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CORRUPTION - La BBC piège des membres du Comité olympique

Publie le vendredi 6 août 2004 par Open-Publishing

Un nouveau scandale de corruption frappe le Comité international olympique (CIO). Se faisant passer pour des hommes d’affaires londoniens, des journalistes de l’émission d’investigation "Panorama", diffusée sur la BBC, ont rencontré des agents des Comités olympiques serbe, hongrois, koweïtien et bulgare. Plusieurs de ces agents ont affirmé pouvoir, en échange d’importantes sommes d’argent, obtenir les votes de responsables nationaux du CIO en faveur de la candidature de Londres. La capitale britannique souhaite accueillir les Jeux olympiques en 2012. Au total, 54 votes auraient pu être achetés, soit près du quart des 124 voix engagées lors du vote.

Ivan Slavkov, représentant de la Bulgarie au CIO et gendre de l’ancien dictateur Todor Zhivkov, est particulièrement pointé du doigt. Lors d’une rencontre organisée par le Serbe Goran Takac, un de ces "agents olympiques" qui peuvent servir d’intermédiaires en matière de corruption, Slavkov a déclaré pouvoir acheter plusieurs autres membres du Comité. The Independent décrit le modus operandi : une fois la discussion de principe achevée entre les pseudo-hommes d’affaires et Todor Zhivkov, Goran Takac a montré aux journalistes une liste de 34 membres qui pourraient éventuellement être influencés. "Quatre noms, a affirmé Takac, sont 100 % sous contrôle", rapporte The Independent.

Le nom de Goran Takac avait déjà figuré dans une précédente affaire de corruption au sein du CIO, rappelle le quotidien britannique, celle qui avait entaché l’attribution des Jeux d’hiver à la ville américaine de Salt Lake City. Un autre grand quotidien anglais, The Daily Telegraph, souligne que "Goran Takac, l’homme au centre de la controverse, est aussi mêlé à une affaire plutôt mystérieuse". Son père, Artur Takac, une personnalité du monde olympique, a disparu en janvier 2004 dans des conditions mal élucidées alors qu’il skiait en Serbie. Le journal s’interroge sur le lien entre l’apparition de Goran dans le documentaire, en partie réalisé avant janvier, et cette disparition mystérieuse.

Ivan Slavkov et Goran Takac ont tenté de se défendre dès qu’ils ont appris la diffusion de l’enquête de la BBC et découvert la supercherie. Leur version est la suivante : interloqués par la démarche de ces prétendus hommes d’affaires, ils auraient accepté de "se prêter au jeu" afin de démasquer, en toute honnêteté, une tentative de corruption, rapporte The Telegraph. Toutefois, rappelle El Mundo, "Slavkov, un vieux renard de la nomenklatura communiste bulgare, est l’un des accusés du scandale de Salt Lake City qui a bénéficié d’un non-lieu par manque de preuves."

Pour le quotidien espagnol, cette affaire "montre à quel point les méthodes adoptées pour garantir la transparence des votes s’avèrent inefficaces dans la lutte contre la corruption." Selon ce dernier, "ni le nouveau code éthique du CIO, ni la limitation des contacts entre ses membres et les candidats n’ont pu mettre fin à ce marché malsain et impardonnable".

http://www.courrierinternational.com/article.asp?obj_id=25384&provenance=accueil&bloc=10