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Venezuela : Hugo Chavez revendique la victoire

Publie le lundi 16 août 2004 par Open-Publishing

de Andrew Selsky

CARACAS - Hugo Chavez a sauvé sa tête : dans la ligne de mire de l’opposition depuis deux ans, le président vénézuelien a survécu à un référendum sur sa destitution, qui a attiré dans les bureaux de vote un nombre record de ses concitoyens, au vu des résultats de la consultation rendus publics lundi.

Si le président du Conseil national des élections, Francisco Carrasquero, s’est abstenu de déclarer Hugo Chavez vainqueur, les résultats montrent que 58% des électeurs ont voté « non » à la question de savoir si le chef d’Etat devait immédiatement mettre un terme à son mandat de six ans, commencé en 2000, contre 42% qui se sont prononcés dimanche pour le « oui ». Ces pourcentages, qui témoignent d’un écart insurmontable (4.991.483 voix contre 3.576.517) ont été donnés après le dépouillement de 94% des bulletins de vote.

Si Chavez avait perdu, il aurait dû immédiatement démissionner. Le vice-président Jose Vicente Rangel aurait assuré l’intérim jusqu’à la tenue d’un nouveau scrutin dans un délai de 30 jours.

Alors que les partisans du président populiste de gauche commençaient à célébrer son succès dans les rues de Caracas avant même le lever du jour, le chef de l’Etat a revendiqué la victoire dans un discours prononcé depuis un balcon du palais présidentiel.

"Il est absolument impossible que le ’non’ soit battu », a insisté Chavez, ancien commandant parachutiste de 50 ans, devant des milliers de partisans manifestant leur joie à coups de sifflets et de cris. Il s’agit d’ »une grande victoire pour le peuple vénézuélien".

Haydee Deutsch, un dirigeant de l’opposition, a pour sa part affirmé que le référendum avait été entaché de fraudes et que son camp ne doutait « pas d’avoir obtenu une écrasante majorité ».

Indiquant une possible scission au sein du Conseil national des élections, l’opposant Sobella Mejia, l’un des cinq membres de l’instance, a déclaré aux journalistes que toute diffusion de résultats partiels serait prématurée.

Dans l’immédiat, l’ancien président américain Jimmy Carter et Cesar Gaviria, le patron de l’Organisation des Etats américains qui a surveillé le déroulement du vote, n’ont pas réagi. Quoi qu’il en soit, Henry Amos Allup, responsable de la coalition de l’opposition, a précisé que celle-ci en appellerait aux organisations internationales et demanderait un audit.

Les questions sur l’avenir politique du pays, cinquième exportateur mondial de pétrole, expliquent en partie l’actuelle flambée des cours du brut. Lundi, le baril a atteint un nouveau record à 46,90 dollars, sur fond d’incertitudes concernant la présidence Chavez et la poursuite des violences en Irak.

Le nombre des électeurs mobilisés -plus de 8,5 millions ont voté, soit plus que le précédent record de 7,5 millions en 1988 lors de la présidentielle- tout comme les problèmes liés aux machines d’identification électronique ont amené les responsables électoraux à repousser la fermeture des bureaux de vote à minuit - soit huit heures plus tard qu’initialement prévu. Ils ont souligné que les bureaux de vote resteraient ouverts jusqu’à ce que chacun ait accompli son devoir électoral.

Le premier référendum de l’histoire du Venezuela sur l’éventuelle révocation d’un président visait à fermer la parenthèse de plusieurs années d’agitation politique souvent teintées de violence -dont un coup d’Etat sanglant- et faisait suite à un processus long et compliqué de signatures en masse de pétitions.

En dépensant pour les programmes sociaux avec les revenus du pétrole, Chavez est devenu un champion au sein de la majorité déshéritée. Mais son dénigrement des riches, ses liens étroits avec le dirigeant cubain Fidel Castro et la centralisation du pouvoir lui ont valu de solides inimitiés parmi les plus aisés.

Dimanche, devant certains bureaux de vote, les files d’attente se sont étendues sur plusieurs kilomètres. Les leaders de l’opposition ont appelé les Vénézueliens à apporter eau et vivres à ceux qui patientaient encore.

Enrique Mendoza, gouverneur considéré comme un probable candidat à la présidence en cas de destitution d’Hugo Chavez, a exhorté les électeurs à ne pas se décourager, déclarant que chaque bulletin compterait. Il a dénoncé les « retards absurdes et les difficultés techniques » dans la consultation, tandis qu’Hugo Chavez appelait l’opposition à accepter les résultats. (AP)

http://www.edicom.ch/news/international/040816140158.mo.shtml