritable « délocalisation sur place » que constitue l’emploi de travailleurs sans-papiers dans les secteurs d’activité non délocalisables (bâtiment, restauration, nettoyage, aide à la personne...). Seule la régularisation permet de stopper la pression à la baisse sur les salaires et les droits sociaux qu’une partie du patronat exerce en employant sciemment ces travailleurs sans droits.

    Le combat pour la régularisation des sans-papiers est un combat politique. Dans le contexte de crise actuelle, le gouvernement a décidé d’intensifier sa politique libérale. Plus la crise sociale s’aggrave, plus ce gouvernement s’acharne dans des politiques sécuritaires pour tenter d’en détourner l’attention et durcit sa politique répressive à l’égard des immigrés en situation irrégulière. Ne le laissons pas détourner l’attention de la question sociale en y substituant les questions sécuritaires ! »

    Ce communiqué se termine par la revendication suivante :

    « Après que les réformes Sarkozy successives aient fabriqué des milliers de sans-papiers, le Parti de Gauche se prononce pour remettre les compteurs à zéro avec un plan de régularisation de l’ensemble des sans-papiers actuellement en France. »

    La position de notre parti est donc claire et publique.

    Sur la forme
    Vous nous écrivez : « Alors que la décision d’ajouter cette revendication avait été prise collectivement, sans qu’il ait été indiqué qu’un tel ajout pouvait poser un problème, vous avez pris la décision unilatérale de supprimer cette revendication, sans prendre le temps d’aucune concertation entre nos trois composantes ni au niveau des circonscriptions, ni à l’échelle nationale ».

    Cela ne traduit pas la réalité et réécrit l’histoire. Nous n’avons en effet jamais pris la décision de supprimer une revendication qui aurait été élaborée entre nos trois forces lors du travail sur la profession de foi.

    Faut-il rappeler la méthode qui a prévalu et la chronologie de nos travaux ? Lors des réunions sur la profession de foi entre F. Delapierre, A. Faradji et JF. Gau, il avait été clair que ne pourraient y rentrer toutes les mesures proposées par le FDG ni même tous les thèmes de campagne. Il avait donc été décidé d’un commun accord de nous en tenir aux mesures immédiates face à la crise. S’il s’était s’agi d’autres choses, vous imaginez bien que nous aurions alors réclamé d’autres mesures sur la souveraineté populaire, la laïcité…

    Suite à ces réunions, vous avez dans un mail du 24 avril d’Alain Faradji, demandé des corrections à apporter. Nous citons ce mail : « un droit de veto des comités d’entreprise européen sur les licenciements. Je préférerai : un droit de veto des comités d’entreprise sur les licenciements. Pourquoi parler d’un moratoire ? Je préférerai "la remise en cause" et j’ai un problème avec "la pénalisation des modes de production et de consommation polluants". je propose de revenir à une formulation proche de celle contenu dans le 4 pages :
    "Priorité aux énergies nouvelles et aux modes de productions non-polluants" ».

    Nous avons pris attention à ce mail d’Alain et intégré effectivement ces modifications. Vous constaterez que ni dans ce mail, ni dans aucun autre, il n’y a un seul mot sur la régularisation des sans-papiers ni d’évocation de la politique vis-à-vis des migrants.

    Cette précision est importante car ce sont les éléments contenus dans cette circulaire cadre que chacun garantissait ensuite de reprendre globalement par circonscription tout en laissant celles-ci (et leur tête de liste) libres de faire des adaptations. Les réunions qui ont eu lieu depuis samedi dernier avaient donc un rôle unique de vérification globale qu’aucun document ne contredisait les positions de l’une des composantes. Elles ne constituaient en aucun cas la réouverture d’une discussion sur des points non abordés précédemment. . Or, en réalité, samedi dernier vous avez décidé d’ouvrir une discussion en demandant un ajout important qui n’a d’ailleurs été formulé que lundi. Nous ne pouvions donc, contrairement à ce que vous dites, qu’enregistrer la proposition mais en aucun cas garantir qu’elle serait acceptée dans le matériel de circonscription. Nous aurions sinon envisagées notre travail autrement notamment en terme d’aller-retour nécessaires avec les circonscriptions.

    Pour nous ce point de méthode a une grande importance car en travaillant dans l’urgence nous ne nous donnons pas les moyens d’élaborer des formulations précises, correspondant à des mesures concrètes que nous prendrions si nous étions en situation de gouverner.

