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Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide

Publie le jeudi 8 octobre 2009 par Open-Publishing
11 commentaires

de Maxime Vivas

Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies.

Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. A l’époque, tous les délocalisés (souvent des couples) étaient volontaires en raison d’avantages palpables : primes de mobilité, autre qualité de vie, de transport, de logement.

Cette direction nationale comptait environ 800 personnes à Blagnac et 6000 dans ses directions « régionales » dont les sièges étaient à Lyon, Metz, Nantes, Paris, Toulouse.

A Paris, la DG (direction générale), sous l’impulsion d’un DRH éclairé et de quelques collaborateurs convaincus, avait mis en place un service national comptant une centaine d’ergonomes ou assimilés pour 150 000 agents.

A quoi sert un ergonome ? En résumé, c’est un analyste du travail dont la tâche est de créer des situations où les opérateurs sont placés dans de meilleures conditions de confort, de sécurité et d’efficacité. Confort, on voit là le profit pour les agents. Efficacité, on voit celui de l’entreprise. L’intérêt commun est dans la sécurité, la diminution des accidents de travail.

En ces lieux de coopération et d’antagonisme que sont les entreprises, les ergonomes développent des opérations gagnant-gagnant, en collaboration avec les directeurs d’établissements, les cadres, les agents, les syndicats et les CHSCT.

Pour arriver à leurs résultats, ils pratiquent de minutieuses observations du travail, dialoguent avec les opérateurs, avec les cadres, étudient les locaux, les documents de travail, les matériels, les notes de service, les modes opératoires, etc. Ils interviennent sur les ambiances thermique, lumineuse, sonore, l’agencement des postes de travail, le contenu du travail, son rythme et son organisation même.

Leur formation emprunte entre autres à la psychologie, à la sociologie, à la physiologie. Dans le jargon des directeurs de France Télécom (essentiellement issus de l’école Polytechnique) adeptes des « sciences dures », il s’agissait là de « sciences molles », donc de théories fumeuses.

A l’époque (je doute que cela ait beaucoup changé depuis), un diplômé d’une grande école, pouvait entrer dans le monde du travail à moins de 30 ans et gérer illico des dizaines, voire des centaines de salariés, sans avoir reçu une seule heure de formation sur ces sciences méprisées. Le fait qu’elles ne soient pas enseignées à Polytechnique suffisait d’ailleurs à prouver qu’elles servaient tout juste à sodomiser les diptères.

Le DRH, fondateur de l’équipe d’ergonomie, parti (ou débarqué), France Télécom n’eut de cesse que de résorber cette niche de plaisantins dont l’activité faisait obstacle au management intuitif, ou dépoussiéré en surface par des bonimenteurs en costars croisés et cravates rayées, pseudos experts de cabinets de consultants dont les attachés-cases étaient bourrés de recettes magiques pour améliorer en un temps record la gestion des « ressources humaines », réduire les coûts du travail, améliorer la productivité.

Le ramage de ces individus faisait ouvrir un large bec à nos décideurs qui, ignorants du fonctionnement des hommes et surtout des groupes, gobaient les théories les plus débiles et les plus coûteuses (donc excellentes, sinon elles seraient bon marché).

J’ai vécu l’époque où les ergonomes de France Télécom, en rangs de plus en plus clairsemés, essayaient, non sans risque pour leur carrière, d’alerter les dirigeants de leur entreprise sur la dangerosité des solutions qui leur étaient vendues. L’une d’elle, je ne saurais l’oublier tant elle nous faisait hurler, était que pour améliorer la productivité, il fallait « introduire une dose de stress dans l’entreprise ». Quiconque doute de la véracité de cette information devrait consulter la presse de l’époque qui promouvait avec ravissement cette méthode de management.

La liste des futurs suicides s’est ouverte ainsi.

Les ergonomes savaient, parce qu’ils l’avaient étudié et que des expériences l’avaient scientifiquement démontré, que le stress inhibe une partie des capacités du cerveau, favorise les erreurs et les accidents. Ils savaient aussi qu’il provoque des maladies physiques et atteint la santé psychique.

