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Vénézuela : les électeurs confirment Chavez

Publie le lundi 16 août 2004 par Open-Publishing
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Le président Hugo Chavez a remporté le référendum sur la poursuite de son mandat, a annoncé lundi le Conseil électoral

58,25% des électeurs ont souhaité le conserver à son poste, contre 41,74% qui voulaient le révoquer, d’après la commission officielle. L’opposition a refusé "catégoriquement" de reconnaître la victoire de Chavez, dénonçant une "manipulation grossière".

Les Vénézuéliens ont massivement voté dimanche au référendum proposant la révocation du président.

"Nous rejetons de manière claire et catégorique les résultats annoncés par les trois représentants du gouvernement au sein du Conseil national électoral", a dit Henry Ramos Allup, secrétaire général de l’Action démocratique (AD, opposition social-démocrate).

"Le oui (à la destitution du chef de l’Etat, ndlr) a remporté 59% des voix contre 40,6% pour le non au départ du président Chavez", a-t-il affirmé, contredisant les chiffres officiels.

Les deux membres de l’opposition du Conseil national électoral (CNE) ont refusé de valider les résultats officiels. L’une d’eux, Sobella Mejia, a fait valoir que la totalité des bulletins n’avaient pas encore été vérifiée.

Lundi matin, de nombreux partisans et adversaires de Hugo Chavez étaient descendus dans la rue à Caracas dans l’attente de la proclamation des résultats du référendum.

14 millions d’électeurs étaient appelés à décider du maintien ou non de Hugo Chavez à son poste. Ils devaient répondre à la question posée par référendum : souhaitent-ils ou non révoquer le mandat du chef de l’Etat ? Son mandat ne pouvait être révoqué si "un nombre égal ou supérieur d’électeurs" qui l’avaient élu en 2000 (3,76 millions) le demandait et si la participation atteignait 25%.

Des quartiers entiers de Caracas ont voté massivement dimanche dans un pays profondément divisé après plus de deux ans de violences.

Dans la capitale, où devant certains bureaux de vote les files d’attente pouvaient atteindre jusqu’à un kilomètre, les électeurs en tête de file ont montré leur forte détermination en se levant au milieu de la nuit, réveillés au son du clairon et par les explosions des feux d’artifice. Les derniers arrivés se déclaraient aussi prêts à attendre des heures pour voter coûte que coûte.

Devant l’affluence des foules, les autorités ont repoussé à deux reprises l’heure de clôture des votes. Les bureaux ont finalement fermé à minuit.


Un long bras de fer entre l’opposition et Chavez

Cela fait plus de deux ans que l’opposition tente de se débarrasser du président de gauche Hugo Chavez, pourtant élu à deux reprises par les Vénézuéliens.

Hugo Chavez a commencé sa carrière politique par un coup d’Etat raté en 1992, qui lui valut deux ans de prison.

En 1998, il est élu tout à fait légalement avec 56% des voix, à la tête d’une coalition de partis en majorité de gauche. L’année suivante, il fait voter une nouvelle constitution qui prévoit la possibilité de faire révoquer un président à partir de mi-mandat, si au moins 20% des électeurs le réclament par pétition.

En 2000, Chavez est réélu pour une nouvelle période de six ans avec 56,9% des voix. Il fait voter des lois rendant possible la nationalisation de banques, de terres et du pétrole, provoquant la colère de l’opposition.

Celle-ci se mobilise et, en avril 2002, après de nombreuses grèves dans le secteur pétrolier, l’état-major tente un coup d’Etat. Chavez est remis en selle par une partie de l’armée qui lui est fidèle et ses sympathisants, qui descendent dans la rue.

Un nouveau bras de fer s’engage ensuite entre Chavez et l’opposition, quand celle-ci lance une grève dans le secteur pétrolier, en décembre 2002. La grève dure jusqu’en février 2004 mais Chavez ne plie pas et fait licencier les cadres de l’industrie pétrolière.

L’opposition décide alors d’utiliser l’arme du référendum révocatoire et annonce en février 2003 qu’elle va organiser une pétition pour la destitution du président. Le processus est long car un tiers des signatures recueillies sont jugées douteuses par le Conseil national électoral. Il faut que l’opposition confirme ces signatures avant que le référendum soit finalement annoncé, le 3 juin dernier.


Les pétroliers espèrent que Chavez sera maintenu

Le président vénézuélien Hugo Chavez a annoncé lundi à Caracas que "son gouvernement garantira la stabilité du marché pétrolier mondial", dans un discours après l’annonce de sa victoire au référendum.

Washington n’aurait pas été mécontent de voir partir Chavez, ce grand ami de Fidel Castro qui ne manque pas une occasion de traiter le président US George W. Bush de "diable".

