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Vénézuéla : Hugo Chavez, un tribun hors pair aux accents messianiques

Publie le lundi 16 août 2004 par Open-Publishing

Hugo Chavez n’a pas non plus ménagé ses efforts à l’extérieur, multipliant ces derniers temps les initiatives pour s’attirer les bonnes grâces de ses voisins latino-américains et des Caraïbes, afin d’éviter l’isolement dans lequel cherche à l’enfermer Washington.

Le président vénézuélien Hugo Chavez, dont la commission électorale a annoncé lundi la victoire au référendum sur son mandat, est un orateur hors pair, capable d’haranguer pendant des heures des foules enthousiastes de dizaines de milliers de sympathisants, fustigeant l’impérialisme américain et prônant un nationalisme aux accents messianiques.

Un crucifix, la Bible, un béret rouge et un petit livre bleu — la Constitution bolivarienne— composent l’« arsenal » qu’utilise Hugo Chavez, 50 ans, chaque fois qu’il se trouve dans une situation difficile, comme lors du coup d’Etat avorté contre lui en 2002 ou la paralysie de l’industrie pétrolière début 2003.

Ce petit homme brun à l’imposante carrure est un orateur infatigable, vif, qui peut plusieurs heures durant tenir la foule en haleine, chanter, lui lire un passage d’un livre de l’écrivain Gabriel Garcia Marquez, la faire rire avec des pitreries, puis expliquer comment il « vaincra par KO foudroyant » le « diable » George W. Bush, qu’il considère comme étant le seul véritable ennemi de son envergure.

A la fois fervent catholique et ami de Fidel Castro, l’ancien lieutenant-colonel parachutiste— auteur d’un putsch avorté en décembre 1992 — fascine autant par son langage imagé les habitants des quartiers misérables qu’il révulse ses opposants par son simplisme et sa démagogie.

Il se pose en héritier de Bolivar, le libérateur de l’Amérique latine, qui avant sa mort en 1832 affirmait : « le devoir des militaires est d’utiliser l’épée en défense des garanties sociales ».

Après avoir passé deux ans en prison avec ses compagnons d’armes avant une amnistie en 1994, Chavez a fini par accepter le jeu démocratique. Il est arrivé au pouvoir en 1998 en remportant 56% des suffrages de Vénézuéliens lassés de 40 ans de corruption et d’hégémonie des sociaux-démocrates et démocrate-chrétiens.

Ironie du sort : le référendum sur l’éventuelle révocation du mandat présidentiel est un processus qu’il a lui-même introduit dans la « Constitution bolivarienne » adoptée en 1999 avant sa réélection en 2000 (56,9% des voix).

Quand l’opposition a obtenu la convocation du référendum, il a lancé fataliste : c’est la « volonté de Dieu ». Le président vénézuélien a surmonté toute une série de crises en six ans de pouvoir : une première grève générale fin 2001, le coup d’Etat manqué d’avril 2002 et une grève de deux mois des employés du secteur pétrolier entre décembre et février 2003.

Partageant avec Fidel Castro le goût pour les uniformes et les discours fleuves, Hugo Chavez n’a cependant pas le même engagement idéologique. « Fidel est communiste, je ne le suis pas », dit ce père de quatre enfants, marié deux fois.

Selon Vilma Petrash, professeur de relations internationales à l’Université Simon Bolivar, « la révolution bolivarienne a une idéologie molle et adaptable (...) Chavez est un romantique du genre chef nationaliste latino-américain. C’est un messianique pragmatique ».

Ainsi le gouvernement Chavez, en dépit de son anti-américanisme proclamé, continue-t-il d’exporter aux Etats Unis 1,54 million de barils de pétrole par jour. Une partie de ces revenus a permis, selon les autorités, d’incorporer plus d’un million de Vénézuéliens au système éducatif et de soigner des milliers de malades grâce aux 10.000 médecins cubains employés jusque dans les zones les plus reculées.

Mais un bon nombre d’experts pensent que la politique économique de M. Chavez est l’un de ses points les plus faibles car elle consiste en mesures hâtives prises au coup par coup alors que les déficits publics se creusent et que le chômage, l’inflation et la violence progressent.

Hugo Chavez n’a pas non plus ménagé ses efforts à l’extérieur, multipliant ces derniers temps les initiatives pour s’attirer les bonnes grâces de ses voisins latino-américains et des Caraïbes, afin d’éviter l’isolement dans lequel cherche à l’enfermer Washington.

Fidèle à sa réputation de battant, M. Chavez avait annoncé qu’en cas de révocation, il se représenterait aux nouvelles élections prévues par la Constitution dans un délai d’un mois.

http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=83&art_id=179328