En face d’eux, des docteurs Diafoirus prétendaient avoir inventé la pipette pour instiller le poison à doses millimétrées. Leur geste médical n’étant pas sûr à 100%, des agents overdosés commencèrent à se jeter par les fenêtres.

L’actuel patron de France Télécom a sans doute sa part de responsabilité dans la vague de suicides, mais il n’est pas le seul. Il est celui qu’on peut attraper quand les autres, ayant dirigé une entreprise nationale naguère prospère, sont partis en laissant derrière eux une machine commerciale cotée en bourse, endettée jusqu’au cou, avec un personnel désemparé. Il a suivi la voie mortifère où les salariés sont vus comme des citrons ou des fourmis à affoler à coups de pieds pour qu’elles s’agitent. Les personnels, sans qui l’entreprise n’est rien (pardonnez cette banalité, écrite au cas où un directeur général me lirait), figuraient et figurent dans des dossiers noirs étiquetés : « sureffectifs », « coûts à résorber », « postes à supprimer », « mutations d’office », « commercial ».

Quand, il y a une quinzaine d’années, un Ingénieur en Chef, chef d’un service où je travaillais s’est jeté du haut de l’escalier de la direction de Blagnac au sortir d’une réunion où il avait appris que son service était délocalisé à Nantes, ordre fut donné de nettoyer le sol de marbre rose où il s’était écrasé et de ne pas alerter la presse, de ne pas écrire un mot dans le journal d’entreprise.

Casser le thermomètre…. Feu vert pour les suicides à venir.

Puis, débarquèrent les marchands de « Cercles de qualités » attrape-nigauds qui nous vinrent du Japon après avoir été validés aux States. Une autre fumisterie abêtissante devant laquelle les ergonomes tordirent le nez mais qui s’imposa à raison de dizaines de milliers d’exemplaires dans l’entreprise. Coûteuses bulles de savon qui éclatèrent toutes à la vitesse de la lumière. Il n’en subsiste plus aucune. Plus durable fut l’infantilisation manoeuvrière par les pin’s dont l’accrochage au revers de la veste des sans-grades et des décideurs donnant l’exemple, était preuve d’intégration dans la grande famille de France Télécom, donc de sa cohésion sociale. Et de la supposée capacité des bons sauvages du bas, à qui on allait voler leur Statut, à se laisser éblouir par de la bimbeloterie.

Vinrent aussi les promoteurs de séminaires sans cravate, voire en short. Et en avant pour les jeux de rôles, les brainstormings, les papers-boards savamment constellés de gommettes de couleurs variées, les tableaux blancs égayés de cercles, de carrés, de flèches, de post-its, d’arbres d’Ishikawa, de diagrammes de Pareto, autant de méthodes dont la possible valeur intrinsèque était instrumentalisée pour avaliser l’idée erronée qu’il n’est pas besoin d’un savoir sur l’homme pour résoudre les problèmes de l’homme au travail. Le « bon sens » dont mon maître en ergonomie disait crûment qu’il est « la connerie unanimement partagée par un groupe homogène » suffisait. Les médias ne juraient-ils pas qu’en d’autres lieux, des « chirurgiens aux mains nues » opéraient de l’appendicite sans ouvrir les ventres et sans avoir fréquenté l’Académie de médecine ?

Des escrocs enjoués promettaient la lune, les décideurs naïfs regardaient le ciel, les ergonomes essayaient de mordre le doigt. Nous avons échappé de peu aux sauts à l’élastique et aux marches pieds nus sur les braises. J’ai quitté cette maison quand le triomphe des charlatans planétaires était si patent qu’il me fallait partir ou me compromettre. D’autres ont dû rester qui ont étouffé leur spleen dans un nœud coulant.

