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Paris,sous la pluie,le cortège a rassemblé 100.000 personnes

Publie le lundi 19 mai 2003 par Open-Publishing

A Paris, sous la pluie, le cortège a rassemblé 100.000 personnes, selon les
organisateurs, 38.000 selon la police.

Parti de la place Denfert-Rochereau en fin de matinée, il s’est rendu
jusqu’aux Invalides, non loin du ministère de la Fonction publique, où
Jean-Paul Delevoye présentait le projet de réforme des retraites au Conseil
supérieur de la fonction publique de l’Etat.

Emmenés par les personnels de l’Education nationale et de la Santé, en force
derrière une immense banderole qui proclamait "Pour la défense et
l’amélioration des retraites, des pensions et des services publics", les
manifestants ont réclamé les retraits des projets du gouvernement en matière
de retraite et d’Education nationale.

Le défilé a rassemblé des personnels de tous les secteurs de la fonction
publique d’Ile-de-France, agents territoriaux, des Impôts, de l’Equipement,
de la Concurrence et des Douanes aussi bien que salariés de l’ANPE, de La
Poste, France Télécom, ou encore la Banque de France.

"La retraite pour Fillon", "l’intégration de toutes les primes dans le
calcul des retraites" ou encore la "grève générale", ont été scandés d’un
bout à l’autre du cortège.

La journée de mobilisation de la fonction publique a été organisée à l’appel
de six des sept fédérations nationales de fonctionnaires, seule la CFDT
refusant d’y participer. Le sigle de la CFDT figurait pourtant sur les
banderoles de plusieurs délégations, d’enseignants et d’agents de
l’Equipement par exemple.

Au niveau confédéral, la CFDT et la CFE-CGC ont accepté le 15 mai le
compromis proposé par le gouvernement sur la réforme des retraites. Mais
l’union fédérale des fonctionnaires CGC a malgré tout décidé de se joindre à
la journée de mobilisation.

Dans le cortège parisien, "exaspération" et "détermination" revenaient sur
toutes les bouches et le malaise débordait largement le cadre des retraites.

"CE GOUVERNEMENT, ON N’EN VEUT PAS"

"Le gouvernement croit qu’il est légitime et qu’il a tous les droits parce
qu’il a été élu avec 80% des voix. Mais il a oublié dans quelles
conditions", a affirmé un aide-soignant de l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil
(Val-de-Marne).

"Apolitique et non syndiquée", Helène, la quarantaine, institutrice depuis
15 ans dans une école primaire parisienne, a fait grève pour la deuxième
fois et participé à sa première manifestation.

"Parce que la suffisance et le mépris de (Luc) Ferry ne sont plus
tolérables", a-t-elle expliqué. Et d’ajouter, la colère au bord des lèvres :
"Est-ce qu’on peut accepter qu’un ministre de l’Education nationale mette
ses enfants dans le privé ?"

Dans l’Education nationale, le phénomène de grève reconductible entamée en
avril a touché plus de 80 départements, selon la FSU. Luc Ferry a invité les
fédérations syndicales à le rencontrer à partir de mardi, alors que les
syndicats réclament depuis plusieurs mois à être reçus par le Premier
ministre Jean-Pierre Raffarin.

"Demain on ne pourra pas se contenter d’une discussion courtoise, il faut
que le gouvernement prenne la mesure de ce qui se passe dans l’Education et
que le ministre soit véritablement mandaté pour ouvrir des négociations", a
déclaré à Reuters Nicole Geneix, secrétaire général du SNUipp-FSU
(enseignants de maternelles et primaires).

"C’est aujourd’hui la cinquième grève de l’Education, il y a plus de 2.000
établissements en grève reconductible et c’est un mouvement de fond dans la
profession", a renchéri Bernard Boisseau, co-secrétaire général du SNES
(collèges et lycées).

De nombreux lycéens sont venus soutenir leurs professeurs, comme ces élèves
de terminale du lycée Talma, à Brunoy (Essonne), en "grève dure" depuis une
semaine. "Même combat, même avenir", a résumé l’un d’eux, "on est prêt à ne
pas avoir notre bac à la fin de l’année si c’est pour cette cause-là".

La colère était tout aussi palpable dans les rangs des agents hospitaliers.

"Dans les hôpitaux et le secteur social, cette réforme des retraites
apparaît vraiment comme la goutte qui fait déborder le vase", a dit Irène
Legay, secrétaire générale de la fédération nationale Sud Santé-Sociaux, en
évoquant "des conditions de travail déplorables" et "un budget d’austérité".

"On sent que la mayonnaise prend puisque de nombreuses assemblées générales
se tiennent tous les jours, même si la grève est parfois minoritaire pour le
moment", a-t-elle ajouté, en soulignant que le mouvement de grève
reconductible touchait désormais 25 établissements hospitaliers.

Anne-Marie, infirmière à l’hôpital parisien Paul-Brousse, a mis l’accent sur
la "véritable souffrance" des agents hospitaliers.

"Il y a une véritable alerte quant aux conditions de travail qui se
dégradent, le stress qui va en grandissant", a-t-elle dit. "Ce qui est sûr
maintenant, c’est que ce gouvernement Raffarin, on n’en veut pas."