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Languedoc-Roussillon. Ere Frèche : vers le début de la fin ?

Publie le vendredi 18 septembre 2009 par Open-Publishing
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Eric Andrieu, président socialiste du conseil général de l’Aude, a décidé de se porter candidat au sein du PS, comme tête de liste aux régionnales, face à celui qui ne se présente que pour laisser la place à George Frêche. [1]

Plusieurs élus importants du PS héraultais accordent leur soutien à Andrieu : H. Mandroux (maire de Montpellier), H. Vézinhet (président du Conseil Général de l’Hérault), K. Mesquida (député-maire)…
C’est la première fois que Frêche est ainsi contesté, comme président de région mais aussi comme président de l’agglomération de Montpellier. H. Mandroux cherche en effet à prendre le contrôle de celle-ci... La situation reste cependant assez confuse, certains ne savent pas encore jusqu’où il faut aller et craignent un retour de bâton.

Frèche a été exclu du PS pour ses dérapages répétés et ses propos racistes. Brice Hortefeux a d’ailleurs récemment invoqué le cas Frêche pour tenter de se dédouaner.
Il y a longtemps que nous appelions les partis de la majorité régionale à couper les ponts avec un homme qui, tant par ses pratiques que par ses propos, n’a plus rien à voir avec un certain nombre de valeurs communes à la gauche.

On saluera donc ce réveil d’une partie du PS languedocien.

Réveil plus que tardif cependant ! Car les dérapages de Frêche ne datent pas d’aujourd’hui.

On en avait déjà connu lorsqu’il n’était que maire de Montpellier (la mauvaise « blague » sur Ouarzazate lors de l’inauguration du tram 1 à la Paillade [quartier périphérique de Montpellier]). [2] Ils se sont multipliés depuis. [3]

Les élus PS, les élus PCF, une partie des élus Verts (exclus des Verts depuis, pour cette raison) sont restés bien sagement dans la majorité régionale jusqu’à maintenant. On se souvient comment JC Gayssot avait eu l’audace de démissionner de sa vice-présidence…une journée entière… avant de piteusement réintégrer son poste ! [4] Dans ce contexte, G. Frêche ne manquera pas de dénoncer comme « traîtres » ceux qui, jusque-là, n’osaient le critiquer qu’en coulisses et l’on peut donc s’attendre à quelques moments de grande politique…

Si on peut se satisfaire de voir le début de la fin de l’ère Frêche, il y a fort à craindre que le débat de fond ne soit totalement occulté.

S’il y a bien un problème « Frêche », celui-ci est le produit d’un système et d’une politique. Comment expliquer qu’un exclu du PS ait pu si longtemps garder la mainmise sur ce parti ? Comment expliquer qu’il faille attendre la fin du mandat pour que s’affirme une opposition interne à la majorité régionale ? Pourquoi tant de couleuvres ont-elles été avalées avant l’indigestion ?

On entend dans la gauche régionale, ces derniers temps, un nouveau discours : la région aurait un bon bilan, si ce n’est la personnalité de son président. Ca ne tient pas ! Depuis la pitoyable affaire de la « Septimanie » en 2004 [5] jusqu’à la décision de faire venir à Sète, à coup de deniers publics, la société israélienne Agrexco, il y a peut-être les caprices d’un Frêche, mais il y a eu aussi les votes et les silences assourdissants de la majorité !

Sur d’autres terrains, la région aurait-elle mené une politique de gauche ? Dans ce cas, pourquoi donc la droite n’émet elle de critiques de fond que sur une chose : la hausse des impôts au début du mandat !

Andrieu affirme vouloir rassembler la gauche, ce dont il juge George Frêche incapable. Les Verts, le PCF, le Parti de Gauche semblent séduits et envisageraient une liste commune dès le premier tour…
Ce serait se laisser enfermer dans un débat sur les personnes qui évacuerait les questions et les désaccords de fond.

A l’échelle nationale, le PS dirige 20 régions sur 22. Depuis 2004, il ne s’en est servi ni pour s’opposer au gouvernement ni pour mener une politique alternative à celle qu’aurait menée la droite.

Ici, aucune des personnalités du PS qui soutiennent Andrieu ne s’est démarquée sur le fond politique. Même les pratiques autoritaires tant reprochées à Frêche (à juste titre), on les retrouve aussi chez un Mesquida à Saint-Pons (dont il est maire) par exemple.

Certes, entre Frêche et Andrieu, savoir qui l’emportera, ne nous laisse pas indifférents. L’un pourrait très bien être à la tête d’un parti de droite, l’autre est un notable classique du PS. Cela pourrait avoir son importance au second tour, s’il devait s’agir de faire barrage à l’UMP.
Mais sur l’essentiel, il n’y a rien à espérer de cette querelle interne au PS et à la majorité régionale.