J’extrais de mes archives un numéro spécial du journal « L’Autan » que le syndicat CGT des télécommunications de la Haute-Garonne avait édité pour dénoncer ces dérives en octobre 1990 (19 ans, déjà !). On y lit que la direction sise à Blagnac venait de signer un contrat qui lui coûta de 2 millions de francs (304 898 euros) avec deux joyeux drilles, beaux parleurs qui se faisaient fort de modifier l’état d’esprit de 6000 agents en deux jours de stage. En fait, les malins allaient former 20 animateurs de France Télécom qui auraient ensuite à appliquer la méthode aux autres avec les documents fournis (vendus !) : cassettes vidéo, transparents, stylo spécial (sic), un livre écrit par les deux génies et un test permettant en quelques réponses de se classer soi-même dans un des 4 types de personnalités existants (4, pas un de plus). Un syndicaliste curieux découvrit que cette merveille d’introspection moderne était déjà utilisée dans l’armée états-unienne en 1928. Pour France Télécom, elle avait été rajeunie par l’adjonction d’un procédé de grattage, style « Tac au tac ».

Le contrat comportait une règle idiote à laquelle il était pourtant impossible de déroger, le directeur national, ayant grade d’Ingénieur Général, y veillant personnellement : les formations devaient avoir lieu hors de la région d’affectation des personnels. Des milliers d’agents, souvent « volontaires-désignés-d’office », parcoururent la France en tout sens, les Marseillais visitant Brest, les Bordelais fonçant à Strasbourg, les Lillois découvrant Bayonne. Le chassé-croisé entraîna la perte de dizaines de milliers d’heures de travail et des millions de francs de dépenses supplémentaires, nullement inutiles pourtant, auraient dit ceux qui pensaient que la mobilité forcée doit s’apprendre assez tôt afin que chacun accepte demain une mutation tous les trois ans avec un minimum de pendaison sur les lieux de travail.

Pendant ce temps, les ergonomes reculaient, toujours moins nombreux, toujours moins écoutés, toujours moins promis à une belle carrière.

Le management camouflait sa brutalité croissante sous des gadgets clinquants, ruineux et superflus. Puis, le plus gros de l’opération de décervelage étant fait, on managea sans masque. A la hussarde.

Il me souvient de ce jeune chef d’un service d’une cinquantaine d’agents et de cadres, bardé de diplômes, qui ne comprit pas qu’à son pot de début d’année, seules trois personnes étaient présentes : sa secrétaire et deux fayots (ou pétochards). Il alla pleurer dans le bureau de la psychologue affectée au management qui découvrit en l’interrogeant qu’il ne lui venait jamais à l’idée de saluer son personnel le matin. Il apprit par elle que cette perte de temps était malheureusement d’usage, ailleurs.

Je tiens de source sûre cette histoire d’un jeune cadre sup, arrivant en retard, essoufflé mais radieux dans la grande salle où se tenait un conseil de direction. Il s’excusa en annonçant qu’il rentrait de la maternité où sa femme venait d’accoucher. Un ingénieur, éleveur de chevaux à ses heures perdues, lui rétorqua : « Et alors ? Quand une de mes juments met bas, je n’arrive pas en retard. ». La réplique était assez vile pour que le directeur national lui lance un « Je vous en prie ! » outré.

Mais personne ne lui a sauté au collet pour le sortir de la pièce. Les futurs suicides s’alimentent de ces arrogances impunies et donc répétées.

Un temps, regrettant mes anciens collègues, j’allais déjeuner avec eux au restaurant d’entreprise. Je n’entendais que lamentations, annonce de mutations non voulues, obligations de performances, tableaux d’activités à remplir, fiches d’évaluation individuelles, objectifs chiffrés, affectations de techniciens supérieurs à la vente de téléphones portables, craintes pour leurs primes, bon vouloir du N+1 pour l’avancement, détestation des décideurs. Accablement et rêve de retraite.

Il me souvient aussi de ces cadres sup se croyant intouchables, jamais une grève, pas syndiqués, très impliqués, à qui la direction annonçait un beau jour que leur poste était supprimé, qu’ils devaient se trouver un « point de chute » et qui vivaient alors des mois entiers d’inactivité sur le lieu de travail, niés, humiliés. Chacun d’eux s’employait fébrilement à « se vendre », tremblant qu’on lui impose un poste à Hazebrouck ou à Triffouilly-Lez-Engelure, charmante localité qui n’offrirait pas d’emploi à son épouse et de lycée à ses enfants. Partir ? Mourir ?

