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Pour Ahmadinejad, la question nucléaire est close

Publie le mercredi 9 septembre 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

Sous la menace de sanctions renforcées, Téhéran réitère son refus de stopper l’enrichissement d’uranium alors que vient de s’ouvrir, à Vienne, la conférence de l’AIEA.

« De notre point de vue, la question nucléaire est réglée ». Mahmoud Ahmadinejad ne pouvait être plus clair. Le président iranien a fait savoir, lundi, que l’Iran ne comptait ni stopper ses activités d’enrichissement de l’uranium ni négocier sur ses droits à l’énergie nucléaire, tout en se disant prêt, en revanche, à parler avec Barack Obama et à discuter de « défis » mondiaux avec les six pays médiateurs (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Allemagne, Russie, Chine).

Faut-il y voir une fin de non-recevoir aux mesures incitatives offertes aux Iraniens en échange d’un gel de leurs activités nucléaires ? « C’est, une fois de plus, une façon de noyer le poisson dans l’eau », relève François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran (2001-2005). Le délai imparti à Téhéran - fin septembre - pour formuler sa réponse approche à grand pas. La semaine dernière, Saeed Jalili, le négociateur iranien sur le dossier nucléaire avait fait savoir qu’un « plan de la République islamique » avait été préparé et qu’il serait remis très bientôt au groupe des six.

Souffler le chaud et le froid

Fidèle à sa tradition de réponses alambiquées, Téhéran continue, en fait, à entretenir l’ambiguïté sur ses réelles intentions. Au lieu d’opposer un « non » catégorique aux injonctions occidentales, les Iraniens soufflent le chaud et le froid. « Nous allons poursuivre nos travaux dans le cadre des traités internationaux et en étroite coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique », précisait, lundi, Mahmoud Ahmadinejad, en signalant ainsi une volonté de maintenir une certaine forme de dialogue.

L’Iran, a-t-il ajouté, est également prêt à négocier et à coopérer en vue d’une exploitation « pacifique d’une énergie nucléaire propre » disponible pour tous les pays, tout en « combattant la prolifération ». Il s’agit d’un pied de nez indirect à Washington, que Téhéran accuse de mener, conjointement à la main tendue par Barack Obama, une politique de « deux poids deux mesures », en fermant les yeux sur d’autres puissances nucléaires (Inde, Pakistan, Israël…).

Ali Asghar Soltanieh, l’émissaire iranien auprès de l’Agence internationale de l’énergie atomique avait également reproché, vendredi, aux États-Unis d’avoir utilisé de « faux documents » pour laisser croire que la République islamique fabriquait des armes nucléaires. Selon lui, « la question du nucléaire iranien ne peut être examinée que par l’AIEA ».

Depuis le début du bras-de-fer opposant Téhéran aux capitales occidentales, l’AIEA s’est toujours efforcée de dépassionner la crise, en privilégiant les faits aux discours politiques. Mais face aux tergiversations iraniennes, sa patience semble avoir atteint certaines limites. L’Agence qui entamait, lundi à Vienne, une semaine de discussions centrées, en partie, sur le dossier iranien, a reconnu se trouver dans « une impasse ». Son directeur général, Mohammed ElBaradei, a fait savoir que l’Iran n’avait toujours pas répondu clairement aux questions persistantes sur les dimensions militaires de son programme.

Sanctions contournées

Que faire, face à l’entêtement iranien ? À l’exception d’Israël, personne n’ose évoquer l’option militaire. D’autant plus qu’à ce jour, aucun expert n’est en mesure de prouver l’existence d’un réel programme nucléaire à des fins militaires. Se pose, également, la question de l’efficacité des mesures de rétorsion économiques - que les Occidentaux menacent de durcir. « Le problème, c’est qu’elles affectent avant tout la population, et non le régime, en provoquant inflation et pénuries », constate un économiste iranien, contacté à Téhéran. Experte en contournement des sanctions, la République islamique se tourne aujourd’hui vers d’autres partenaires : la Chine, ou encore l’Inde.

Le Venezuela vient également d’annoncer qu’il allait vendre à l’Iran 20 000 barils d’essence par jour, en guise de soutien à la République islamique, menacée de sanctions occidentales sur ses importations en carburant. Tandis que la montre tourne, l’éventail de choix qui s’offre à l’Occident se réduit. Reste une solution : celle d’une acceptation, par les six, d’un enrichissement d’uranium limité à 5 %, comme ont pu le proposer les Iraniens par le passé. Pour les Occidentaux, ce serait un aveu d’échec. Mais selon François Nicoullaud, c’est peut-être la meilleure option possible, « à condition d’une surveillance internationale renforcée permettant d’éviter les détournements à des fins militaires ».

http://www.lefigaro.fr/international/2009/09/08/01003-20090908ARTFIG00009-pour-ahmadinejad-la-question-nucleaire-est-close-.php

Messages

  • "Que faire, face à l’entêtement iranien ? "

    l’iran n’est pas le pays le plus entêté de la région loin s’en faut ni le plus militarisé d’ailleurs ni le plus dangereux !!!!

  • N’oublions pas qu’israel possède l’arme atomique.momo11

  • N’oublions pas que les USA possèdent le plus gros stock d’ogives nucléaires, plusieurs centaines de bases militaires dans le monde entier, sans parler des armes biologiques, etc, sans parler de leur activité guerrière effective en Irak, en Afghanistan et de leurs activités terroristes en Colombie, en Iran, au Congo, au Honduras...