Au début de l’été, nous avions rencontré le PCF, le PG, la Fédération et les Alternatifs... Nous avions convenu de nous retrouver pour avancer vers un projet commun... [6]. Le PCF est en train de revenir, après le bref épisode des européennes, à sa ligne traditionnelle d’alliance plus ou moins conflictuelle avec le PS même si, ici, il aimerait le PS sans Frêche. Mélenchon, lui, continue de défendre un Front de Gauche élargi au NPA et a même repris la proposition du NPA qu’il jugeait avant être un préalable sectaire, celle d’une alliance durable... Pourtant, ici, le PG, à travers René Revol (maire de Grabels au nord de Montpellier), semble regarder vers cette nouvelle alliance autour d’Andrieu... [7]
La situation est donc plus que complexe et ces partis devront trancher.

Le NPA maintient, lui, sa proposition : rassembler la gauche radicale, celle qui remet en cause le capitalisme, (PC, PG, Alternatifs, Fédération, LO,...) dans une liste unitaire, en totale indépendance vis-à-vis du PS, qu’il soit frêchiste ou en voie de défrêchisation.

A l’échelle nationale, nous voulons affirmer lors des régionales un projet de rupture avec un système capitaliste qui génère la crise sociale et la crise écologique. Cela ne peut se faire avec un PS qui a adhéré à l’économie de marché.

Sur la région aussi, une autre politique doit être menée : mettre immédiatement fin au projet Agrexco, cesser de subventionner les entreprises privées, arrêter de réclamer le doublement de l’A9 et donner une réelle priorité au rail (développement et gratuité des TER, ferroutage), cesser de financer des établissements d’enseignement privé (lycée Saint-Joseph-Pierre Rouge de Montferrier), mettre fin aux dépenses de prestige et de communication pour donner la priorité aux besoins sociaux, démocratiser la région en permettant un contrôle de la population sur les grandes orientations budgétaires (budget participatif), etc.

David Hermet (NPA 34)

[1] http://www.midilibre.com/articles/2009/09/17/vide-C-est-officiel-Eric-Andrieu-PS-sera-candidat-contre-Georges-Freche-922975.php5

[2] 30 juin 2000. Lors de l’inauguration du nouveau tramway, le maire, ses adjoints et les journalistes montent dans un wagon. Frêche aperçoit une femme coiffée d’un tchador. « Ne vous inquiétez pas pour la dame, elle n’a que les oreillons », lance-t-il. Le train s’enfonce dans un tunnel, et l’élu, très en verve, s’exclame : « Ici, c’est le tunnel le plus long du monde : vous entrez en France et vous ressortez à Ouarzazate » ­ la ville marocaine étant censée évoquer le terminus du tram, la Paillade, le plus important quartier de Montpellier à forte population issue de l’immigration maghrébine. A l’époque, cette sortie provoque beaucoup d’émotion localement (Midi libre du 1er juillet 2000).

Tiré de http://sdj30.over-blog.com/article-2039809.html

[3] http://www.rue89.com/2009/09/16/les-algeriens-des-militaires-analphabetes-freche-reprend-la-tete

[4] http://www.montpellier-journal.fr/2009/03/la-veritable-histoire-du-revirement-de-jean-claude-gayssot.html

[5] "Après son élection à la tête de la région Languedoc-Roussillon en 2004, Georges Frêche a lancé l’idée de changer le nom de la région en « Septimanie », terme qu’il estimait plus judicieux que son ancienne désignation, issue des travaux de la DATAR. Le Conseil régional a commencé à utiliser ce nom très largement. Il a toutefois rencontré une franche opposition d’une large population, surtout chez les catalans dans les Pyrénées-Orientales qui estimaient, que le nom « Septimanie » pourrait nuire à l’identité catalane et nier la double identité culturelle présente dans la dénomination même de Languedoc-Roussillon. De plus l’ancienne Septimanie ne recouvrait pas exactement les limites du Languedoc-Roussillon actuel, spécialement le Gévaudan qui est aujourd’hui le département de la Lozère.

Cette opposition, cristallisée par plus de 45000 signatures recueillies par les catalans et une manifestation rassemblant 8 000 personnes à Perpignan, le 8 octobre 2005, a conduit Georges Frêche à renoncer à ce changement de nom."

http://fr.wikipedia.org/wiki/Septimanie

[6] http://www.resistons.net/index.php/2009/07/05/424-rencontre-a-montpellier-autour-du-rassemblement-de-la-gauche-anticapitaliste-et-antiliberale.

[7] http://www.midilibre.com/articles/2009/09/15/PANIER-Le-Front-de-Gauche-bat-le-rappel-contre-Freche-919424.php5

Complément de lectures :

Sur les manoeuvres du PS et autour du PS languedocien :

http://www.midilibre.com/articles/2009/09/17/A-LA-UNE-Autour-d-Eric-Andrieu-PS-quelques-distorsions-entre-l-image-et-le-son-923083.php5

http://www.montpellier-journal.fr/2009/09/je-suis-aujourdhui-plus-que-jamais-determine-a-soutenir-eric-andrieu.html

Sur Agrexco :

http://www.resistons.net/index.php/2009/09/17/437-declaration-des-partis-de-gauche-contre-l-installation-d-agrexco-a-sete

Envoyé par Antoine (Montpellier)