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Cesare Battisti est désormais un fugitif

Publie le mercredi 1er septembre 2004 par Open-Publishing

de Sophie Bouniot

Réunis hier, les avocats de l’écrivain et son comité de soutien ont dénoncé la trahison de la parole d’État.

Audience sans surprise, hier après-midi, à la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris. À l’issue de dix minutes d’exposé et d’une demi-heure de délibéré, le contrôle judiciaire de Cesare Battisti - auquel il était assujetti depuis le 3 mars dernier - a été révoqué et un mandat d’arrêt délivrer à son encontre. L’homme est dorénavant considéré comme " juridiquement en fuite ", avait tenu à rappeler l’avocat général dans ses réquisitions, suivies à la lettre. En ne se présentant pas le 21 août dernier devant le service d’exécution des décisions de justice, le désormais " fugitif " a enfreint les obligations de ce que le représentant du parquet a qualifié de " contrat entre le justiciable et la justice ". Si Battisti devait être interpellé, il serait immédiatement placé sous écrou extraditionnel. À l’ombre des barreaux, l’écrivain devra alors attendre que la Cour de cassation examine son pourvoi contre l’avis favorable à son extradition vers l’Italie rendue le 30 juin dernier par la cour d’appel de Paris. L’audience est fixée au 29 septembre.

" Procédure inadmissible "

Une heure après la décision, les avocats de Battisti, qui avaient prévenu qu’ils n’assisteraient pas à cette audience, ont tenu une conférence de presse. Afin de dénoncer l’acharnement judiciaire et l’injustice faite à leur client. Parmi le comité de soutien, Michel Toubiana, président de la Ligue des droits de l’homme, a fustigé une " logique judiciaire folle " : " Dès le départ, cette procédure est inadmissible, donc tout ce qui en découle est inadmissible. Extrader Battisti, c’est revenir sur la parole donnée et l’asile accordé. " Adjoint communiste à la mairie de Paris, Alain Mansat dénonce des " décisions très politiques qui piétinent les conceptions du droit français comme l’autorité de la chose jugée ". Le 21 mai 1991, la même cour d’appel de Paris avait en effet refusé la demande d’extradition des autorités italiennes.

Faisant référence aux dernières déclarations de Jacques Chirac, qui a indiqué qu’il n’hésiterait pas à extrader l’ancien membre des " Prolétaires armés pour le communisme " condamné en 1993 à la perpétuité pour quatre " homicides aggravés " - sur la base d’accusations de repentis - si son pourvoi était rejeté, Pénélope Komitès ne comprend pas " pourquoi le même chef d’État, en 1997, avait demandé à Alain Juppé de délivrer des papiers à Cesare Battisti ? Quelle différence y a-t-il entre hier et 2004 ? Pourquoi ce changement d’attitude de la part du gouvernement français ? " Avançant déjà une amorce de réponse : " On ne peut pas utiliser la construction de l’espace judiciaire européen et notamment le mandat d’arrêt européen pour rétroactivement revenir sur la parole de l’État. "

Opération de parrainage

Associés au PCF, les Verts ont donc décidé, hier, de mener une action symbolique, " Parlementaires et élus pour le respect de la parole de la France ", en proposant à chacun des réfugiés italiens bénéficiant de la doctrine Mitterrand d’être parrainé par un des leurs pour les " défendre politiquement et prendre en charge les familles qu’ils ont construites " dans un pays qui leur avait assuré d’être leur terre d’asile.

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-08-31/2004-08-31-399651