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Le devoir de précaution que n’a pas respecté Sarkozy

Publie le jeudi 16 juillet 2009 par Open-Publishing
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Le secret-défense en chaque pays n’est pas opposable au président de la République, qui est en même temps le chef suprême des forces armées. En s’appuyant sur cette évidence, le chef de l’Etat français aurait dû par conséquent se faire communiquer par qui de droit les éléments d’information ayant trait à l’affaire des moines de Tibhirine. Et cela aussitôt que les médias français ont commencé à faire leurs choux gras des « révélations » faites à un juge d’instruction sur le sujet par le général en retraite François Buchwalter, car il ne pourrait ignorer qu’il allait être interpellé sur cette affaire par la presse à la première occasion. Ce qui fut le cas lors de sa conférence de presse à Bruxelles.

N’ayant pas, pour des raisons qui restent à élucider, pris cette élémentaire précaution, Nicolas Sarkozy s’est empêtré dans de sibyllins propos sur le « devoir de vérité et le refus de la France de bâtir sur le mensonge ses relations avec les autres Etats ». La confusion de tels propos a fait qu’ils ont été très mal accueillis par l’Algérie, où on les a interprétés, non sans raison, comme accréditant les élucubrations à charge contre l’ANP du général à la retraite.

Certainement aussitôt « chapitré » sur l’effet désastreux que sa « sortie » bruxelloise a produit outre-Méditerranée, le président français a voulu se rattraper en affirmant « qu’il n’a accusé personne » et qu’il ne veut pas d’une crise avec Alger.

Les autorités officielles algériennes semblent avoir été satisfaites par ce complément de déclaration apporté par le chef de l’Etat français à celle de Bruxelles, d’autant qu’il affirmé s’en tenir, concernant l’identité des responsables de l’assassinat des moines de Tibhirine, au communiqué 44 du GIA en 1996 le revendiquant.

Il n’en va pas de même pour l’opinion algérienne, qui elle persiste à voir dans la « sortie bruxelloise » de Nicolas Sarkozy une volonté politique de remettre sur le tapis des délicates relations franco-algériennes ce dossier de l’assassinat des moines de Tibhirine pour d’obscures raisons. Et les démentis apportés « aux révélations » du général à la retraite tant par Hervé Morin, l’actuel ministre français de la Défense, que par son prédécesseur à l’époque des faits, Charles Millon, ou par Hervé de Charette, ministre des Affaires étrangères a cette période, ne font que la confirmer dans sa conviction.

Il ressort en effet de ces trois démentis que si le président français s’était appliqué ce « devoir de précaution » qu’il a allègrement ignoré, il se serait évité sa « tirade bruxelloise » et, du même coup, les interrogations quant aux calculs qu’elle cache. Celle que l’ex-ministre français des Affaires étrangères Hervé de Charette soulève, à savoir « pourquoi cette affaire revient à la surface aujourd’hui, 13 ans après, alors qu’il n’y a aucune raison particulière de le faire », est exactement celle qui taraude l’esprit et la réflexion de cette opinion algérienne.

En tout cas, celle-ci refuse de se satisfaire de l’explication qui veut accréditer l’idée que l’exhumation de l’affaire de l’assassinat des moines de Tibhirine ne serait qu’oeuvre d’un ex-militaire en recherche de notoriété et de médias en mal de sensationnel et d’occasion de baver sur l’Algérie et ses institutions.

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5124035

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