    Sur la formulation
    La formulation que vous proposez pose ainsi plusieurs problèmes.

    La mesure proposée (censée être une « mesure immédiate face à la crise ») est extrêmement imprécise. Que veut-on dire par « régularisation des sans-papiers » ? S’agit-il de la régularisation de tous les sans papiers (pourquoi alors ne pas le dire) ? De certains sans-papiers (alors que nous avons refusé la formulation du MRC qui parlait de régularisation sur critères) ? Des sans-papiers en Europe (ce serait logique puisqu’il s’agit de propositions européennes) ou en France ? Enfin s’agit-il d’une mesure ponctuelle (un plan de régularisation) ou d’une politique permanente ? Le Parti de Gauche est un parti gouvernemental qui n’entend pas aller aux urnes sur des formules floues auxquelles nous serions bien incapables de donner une traduction précise et commune.

    Le terme de co-développement pose également problème. Nous l’avons-nous-mêmes utilisé et il figure dans la déclaration commune du Front de Gauche. Mais depuis nous savons que de nombreuses associations et personnalités impliquées sur ces questions font remarquer qu’il comporte de graves ambigüités et déconseillent d’y recourir. En voici quelques exemples :

    Le comité pour l’annulation de la dette du Tiers Monde note que « l’expression fourre-tout du « co-développement » fait florès » et que « pourtant, le terme est particulièrement discutable : en quoi ce co-développement diffère-t-il de l’aide au développement, qui appartient elle-même à la pensée néocoloniale ? ».

    Michel Husson écrit : « Je récuse pour ma part l’évolution consistant à relier codéveloppement et gestion des flux migratoires. Il y a un rapport entre les politiques de développement et les migrations, mais on ne peut restreindre la conception des migrations à la gestion des flux migratoires et subordonner le codéveloppement à la maîtrise de ces flux. C’est pourquoi je préfère ne pas utiliser le terme de codéveloppement et parler plutôt de développement coordonné, de développement partagé ou encore mieux de développement solidaire. »

    Pour Gus Massiah, « Le codéveloppement est devenu une tarte à la crème, tant le concept a été dévoyé. Il avait été popularisé par Jean-Pierre Cot en 1981, éphémère ministre de la Coopération, poussé à démissionner car il voulait des rapports équitables entre la France et l’Afrique. Aujourd’hui, le codéveloppement n’est, chez beaucoup de candidats à la présidentielle, qu’un alibi qui sert à masquer la politique répressive vis-à-vis des migrants. »

    Ajoutons que le terme a été repris par Sarkozy ou De Villiers, qui propose notamment dans son programme d’« instaurer une vraie politique de codéveloppement avec les pays du tiers-monde, visant à fixer les populations dans leur pays d’origine » allant jusqu’à revendiquer la création d’un ministère du codéveloppement.

    Ceci confirme qu’en agissant avec précipitation, sans prendre le temps de la discussion collective, nous risquons de commettre des erreurs et d’affaiblir les idées que nous défendons.

    Ce que nous proposons
    Comme nous vous l’avons dit hier, les professions de foi Sud Ouest, Est et Ouest sont tirées. Pour les raisons que nous vous avons indiquées (sans même parler du coût exorbitant qui en résulterait), il nous paraîtrait erronée de les modifier et de les réimprimer. En revanche nous vous avons proposé la réalisation d’un matériel national sur cette question. Si vous le souhaitez nous pouvons fort bien doubler ce tract d’un communiqué du Front de Gauche.

    Il nous semble que cette proposition est conforme à nos objectifs communs. Nous la reformulons donc à votre intention, ainsi qu’à celle du PCF et de toutes les têtes de liste du Front de Gauche.

    Si certaines têtes de liste souhaitent maintenir la formulation proposée par Gauche Unitaire, nous ne remettrons pas en cause ce choix. En tout état de cause nous ne le commenterons pas publiquement. Nous estimons en effet que cette « affaire » est déjà sortie de manière bien imprudente de nos échanges au sein du comité de liaison national. Au point même que des camarades de GU font circuler des mises en cause publiques sur des mails (une de vos camarades de Paris 15 y explique par exemple qu’il faudrait rattraper « les choses » avant « que tout le monde et la presse s’en empare »). Inutile de dire le risque que nous encourrions si, comme on peut le redouter vu l’étanchéité des mails, tout cela devenait public et parvenait aux oreilles de listes concurrentes. Faisons plutôt preuve de responsabilité !

