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La "lettre à la justice" de Cesare Battisti

Publie le mercredi 25 août 2004 par Open-Publishing
3 commentaires


de CESARE BATTISTI

Je suis dans l’obligation de me soustraire au contrôle judiciaire qui m’a été imposé et je veux m’en expliquer face à la justice française.

Je ne quitterai pas la France, je ne saurai pas le faire, c’est mon pays et je n’en vois pas d’autre dans mon futur. Ma vérité est ici, beaucoup de citoyens français me l’ont confirmé.

La Cour d’Appel de Paris, en se déclarant favorable à mon extradition, m’a condamné à la prison à vie en Italie.

Le choc est énorme, je ne pouvais pas croire que la justice française se plierait au pouvoir politique, revenant sur la chose déjà jugée en 1991, je ne pouvais pas croire qu’elle accepterait la contumace italienne qui ne me donne plus aucune possibilité de défense.

Enfermé à vie, trente ans après les faits, ce seraient la famille, les enfants, d’autres vies qui paieraient.

Je ne peux pas courir ce risque, ne plus revoir mes enfants, le pays où ils sont nés, l’idée m’est insupportable.

La déclaration de Jacques Chirac, deux jours après la décision de la Cour d’Appel, a achevé de m’ôter tout espoir. Face au gouffre, que me reste-t-il ?

Seulement mes enfants et la subtile possibilité, un jour peut-être, de pouvoir m’expliquer sur mes responsabilités politiques et pénales et revenir enfin sur ce passé que l’Italie voudrait, me semble-t-il, enterrer à jamais au prix d’une sauvage contrefaçon historique.

Je me soustrais au contrôle judiciaire, donc, mais je reste en France, parce que c’est d’ici, avec l’aide de tous ceux qui encore croient à cette justice qui avait fait de la France le pays des Droits de l’homme, que je continuerai à me battre afin que justice soit faite et à l’homme et à l’histoire.

Cette conviction me donne le courage d’attendre l’ultime décision, jusqu’au dernier recours, dans l’espoir que, dans ce pays qui est le mien, les mots Justice et Liberté signifient encore quelque chose.

Messages

  • Que s’est-il passé quai de l’horloge le dernier samedi où Cesare est allé pointer ? une provocation de la police à laquelle Cesare sentant une réelle menace n’a pas voulu s’exposer de nouveau ? On peut le supposer.

    O.

    • Voir dans Le Monde du 24 août :

      "Samedi 14 août, alors qu’il était allé pointer, accompagné de quatre élus parisiens, un vif incident l’avait opposé au policier judiciaire qui appose le tampon attestant de sa venue. Il avait demandé aux politiques qui accompagnaient M. Battisti la raison de leur présence, exigé leurs papiers d’identité, disparaissait à plusieurs reprises, furieux, et lançait finalement : "C’est inadmissible, c’est un terroriste, un tueur !" Pierre Mansat, adjoint communiste au maire de Paris, avait appelé immédiatement le cabinet du préfet de police de Paris, Jean-Paul Proust. "A l’époque, confie M. Mansat, cette histoire nous a paru très grave d’un point de vue démocratique mais nous avions choisi de ne pas l’éventer pour ne pas nuire à Cesare, qui était très choqué.""

  • Bon vent Cesare... tu as bien fait de partir. Tu avais choisi la Démocratique France comme terre d’asile et elle t’avait accueilli... accepté... elle t’avait permis de refaire ta vie... de trouver ta voie... l’Ecriture est un Bel Art pour celui qui s’y adonne. D’autant que le chemin n’est pas facile pour parvenir à la Reconnaissance. Tu te croyais en sécurité... loin des ombres du passé et puis voilà qu’un vent mauvais s’est mis à souffler, téléguidé par d’obscures instances. De quel droit s’est-ON mis à trahir une ancienne Parole Donnée...? De quel droit ? Mais il est vrai que pendant que les médias parlaient de Toi... le Peuple oubliait ce qu’il se passe ailleurs. Oubliée la Palestine... oublié l’Irak... oublié les tragédies de ce monde pour se focaliser sur Toi. Les rouages politiques sont pervers et malfaisants. Ils prennent plaisir à traquer l’innocent et laisser libres les coupables... que Bush continue donc ses colonisations et ses massacres par procuration. Que Sharon continue d’exterminer le Peuple Palestinien. Qui aurait l’audace et le courage de condamner ces individus ? Personne. Il vaut mieux s’en prendre à quelqu’un d’inoffensif... un homme qui aspirait au calme. Ainsi est le monde, Cesare... Bon vent mon ami... mon Frère artiste... trace ta route loin des teneurs de rênes qui se foutent pas mal du Peuple ! Nous avons compris leur système et leur Loi n’est pas la nôtre. Et nous serons nombreux à t’ouvrir la Porte si par hasard tes pas te menaient jusqu’à Notre Maison... Bonne chance Cesare... et que ta Bonne Etoile te guide loin des chiens policiers et des briseurs de rêves.

    Adriana Evangelizt