J’ai connu un cadre supérieur de 55 ans, chargé de famille, bien décidé à travailler encore 5 ans, acharné à donner satisfaction jusqu’à sacrifier des soirées et des week-ends, qui accompagna tous les changements sans lever un sourcil, qui ne broncha pas quand les premières victimes se plaignirent et que son chef convoqua un vendredi pour lui dire qu’il avait le droit de partir en préretraite et que ça serait bien qu’il le fasse. Sur l’air de : « Me suis-je bien fait comprendre ? ». Viré ! Fissa ! Car son allégeance ne suffisait pas à effacer l’essentiel : sur un listing, il était un pion sans visage, sans famille, sans âme et sans chair, une « unité » gonflant un total.

France Télécom aujourd’hui, c’est vingt ans d’incompétence hautaine, sûre d’elle et dominatrice, de cruauté, de morgue, d’ignorance crasse et revendiquée dans la gestion de femmes et d’hommes qui étaient fiers d’œuvrer pour le public. Pour le pays.

Au bonheur de préserver le tissu rural en s’enfonçant dans la montagne pour aller installer un téléphone à « la petite mémé de l’Ariège » qui enlève la housse protégeant l’appareil quand les enfants pensent à l’appeler de la ville, s’est substituée la tâche roublarde de fourguer des contrats incompréhensibles, des forfaits téléphoniques non souhaités à de pauvres gens dont le pouvoir d’achat est en chute libre.
Parfois, des agents de France Télécom se lavent de ces souillures en se jetant dans un torrent.

Didier Lombard, le PDG, peut bloquer quelques-uns des engrenages meurtriers, embaucher des psychologues, dire à tous qu’il les aime. De son vivant, il ne réparera pas les dégâts.
Par effet d’hystérésis, le paquebot dont les machines sont stoppées continue sur sa lancée. Pour l’empêcher d’échouer, pour éviter le choc qui jettera des poignées de passagers par-dessus le bastingage, il faudrait faire machines arrière, toutes.

Et cela ne se fera pas, foi de Nicolas Sarkozy ! Foi de Martine Aubry ! Foi de privatiseurs ! Foi d’Union européenne ! Foi de Traité de Lisbonne ! Foi de Concurrence libre et non faussée ! Foi de CAC 40 ! Foi de FMI !
Ah ! qu’accède aux commandes une vraie gauche décidée à tenir tête aux susnommés, une gauche ayant dans son programme le respect de chacun, la reconnaissance des services rendus à la population et un chouïa d’amour, si le mot n’est pas devenu choquant dans les conseils d’administration et dans les ministères.

Maxime Vivas est un ancien cadre de France Télécom, ex ergonome européen®, concepteur de formations en ergonomie et sécurité.

Messages

  • Toute ressemblance avec les événements récents dans diverses entreprises n’est que pur coïncidence.
    En 1993 eut lieu la procédure des "recatégorisations" qui devait permettre de classer dans de nouvelles catégories les agents fonctionnaires. Les grilles indiciaires étaient revalorisées. Dans une communication bien ficelée, la direction laissait entendre que cette recatégorisation allait permettre de faire le tri entre les bons éléments et les brebis galeuses. Evidemment beaucoup se jettèrent dans le processus (pour un gain de 150FF par mois), car ils faisaient parti, pensaient -ils, des bons éléments. Manque de bol, à la sortie du processus, ils faisaient tous parti des mauvais éléments (les tamis n’étaient pas calibrés comme ils l’avaient rêvés). Cela tombait sous le sens. Malheureusement pour eux, ils avaient fait "le choix de Sophie". Aujourd’hui, les graines de suicides sont bien enracinnées. Si ce n’est pas l’autre qui dégage, c’est moi. Alors, dans certains services, il y a toujours la recherche/dénonciation/mise en quarantaine des "bras cassés". Comme ça, si quelqu’un doit sauter, ce sera l’autre ; comme ça si quelqu’un doit avoir la prime à zéro, ce sera l’autre. Alors, entre ceux qui sont désignés par leurs collègues, et ceux qui après avoir "désigné" se retrouvent éjectés à la place des "bras cassés" qu’ils imaginaient, cela fait un sacré carnage. L’autre soir (lundi sur la 2, je crois), un syndicaliste de SUD désignait la "hiérarchie" comme étant des assassins. La vraie réalité est peut être autrement plus dérangeante.
    Je me demande si nous, militants radicaux, militants syndicaux, qui nous retrouvons sur ce site, je me demande si notre langue de bois, si notre pensée de bois ne nous font pas louper quelquechose.
    La bête immonde n’est pas loin.
    le mouton rouge