    Nous vous prions d’agréer nos salutations militantes,

    Pour le Parti de Gauche,

    Eric Coquerel et François Delapierre

    • Ca laisse pantois tout cela et appelle plusieurs remarques...

      1)
      La question de la régularisation de tous les sans-papiers est une question de première importance,
      vitale pour éviter que la fascisme prenne pied en ce servant de différences de droits entre travailleurs. Tout parti de gauche élémentaire le sait, le Parti de gauche apparemment pas. Un pas élémentaire qui fait différence entre ceux qui s’engagent courageusement au vu de tous et ceux qui ne le font pas.

      2)
      le Parti de gauche en effaçant brutalement et bureaucratiquement un timide pas dans le sens de la nécessaire régularisation des sans papiers montre un visage bien sombre.

      Certes, comme il le dit c’est presque ça dans son programme. Mais ça nous rappelle quelque chose : de grands principes côté jardin des bisounours, et une politique hideuse comme celle de Jospin au gouvernement coté public.

      Le PS avait aussi des grands principes, pareil, et après une première velléité de régularisation, s’est mis à la chasse aux immigrés. Là le Front de gauche semble même penser que la velléité rendue publique, c’est déjà trop.

      3)
      Ceux qui estiment que les sans-papiers sont leurs frères , du moins qu’ils sont plus leurs frères et sœurs que les patrons , sont informés du devenir du Parti de gauche. C’est un important avertissement sur la dérive de ce parti et une annonce claire de sa conception là dessus.

      4)
      La façon de parler hautaine et gonflée à l’hélium du parti de gauche vis à vis de la gauche unitaire de Picquet est impressionnante : Ouais, nous, nous sommes un parti de gouvernement sérieux (sous-entendu sur les clowns de la gauche unitaire).

      Une morgue assez incroyable.

      5)
      L’attitude du front de gauche, cherchant à taire les échanges, sur une question d’importance, montre comment une bureaucratie agit. Il s’agit de cacher au peuple ces choses vénales et grossières à nos yeux faits pour pleurer. On est trop cons pour savoir qu’on sacrifie des sans papiers parce qu’on est un parti super responsable.

      6)
      De plus elle montre de singulières relations vis à vis de la gauche unitaire et du PCF : Nous avons les imprimantes et nous vous emmerdons, comme message subliminal. de la grossièreté entre soi-disant alliés.

      le mythe de la 3eme composante du front de gauche s’effondre. Portée artificiellement et ne représentant que très peu de monde, le parti de gauche rappelle à ce groupuscule sorti avec moins de 200 militants sur 10 000. du NPA, qui commande.

      Le ton est celui de chef à subordonné,... Bien vu et bien appris les méthodes du PS et de feu un parti qui fabriqua Melenchon et Jospin.... rapport de forces : On a décidé et on vous emmerde... C’est plus du subliminal c’est du soulier clouté.

      Les militants de la gauche unitaire de Piquet ont choisi de nager au milieu d’un marigot rempli de piranhas, en croyant nager au milieu de gentils bisounours...

      Rappel à la réalité.

      La réalité de ce front de gauche entre ce genre de truc infâme du Parti de Gauche et la soumission au PS revendiquée par le tête de liste de la direction du PC en île de France (acceptant d’avoir une alliance en position subalterne, avec le PS, tourne à un drôle de truc à grande vitesse.

      C’était un secret de polichinelle mais inconnu du grand public. Ce front de gauche abuse ses militants et cache sa réelle orientation : Refaire une union de la gauche sur des principes nomenclaturistes.

      Tout ça arrive un peu tard, ces infos que beaucoup savaient , les dirigeants du Front de gauche n’ont pas pu s’empecher, pas pu se retenir , croyant l’affaire dans le sac, de trop parler et de montrer leur véritable nature.

      PdG et PCF donnent raison point par point au NPA que cela en est presque une incroyable caricature.

      C’est clair, voter Front de Gauche c’est voter PS,rien d’autre, c’est rebelote et 10 de der, des attitudes brutales, méprisantes et bureaucratiques.

  • Quel honte de ce parti qui se dit de "Gauche" pire, "Frond de Gauche" incapable se prononcer sur les Sans Papiers !!!

    Seul le NPA est très clair sur le sujet.... REGULARISATION DE TOUS LES SANS PAPIERS

    alors dimanche, pas d’abstention ...tous aux urnes...votons NPA !!!!