Mais le marché pétrolier avait intérêt à ce que le président vénézuélien soit massivement confirmé. Un désaveu ou une victoire serrée (il pourrait alors être accusé de fraude) aurait risqué de provoquer des troubles, mettant en péril la production du Vénézuéla, cinquième exportateur et huitième producteur mondial de pétrole.

Le marché pétrolier craignait surtout une grève comme celle de la fin 2002 début 2003, qui avait paralysé le secteur pétrolier vénézuélien. La production, qui s’élève habituellement entre 2,5 et 3 millions de barils jours, avait chuté jusqu’à 150.000 au plus fort de la grève.

Chavez a averti que s’il perdait le référendum, une crise pourrait se produire et faire s’envoler le prix du baril. Et dans ce cas, "plus une goutte de pétrole vénézuélien" n’arrivera aux Etats-Unis, a-t-il menacé.

Le Venezuela est en effet le troisième fournisseur de pétrole des Américains, à qui il vend 15% de leur pétrole. Si Hugo Chavez ne manque pas de fustiger le grand voisin nord-américain, Caracas a récemment tendu la main à Washington en proposant d’approfondir les liens commerciaux. Et le gouvernement vénézuélien a octroyé début mars une concession gazière au numéro un américain ChevronTexaco.


Chavez, tribun populaire

Le président vénézuélien Hugo Chavez est un orateur hors pair, capable d’haranguer pendant des heures des foules enthousiastes de dizaines de milliers de sympathisants, fustigeant l’impérialisme américain et prônant un nationalisme aux accents messianiques.

Un crucifix, la Bible, un béret rouge et un petit livre bleu -la Constitution bolivarienne- composent l’"arsenal" qu’utilise Hugo Chavez , 50 ans, chaque fois qu’il se trouve dans une situation difficile, comme lors du coup d’Etat avorté contre lui en 2002 ou la paralysie de l’industrie pétrolière début 2003.

A la fois fervent catholique et ami de Fidel Castro, l’ancien lieutenant-colonel parachutiste (auteur d’un putsch avorté en décembre 1992) fascine autant par son langage imagé les habitants des quartiers misérables qu’il révulse ses opposants.

Il se pose en héritier de Bolivar, le libérateur de l’Amérique latine, qui avant sa mort en 1832 affirmait : "le devoir des militaires est d’utiliser l’épée en défense des garanties sociales".

Il est arrivé au pouvoir en 1998 en remportant 56% des suffrages de Vénézuéliens lassés de 40 ans de corruption et d’hégémonie des sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens.

Ironie du sort : le référendum sur l’éventuelle révocation du mandat présidentiel est un processus qu’il a lui-même introduit dans la "Constitution bolivarienne" adoptée en 1999 avant sa réélection en 2000 (56,9% des voix).

Partageant avec Fidel Castro le goût pour les uniformes et les discours fleuves, Hugo Chavez n’a cependant pas le même engagement idéologique. "Fidel est communiste, je ne le suis pas", dit ce père de quatre enfants, marié deux fois.

"La révolution bolivarienne a une idéologie molle et adaptable (...) Chavez est un romantique du genre chef nationaliste latino-américain. C’est un messianique pragmatique", estime un universitaire bolivien.

Ainsi le gouvernement Chavez , en dépit de son anti-américanisme proclamé, continue-t-il d’exporter aux Etats Unis 1,54 million de barils de pétrole par jour. Une partie de ces revenus a permis, selon les autorités, d’incorporer plus d’un million de Vénézuéliens au système éducatif et de soigner des milliers de malades grâce aux 10.000 médecins cubains employés jusque dans les zones les plus reculées.

Mais un bon nombre d’experts pensent que la politique économique de M. Chavez est l’un de ses points les plus faibles car elle consiste en mesures hâtives prises au coup par coup alors que les déficits publics se creusent et que le chômage, l’inflation et la violence progressent.

Hugo Chavez n’a pas non plus ménagé ses efforts à l’extérieur, multipliant ces derniers temps les initiatives pour s’attirer les bonnes grâces de ses voisins latino-américains et des Caraïbes, afin d’éviter l’isolement dans lequel cherche à l’enfermer Washington.

Fidèle à sa réputation de battant, M. Chavez avait annoncé qu’en cas de révocation, il se représenterait aux nouvelles élections prévues par la Constitution dans un délai d’un mois.

http://info.france2.fr/monde/3846472-fr.php

Messages

  • Je crois sincèrement que Georges W. Bush, qui est à la t^te des U.S. & prend "pocession" d’à peu près ttes les décisions mondiales en sa "faveur" que monétaires : ne fait & n’a fait QUE DU MAL !

    Partout il est passé & ça continue tjs, malheureusement, tant qu’il sera président !

    Il ne devrait pas en être ainsi & surtout ce GW Bush ne devrait jamais être réélue, lui & son parti politique ! Jamais ! Pour le mieux de toute la planète, rien de moins !

    Fleur Sauvages, Québec, Canada