    • Technicien FT,syndiqué CGT puis SUD,j’ai refusé de prendre ces reclassifications.
      j’ai dit qu’accepter être payé plus que que son collégue du même grade était un vol,j’ai dit qu’accepter de gagner moins que son collégue de même grade mais plus qu’avant c’était signer une dévalorisation de soi.

      j’ai pris conscience d’une maniére violente que 90% du personnel était contre les injustice ...sauf s’ils en étaient les bénéficiaires !

      La lutte de la cgt fut tellement molle contre cette réforme (refus d’une grêve nationale alors que déja le mouvement s’étendait et que deux DR étaient occupées sans préavis ) que je suis passé à SUD.

      La quasi totalité de l’encadrement s’est rué dans les nouvelles régles de gestion ,de management inhumain et violent,méprisant les agents.

      l’interressement en terme de promotion et de salaires les encourageant .
      Le violence des rapports hierarchiques s’est considérablement accru depuis cette réforme.
      Ce ne sont pas les agents entre eux qui s’agressent ,c’est bien toujours un cadre contre un agent.
      Evacuer la responsabilite des cadres au motif que certains d’entre eux sont aussi victimes d’un autre cadre plus pourri encore est totalement a coté de la plaque .

      la premiere mesure de la cgt ptt à son congrés juste apres ses reclassif fut de
      syndiquer dans la section cadre les techniciens reclassés plus haut que leurs collégues !!
      J’étais bien content d’en être sorti .

      J’ai encore un gout amer de cette épisode ,j’ai des collégues qui luttent ,qui revendiquent ,mais je peux m’empécher de penser :

      "mais pour 60 euros tu vas encore te coucher "

    • a vraie réalité est peut être autrement plus dérangeante. Je me demande si nous, militants radicaux, militants syndicaux, qui nous retrouvons sur ce site, je me demande si notre langue de bois, si notre pensée de bois ne nous font pas louper quelquechose. La bête immonde n’est pas loin. le mouton rouge

      Intéressant - peux tu préciser STP ?

  • En fait les salariés de FT sont divisés en deux "espèces" : Ceux, les plus anciens, qui terminent leur carrière en profitant des acquis du CNR (Conseil National de la Résistance) et du statut de M Thorez. Pour les éjecter de la maison, il faut, soit une bonne carotte, soit, par la maltraitance, les obliger à démissionner.

    Et il y a les autres, les nouveaux,qui savent que lorsque leur tour arrivera, une lettre recommandée suffira pour les muter au "Pôle Emploi".

    Cette situation est le résultat d’un choix fait par la droite et accompagné par le PS : Privatiser France Télécom pour en faire une multinationale des télécom. Les personnels et les usagers étant mobilisés pour amortir, chacun à sa façon, les aventures "dumpistes" sur les marchés étrangers.

  • France Télécom : une privatisation téléphonée. Jospin approuve l’ouverture du capital préconisée par Delebarre.

    Comment Libé rapportait la privatisation Jospin en 97

    BENABENT JulietteLAUNET Edouard

    Au terme d’une journée agitée, Lionel Jospin a confirmé hier

    l’ouverture prochaine du capital de France Télécom. Quelques minutes après avoir reçu des mains de Michel Delebarre son rapport sur l’avenir de l’opérateur public, le Premier ministre s’est félicité de la « démarche » préconisée par l’ancien ministre, avec notamment « une stratégie internationale qui, par une ouverture du capital, lui permettra de rester l’un des tous premiers opérateurs mondiaux ».