  • Faut-il de l’uranium fortement enrichi pour faire des bombes ?

    Les centrifugeuses de l’Iran ont envahi les médias : un danger, si l’Iran enrichit l’uranium il va pouvoir faire des bombes à uranium. 
C’est un raisonnement aberrant. La France, quand elle a testé sa première bombe n’avait pas d’usine d’enrichissement. Sa bombe était une bombe au plutonium. Plus tard quand l’Inde a fait péter ses bombes elle n’avait pas d’usine d’enrichissement. Quant à l’Irak lorsque Saddam Hussein à la fin des années 70 a voulu sa bombe (la « bombe républicaine » par opposition à la « bombe islamique » voulue par Ali Bhutto au Pakistan) il n’a pas cherché à développer l’enrichissement.

    Il est évident scientifiquement que le plus facile pour faire des bombes nucléaires c’est de recourir au plutonium. Et pour en avoir, l’usine d’enrichissement n’est pas nécessaire, le nucléaire civil suffit comme l’a montré l’Inde. Mais il y a une autre possibilité, celle de produire le plutonium à partir de « réacteurs de recherche ». Ils produisent des neutrons. Si on les met en présence d’uranium (voire d’uranium appauvri qu’on trouve facilement) ils le transformeront en plutonium. L’extraction sera assez facile car il n’y aura pas beaucoup de produits de fission à l’origine d’un rayonnement important. (C’était le but caché d’Osirak, vendu par la France à l’Irak).

    Ce qui est curieux c’est qu’on nous abreuve avec les centrifugeuses iraniennes alors que ce n’est certainement pas la voie que les dirigeants iraniens ont choisie (à moins qu’ils ne soient complètement incompétents ce dont je doute fort). Ce qui est dangereux en Iran ce ne sont pas ces centrifugeuses mais les réacteurs de recherche fournis sans conditions et dont on ne parle guère. Bloquer les centrifugeuses en Iran ne changera rien à la menace de prolifération.

    Bien sûr il est difficile aux nucléocrates qui veulent se justifier de ne pas être des vecteurs de prolifération, de condamner les réacteurs civils ou les réacteurs de recherche (la recherche scientifique c’est sacré !).

    Roger Belbéoch,
    extrait de la lettre d’information n°115 du Comité Stop Nogent-sur-Seine.

    - En 1967 les USA ont fourni un petit réacteur de recherche (TRR) de 5 MW près de Téhéran, pouvant produire 600 milligrammes de plutonium par an).
    - En 1970 l’Allemagne a démarré un réacteur à Bushehr, arrêté au début de la « révolution islamique », remis en route avec coopération russe en 1995.
    - En 2004 construction à Arak d’un réacteur de recherche (IR-40) de 40 MW thermiques qui sera achevé en 2009. (Il pourra fournir 9 kg de plutonium par an).

    L’Iran construit-il des armes nucléaires ?

    Riche en pétrole et en gaz naturel, l’Iran mène un programme nucléaire que justifie mal la seule production d’électricité.

    En 1995, le gouvernement iranien annonce qu’il a signé des contrats d’un montant de 4,5 milliards de francs avec le ministère russe de l’Énergie atomique, afin de construire une centrale nucléaire près de la ville de Bushehr, sur le golfe Persique. Aussitôt les États-Unis réagissent : le secrétaire d’État américain Warren Christopher fait campagne pour éviter que les Russes n’aident ainsi l’Iran à constituer un arsenal nucléaire. Il n’a pas gain de cause [...]. Le projet de Bushehr est déconcertant : pourquoi l’Iran, qui a d’énormes réserves de gaz naturel et d’autres combustibles fossiles, investit-il plusieurs milliards de francs dans une centrale nucléaire qui produira de l’électricité à un coût supérieur à celui d’une centrale thermique ? Naturellement la centrale de Bushehr pallierait la grave pénurie d’électricité qui gêne le développement du pays, et sa construction s’accompagnerait de la formation d’ingénieurs capables de faire fonctionner des réacteurs nucléaires (civils, producteurs d’électricité, mais aussi militaires, producteurs de plutonium). À plus court terme, le projet de Bushehr serait une excellente couverture pour des activités de contrebande : le ministère russe de l’Énergie atomique enverra jusqu’à 3 000 techniciens et 7 000 tonnes d’équipements pour la réalisation du projet, créant ainsi un trafic suffisamment intense pour couvrir des transferts clandestins d’équipements, de matériels et de compétences... Suite

    A lire :

     Qui leur a donné la bombe ? (1988)

     Deux mystérieux éclairs sur l’océan indien (1980)

     La contrebande de matières nucléaires (1996)

     L’Islam veut la bombe (1979)

     Si l’Irak a la bombe c’est grâce à la France (1991)

     Prolifération arrière-fond de la guerre ?

    La non-prolifération mal en point :

     L’Iran choisit le bras de fer

     Pourparlers avec Pyongyang

     L’ex-ministre russe Adamov a-t-il fait commerce de l’atome non-pacifique avec l’Iran ?

     La Maison-Blanche serait prête à utiliser des bombes nucléaires

     L’Inde, complice de la prolifération ?

     Le Japon risque de développer des armes atomiques

     Le Brésil a failli construire une bombe atomique

     Londres admet avoir vendu de l’eau lourde destinée à Israël

     L’Egypte a refusé de signer le CTBT

     Equilibre de la terreur entre l’Inde et le Pakistan

    http://www.dissident-media.org/infonucleaire