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Le président vénézuélien, Hugo Chavez, se pose en garant des approvisionnements pétroliers

Publie le samedi 14 août 2004 par Open-Publishing

de Cécile Chambraud (avec Marie Delcas à Caracas)

14 millions d’électeurs votent, dimanche, pour ou contre la révocation du chef de l’Etat

Les quelque 14 millions d’électeurs vénézuéliens étaient invités à répondre, dimanche 15 août, "oui" ou "non" à la question : "Êtes-vous d’accord pour priver d’effet le mandat populaire accordé lors d’élections démocratiques légitimes au citoyen Hugo Rafael Chavez Frias en tant que président de la République bolivarienne du Venezuela pour la période actuelle ?"

Pour l’emporter, le "oui", prôné par les opposants au chef de l’Etat, doit être majoritaire et avoir été choisi par au moins 3,76 millions d’électeurs, soit au moins autant que ceux qui avaient élu M. Chavez à l’élection présidentielle de 2000. Le président serait donc révoqué un peu plus de deux ans avant la fin prévue de son mandat, en 2006.

Les enquêtes d’opinion ne laissaient pas présager de l’issue du scrutin. Elles confirment, en revanche, la profondeur du clivage politique qui traverse la société vénézuélienne. A telle enseigne que les observateurs doutent de la capacité de ce référendum à mettre un terme à la crise politique dans laquelle le pays s’est enfoncé depuis plus de deux ans. "En cas de résultat très serré, le perdant sera tenté de contester la légitimité du scrutin", considère Eleazar Diaz Rangel, directeur du quotidien Ultimas Noticias. Une diplomate européenne observe : "Un pays, deux sociétés : les chavistes et les antichavistes ne fréquentent pas les mêmes quartiers, ne regardent pas les mêmes chaînes de télévision, ne lisent pas les mêmes journaux. Chacun des deux camps se croit donc sincèrement majoritaire."

A quelques heures du vote, l’équipe au pouvoir a dramatisé encore un peu plus l’un des enjeux principaux du scrutin, c’est-à-dire le contrôle de la gigantesque entreprise pétrolière Petroleos de Venezuela (PDVSA). La compagnie publique, qui exploite et commercialise les ressources du cinquième exportateur mondial de brut, est au cœur de la crise entre le gouvernement et l’opposition, comme l’a prouvé la grève du secteur pétrolier de décembre 2002 et janvier 2003. A l’issue du conflit, soutenu par le syndicat du pétrole et par le patronat, le gouvernement avait licencié 18 000 employés grévistes de PDVSA et pris le contrôle total de la firme.

GARANTIE DE STABILITÉ

Pendant la campagne référendaire, le pouvoir tente d’accréditer l’idée que le maintien au pouvoir d’Hugo Chavez est la meilleur garantie de la stabilité de l’entreprise et donc des approvisionnements, notamment vers les Etats-Unis, dont 15 % de la consommation de brut vient du Venezuela. "Notre triomphe est la seule garantie de l’approvisionnement pétrolier des Etats-Unis et des autres marchés", a assuré le chef de l’Etat, jeudi 12 août.

Vendredi, le ministre de l’énergie, Rafael Ramirez, a affirmé que les employés de PDVSA n’accepteraient pas une victoire de l’opposition. "La seule façon dont le "non" pourrait perdre, ce serait à cause de la fraude", a-t-il ajouté. Vendredi, le prix du baril a atteint 46,65 dollars à New York.

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