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Cesare Battisti : mobilisation pour les autres exilés italiens

Publie le mercredi 25 août 2004 par Open-Publishing

Les Verts et le PCF s’inquiètent pour ceux que menace une extradition.

de Dominique SIMONNOT

Lundi, le procureur général de Paris demandera à la chambre de l’instruction, sur ordre de Dominique Perben, la révocation du contrôle judiciaire de Cesare Battisti, son placement sous écrou extraditionnel et la délivrance d’un mandat d’arrêt contre lui. Cette décision du ministre de la Justice a été prise dimanche, aussitôt après qu’on eut appris que l’écrivain italien n’avait pas pointé, comme chaque samedi à son contrôle judiciaire.

Hier, après que Libération a révélé la fuite de Battisti à l’étranger, Perben a rappelé dans un communiqué ce qu’il avait demandé dimanche au procureur général. Il s’y indigne aussi : « Certains commentaires de ceux qui prennent la défense de M. Battisti et approuvent sa fuite sont particulièrement affligeants et font preuve d’irresponsabilité. En contestant les fondements du droit français, c’est la démocratie que l’on fragilise. » Le garde des Sceaux fait ici allusion à ceux du monde littéraire artistique et politique (PS, PC, Verts, LCR, etc.) qui disent comprendre la cavale de Cesare Battisti afin d’éviter l’extradition vers l’Italie, où l’attend la réclusion à perpétuité. Sans même l’espoir d’un nouveau procès, puisque la loi italienne ne le permet pas.

Ses avocats, Mes Irène Terrel et Jean-Jacques De Felice, qui ignorent « absolument où se trouve leur client », dénonçaient hier « des réactions de la part du garde des Sceaux totalement démesurées. Lorsque l’un de nos clients manque son contrôle judiciaire, on lui laisse en général quelques jours pour réapparaître. Là, on lui enfonce la tête sous l’eau un peu plus. De toute façon, quel choix avait-il ? Entre la perpétuité et les menaces, puisque Jacques Chirac avait cru bon de déclarer que Battisti serait extradé, avant même que la Cour de cassation n’ait statué ». Les deux avocats vont, comme les Verts et le PCF, se mobiliser autour des autres exilés italiens qui pourraient à leur tour être sous le coup d’une extradition : « C’est atroce pour eux et leurs familles, ils vivent ici depuis de longues années et les voilà menacés, à cause du reniementdu gouvernement français. » Et ils attendent « avec espoir la décision de la Cour de cassation qui, elle, décide en droit ». La Cour doit en effet prochainement statuer sur l’extradition de Battisti. Les avocats invoqueront alors la parole donnée par François Mitterrand en 1985 aux Italiens de l’extrême gauche des années de plomb : la tranquillité en France contre la promesse qu’ils aient rompu avec toute forme de violence. Ils rappelleront également qu’en 1991 la cour d’appel de Paris avait refusé l’extradition du même Battisti. En tout cas, sa cavale en fait ricaner certains au gouvernement sur le thème : « Bravo Villepin, de l’avoir laissé filer ! »

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