    Les décisions du gouvernement, qui seront détaillées en début de semaine, devraient entériner l’essentiel des recommandations de Michel Delebarre : ouverture du capital à hauteur d’« environ un tiers », augmentation de capital ultérieure permettant l’échange de participations croisées avec le partenaire allemand Deutsche Telekom, transformation de France Télécom en « vitrine sociale ». Avec en particulier un effort supplémentaire sur l’embauche de jeunes, le service public et « une amélioration du dialogue social ». Delebarre préconise par ailleurs une clarification du cadre réglementaire, jugé « éminemment libéral ».

    Sur le fond, les propositions du rapport ne diffèrent guère du projet de privatisation partielle du gouvernement Juppé, différé juste avant les législatives. L’ancien Premier ministre avait programmé pour le mois de mai une mise en bourse de 20 à 30% du capital, pour un montant compris entre 30 et 50 milliards de francs.

    Michel Delebarre justifie l’ouverture du capital ­ à laquelle les socialistes s’étaient opposés sous le précédent gouvernement ­ par la nécessité de nouer des alliances internationales, un argument également utilisé par Alain Juppé. Le rapporteur estime que « l’existence d’intérêts privés et boursiers n’est pas incompatible avec la mission de service public, que l’Etat devra défendre et développer ». L’ancien ministre, qui n’a pas souhaité détailler les modalités de l’ouverture de capital, insiste sur une « annonce couplée » de la mise sur le marché du tiers du capital et de l’augmentation de capital. L’opérateur devra toutefois préciser sa stratégie commune avec Deutsche Telekom avant de procéder à l’échange de participations. En attendant, ces actions réservées aux « partenaires stratégiques » seraient portés par des entreprises publiques comme la Caisse des Dépôts ou EDF. Enfin, Delebarre s’est prononcé contre la pratique des stock-options (primes en actions à conditions avantageuses) dont bénéficient dans les grandes entreprises privées les cadres et dirigeants.

    Après avoir pris connaissance du rapport, les trois principaux syndicats de France Télécom (CGT, SUD et CFDT) ont estimé que seule une grève massive du personnel serait susceptible de « faire reculer le gouvernement ». « Vouloir assurer un meilleur service public tout en faisant entrer des intérêts privés dans le capital relève d’une profonde contradiction que le gouvernement devra assumer », a prévenu Pierre Khalfa, secrétaire fédéral de SUD-PTT.

  • 1) La loi d’ouverture au Capitalisme a été voté par le PS avec L’ABSTENTION du PC. Le PC n’a pas voté contre. Il y avait ses strapontins en cause.
    C’est pour cela qu’aujourd’hui, je me méfie des pas de deux du PC. Je prends acte qu’Hamon, lundi soir a dit "nous avons fait une connerie". Mais je ne souhaite pas trop enfoncer le clou

    2) "On passe peut être à côté de quelquechose". Il a fallu plusieurs siècles pour passer du trou noir du Moyen-age au siècle des lumières. Cela ne fait que quelques siècles que l’on a admis que la terre était ronde. Au moyen age les malades mentaux étaient brûlés en place public. Sans parler des lesbiennes. En 2009 des joueurs de foot ne veulent pas jouer contre des homosexuels. Il y a les 70 ans du socialisme réel à faire passer aux oubliettes ... L’intelligence humaine a peut être quelques siècles devant elle pour réellement s’imposer.
    Nos combats pour la fraternité, la solidarité ne sont pas vains. Il faut les mener. Mais il faudra pas mal de temps pour gagner. Il faut probablement compter en dizaines d’années. Je ne suis pas amer. L’age d’or ...

    Allez, bisous, je vous aime tous bande d’enfoirés ...
    mouton rouge

    • Je n’arrive pas à dégoter le compte rendu du vote à l’AN sur ce sujet, mais j’ai trouvé ceci :

      Question de Claude Billard (PCF) à Mr Strauss Khan, ministre de l’économie :

      M. Claude Billard. Le Gouvernement est-il disposé à ouvrir un débat national sur cette question et à l’inscrire à l’ordre du jour de nos travaux pour y associer la représentation nationale ? (Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et sur quelques bancs du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

