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Cesare Battisti serait à l’étranger

Publie le mercredi 25 août 2004 par Open-Publishing

di Alain Nicolas

Prudents quant à la réalité de la fuite, les soutiens de l’écrivain italien continuent d’afficher leur solidarité.

C’est du moins ce qu’avance Libération dans son édition d’hier. Selon des " informations ", dont le quotidien ne divulgue évidemment pas la source, l’écrivain, qui ne s’était pas présenté au contrôle judiciaire de samedi dernier, aurait quitté la France bien plus tôt, une semaine avant en fait. L’ordonnance de mise en liberté provisoire rendue par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris était assortie d’une mesure de contrôle judiciaire l’enjoignant de se présenter tous les samedis, à 12 h 30, à la police. Jusqu’à présent, la fuite n’était que la plus probable des hypothèses. Certains songeaient à une dépression nerveuse, voire au pire. Mais pour ceux qui, comme Oreste Scalzone, l’un des plus anciens réfugiés italiens, lui avaient conseillé de disparaître, le doute n’est pas permis. Pour lui, Battisti s’est " soustrait au risque d’être emmuré à vie ", a-t-il déclaré au Monde et il est, il l’espère, " le plus loin possible ". " Il a choisi le vert de la vie ", poursuit-il avant de conclure : " L’art de la fuite devient un devoir ".

" Légitime défense "

Du côté de ceux qui ont soutenu le rejet de la demande d’extradition, la compréhension domine, même si le PS avait dans un premier temps considéré son attitude comme " regrettable ". Aujourd’hui, Julien Dray souligne qu’il a été " mis dans une situation impossible ". Pour sa part, la présidente du groupe communiste au Sénat, Nicole Borvo, rappelle " qu’il était dans un piège ", et qu’on n’en serait pas là si les autorités avaient eu une attitude correcte en respectant la parole de l’État. C’est bien la décision de la cour d’appel du 30 juin, faisant droit à l’argumentation des gouvernements Berlusconi et Raffarin, qui semble avoir poussé Cesare Battisti au désespoir et à la fuite, si c’est bien le cas. L’écrivain, qui avait été au printemps l’objet d’un lynchage médiatique dans lequel la presse française n’avait pas été totalement innocente, se voyait finir sa vie en prison sans même avoir pu se comparaître personnellement devant un juge, selon les termes d’une procédure judiciaire qui, contrairement à ce que martèlent les Perben, Goasguen et autres, reste applicable à l’ancien militant, et a été condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme. Début août, il avait une dernière fois clamé son innocence (l’Humanité du 9 août 2004) et rappelé qu’un premier jugement avait déjà rejeté une demande d’extradition pour les mêmes faits. Ceux qui l’avaient approché ces dernières semaines, comme l’écrivain Fred Vargas, avaient constaté " la dégradation de son état psychique ". Elle-même considère son geste comme une " légitime défense ".

Mandat d’amener

Dans les prochains jours, la cour d’appel examinera la demande de révocation de la liberté provisoire déposée par le parquet de Paris, et il est probable qu’un mandat d’amener sera délivré, en vue de placer Battisti sous " écrou extraditionnel ". Reste que, sur le fond, la question de la légalité de toute cette procédure est posée et que la Cour de Cassation, saisie par la défense, sera amenée à trancher. Peut-on continuer à espérer que la justice conserve un brin de dignité ?

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-08-25/2004-08-25-399300