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Des centaines d’enfants handicapés privés de rentrée

Publie le jeudi 10 septembre 2009 par Open-Publishing
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Des centaines d’enfants handicapés privés de rentrée faute d’accompagnants

Plusieurs centaines d’enfants handicapés n’ont pu faire leur rentrée faute de personnel accompagnant, une situation dénoncée par les associations qui réclament un statut solide et pérenne pour ces professionnels en contrats précaires.

"Des parents nous racontent qu’ils sont repartis de l’école avec leur enfant le matin de la rentrée : c’est inadmissible", témoigne Marie-Christine Philbert, présidente de la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (Fnaseph).

Difficile de savoir combien d’enfants sont concernés, mais l’Association des paralysés de France (APF) estime qu’environ 2.000 d’entre eux l’étaient début septembre.

"Certains vont faire leur rentrée à la Toussaint, c’est une certitude !", s’insurge son président, Jean-Marie Barbier.

La situation est particulièrement difficile cette rentrée car les contrats aidés de 5.000 auxiliaires de vie solaire (AVS) ou emplois vie scolaire (EVS), qui accompagnent ces enfants à l’école, sont arrivés à terme dans l’été.

Parallèlement, le nombre d’enfants handicapés scolarisés dans des écoles classiques ne cesse d’augmenter depuis la loi de 2005 qui affirme leur droit à étudier "en milieu ordinaire" : ils sont aujourd’hui 185.000, soit 10.000 de plus qu’en septembre 2008.

Cette rentrée est tendue au point que la mère d’un garçon de 3 ans qui ne disposait pas d’AVS a porté plainte contre le ministère de l’Education nationale. Son enfant a depuis fait sa rentrée, mais elle a maintenu sa plainte au nom de "tous ceux qui sont dans le même cas".

Les associations de parents estiment en fait que le ministère n’a pas suffisamment anticipé l’arrivée à échéance de ces milliers de contrats.

Au cabinet du ministre Luc Chatel, on rappelle qu’il a notamment signé le 1er septembre avec la Fnaseph, l’Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei) et la Fédération générale des pupilles de l’enseignement public (FGPEP) une convention cadre leur permettant de reprendre "1.000 à 1.500 AVS" sur les 5.000 contrats échus.

L’APF, elle, a refusé de signer, y voyant "un désengagement" d’un Etat à la recherche d’économies. "Des AVS vont passer dans des associations qui seront incapables de gérer de telles quantités de personnels", estime M. Barbier. D’autant que le niveau de subventions prévu pour les accompagner est, selon lui, "insuffisant".

"L’Etat ne relâche pas ses efforts", répond-on au ministère : Luc Chatel vient d’annoncer la création de 5.000 contrats aidés, pour porter le nombre d’AVS à 22.400 et permettre d’ici mi-septembre qu’il n’y ait "pas un élève qui ne soit pas accompagné".

Pour les associations cependant, les emplois aidés ne constituent pas une réponse pérenne : à chaque rupture de contrat l’enfant handicapé pâtit de la perte du lien tissé avec son accompagnant, et l’AVS peine à trouver un nouvel emploi.

Si ces personnels accumulent une expérience précieuse auprès des enfants, "ils n’ont pas de diplôme, si ce n’est le baccalauréat, et n’ont accès qu’à une soixantaine d’heures de formation", explique Sophie Cluzel, présidente de Grandir à l’école.

Toutes les associations sont donc d’accord : il faut créer "un vrai métier" d’AVS et en discuter au plus vite avec le ministère.

Au ministère, on reconnaît qu’il y a "un champ professionnel nouveau" à investir et qu’il faut "anticiper la prochaine vague" de contrats arrivant à échéance en janvier 2010, en pleine année scolaire.

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