      M. Thierry Mariani. Vive la majorité !

      M. le président. La parole est à M. le ministre de l’économie, des finances et de l’industrie.

      M. Dominique Strauss-Kahn, ministre de l’économie, des finances et de l’industrie. Monsieur le député, au cours de l’été, une large consultation des personnels et des organisations syndicales a été conduite par M. Michel Delebarre, membre de cette assemblée, que je veux à cette occasion remercier du travail qu’il a fait et de la qualité de celui-ci.
      A partir de ce rapport, le Gouvernement a pris certaines décisions qui s’inscrivent dans une politique globale pour France Télécom. Elles concernent à la fois l’avenir de l’entreprise, l’amélioration de sa politique sociale, le renforcement du service public, une meilleure lisibilité de l’organisme qui fait la régulation des télécoms et enfin l’accès de tous aux nouvelles technologies. Une ouverture du capital a été prévue - c’est elle que vous visez, monsieur le député -, afin de permettre à l’entreprise de garder son rang.
      Vous savez que France Télécom est aujourd’hui le quatrième opérateur mondial et, dans le monde concurrentiel qui est celui des télécoms, il est apparu que des alliances devaient être nouées, notamment avec le partenaire privilégié de France Télécom qui est, comme vous le savez, Deutsche Telekom. La nécessité de nouer ces alliances, et de les faire notamment sous une forme d’échanges de participations, a conduit le Gouvernement dans son ensemble à décider de mettre sur le marché 20 % du capital de France Télécom.
      Je veux à cet instant souligner que cela n’en fait pas pour autant une entreprise privée. De ce point de vue, nous sommes très loin non seulement des mesures préparées par l’ancienne majorité, mais aussi de l’esprit qui les inspirait. (Protestations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l’Union pour la démocratie française.) Quelqu’un que vous avez choisi comme porte-parole aujourd’hui, messieurs de l’opposition, disait, il y a peu, que l’intention de la majorité précédente était bel et bien, au bout du compte, de privatiser France Télécom. Tel n’est pas du tout notre objectif. (Exclamations sur les bancs du groupe du Rassemblement pour la République et du groupe de l’Union pour la démocratie française.) France Télécom est une entreprise publique, France Télécom restera une entreprise publique ! (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.) Mais pour autant, il faut que ce soit une entreprise qui vive.
      Cette décision de mettre sur le marché une partie de France Télécom a été bien comprise de la population, me semble-t-il, puisqu’un grand nombre de Français se déclarent aujourd’hui intéressés et elle n’a pas été si mal comprise des personnels si j’en jauge à l’aune de la grève qui a eu lieu hier. Mais ce que je voudrais surtout vous dire, monsieur le député, c’est que je suis aussi attaché que vous, et l’ensemble du Gouvernement avec moi, au service public qui est celui de France Télécom. Simplement, pour que le service public soit fort, pour qu’il vive, il faut que l’entreprise qui le porte soit elle-même forte et qu’elle vive. Or, dans le monde dans lequel nous sommes, pour que cette entreprise garde son rang, il fallait qu’elle soit capable de s’allier.
      C’est parce que nous avons, par cette action, renforcé France Télécom, qui le sera encore d’ailleurs un peu plus tard lorsqu’elle pourra lever de l’argent sur les marchés pour ses besoins et pour mieux remplir sa mission, c’est parce qu’ensemble nous avons renforcé France Télécom que, dans le même mouvement, nous avons renforcé le service public. (Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et du groupe Radical, Citoyen et Vert.)

  • ... "Il fallait introduire une dose de stress" Voilà une attitude proprement terrifiante autant actualisée que généralisée, même dans le secteur public... Je me souviens d’un Inspecteur de l’Education Nationale qui avant de "partir en chasse" (c.a.d. en inspection) demandait à ses sbires (c.a.d. conseillers pédagogiques) s’il avait un look suffisamment stressant !!! Il pensait bien sûr à son impact sur nos collègues institutrices en particulier !!! Pour avoir entendu parler de celui d’un collègue, le suicide est hélas une conséquence de ces actes de "terrorisme quotidien" de la part de la "hiérarchie" que ce soit dans le privé ou le public... qu’ils soient "grands" ou surtout "petits" chefs...

  • les monuments aux morts sont remplis de ces gens qui croyaient à ce juste combat : travailler pour la France jusqu’à en mourir si besoin.