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L’affaire que Nicolas Sarkozy surveille de très, très près : l’attentat de Karachi.

Publie le mardi 20 octobre 2009 par Open-Publishing
8 commentaires

Il n’y a pas que Clearstream qui mobilise en ce moment l’attention du chef de l’Etat. Le journal Bakchich Hebdo daté du 7 octobre avait révélé le contenu des cahiers de Gérard-Philippe Menayas, ancien directeur financier de la Direction des Constructions Navales (DCN).

La DCN est bien connue pour avoir fabriqué les frégates de Taïwan. Les carnets sont placés sous scellés au pôle financier. Et que disent ces fameux cahiers ? Ils évoquent des noms de personnalités politiques, de gauche comme de droite. D’Edouard Balladur à Elisabeth Guigou en passant par… Nicolas Sarkozy et Charles Pasqua. Ceux-ci auraient perçu des commissions pour l’exécution des grands contrats de la DCN internationale, et notamment au moment de la vente de frégates à Taïwan et de sous-marins au Pakistan.

Mediapart , le 16 octobre, indiquait que “selon une enquête interne à la DCN, menée en 2002 sous le nom de code « Nautilus » par un ancien agent de la Direction de la surveillance du territoire (DST), Claude Thévenet, les causes véritables de l’attentat de Karachi, initialement imputé à la mouvance Al-Qaida, seraient en réalité liées au non-versement de commissions occultes dues par la France à des officiels pakistanais. L’arrêt de ces paiements fut le fait, en juillet 1996, du nouveau président de la République, Jacques Chirac. Celui-ci aurait alors suspecté son rival de l’époque, Edouard Balladur, d’avoir financé illégalement sa campagne présidentielle de 1995 à la faveur de deux gros contrats d’armement signés sous son gouvernement.”

L’ancien directeur général délégué de la DCN Alex Fabarez, entendu le 2 octobre par les magistrats, affirme qu’une partie de ces commissions a continué d’être versée jusqu’en 2008, selon des sources proches du dossier, confirmant une information de Libération.

Dans un document interne de DCN non daté, que l’AFP a consulté et révélé par Médiapart, l’entreprise évoque les soupçons de rétrocommissions, illégales mais non prouvées à ce stade. ”En juillet 1996, les paiements sont bloqués sur instruction des autorités françaises faisant état de retours illicites de tout ou partie des commissions en France”, est-il noté dans ce document intitulé “Concultancy agreement 12 juillet 1994 - Note sur le dossier”.

Nicolas Beau et Xavier Monnier, dans Bakchich, précisaient que “à la
manœuvre de tout le système servant à alimenter les caisses noires des partis politiques, se trouvait un personnage forcément discret, Jean-Marie Boivin, alias Bacchus. Un monsieur au mieux avec l’ensemble du personnel politique tricolore. Sous Chirac, Bacchus avait ses entrées à l’Élysée. Et ce sont les confidences de cet homme de l’ombre, consignées par le scrupuleux Menayas, qui tourmentent un président de la République qui l’est déjà trop. L’encombrant « verbatim » signé Gérard Menayas est aujourd’hui dans les scellés d’une discrète instruction menée par les juges Françoise Desset et Jean-Christophe Hullin.”

Samedi 17 octobre, Libération consacrait trois pages à cette affaire. Avec un article sur Bacchus : “C’est le fantôme de l’affaire DCN. Jean-Marie Boivin, en charge des commissions offshore, était convoqué jeudi [15 octobre] par les juges d’instruction. Il n’est pas venu : partie remise… Boivin, dit « Bacchus », a longtemps été membre de l’état-major du fabriquant de sous-marins avant de s’installer au Luxembourg pour prendre directement en main la structure chargée de répartir les flux financiers : Eurolux. Toujours inconnu de la justice française, Bacchus ne l’est pas de Sarkozy, qui surveille l’affaire DCN comme le lait sur le feu.”

Renaud Lecadre concluait cet article avec cette précision :
“ Heureusement pour Sarkozy, le procureur de Paris, Jean-Claude Marin, veille au grain. Dans une note au parquet général, remontant illico à la chancellerie et à l’Elysée, il écrivait en 2007 que « le périmètre le plus pertinent d’une éventuelle information exclut en l’état les faits relatifs à des structures écran ». Hélas pour lui, les juges antiterroristes sont en train de faire exploser le périmètre. ”

Dans l’article principal de Libération, Guillaume Dasquié et Renaud Lecadre constatent la “panique dans les palais nationaux” et citent Jean-Claude Marin :

« Un document non daté et non signé laisse supposer des relations ambiguës avec les autorités politiques en faisant référence au financement de la campagne électorale de M. Balladur en 1995 […]. Le contentieux a été l’occasion de menaces proférées par les dirigeants des sociétés écrans de révéler la nature des missions qui leur avaient été confiées.. ».”

Le Nouvelobs.com notait que “quelques lignes du cahier de Gérard-Philippe Menayas à propos du patron du parquet de Paris Jean-Claude Marin, sèment le trouble quant à l’avenir de l’information judiciaire : “JC Marin, petit frère, pilote l’instruction, dont il a sérieusement réduit le périmètre”. Et le site de se demander : “Bref, les éléments embarrassants vont-ils finir aux oubliettes ?”

Jean-Claude Marin… oui, c’est bien le même qui, aujourd’hui, livre ses réquisitions au tribunal correctionnel dans le procès Clearstream.

http://veilleur.blog.lemonde.fr/2009/10/20/laffaire-que-nicolas-sarkozy-surveille-de-tres-tres-pres/

Messages

  • Jean-Claude Marin a aussi blanchi toutes les affaires de Chirac,dont la dernière en date sur les emplois fictifs !!!

  • Selon le répertoire de la contre-subversion, élaborée par les impérialistes, il est notoire qu’il faille, dans le discours, remplacer les concepts de "lutte pour l’indépendance nationale", "souveraineté des nations", par le mot "argent".

    La cause de la révolte des Afghans : c’est l’argent.

    "The Times", récemment, en parlant de l’embuscade qui coûta la vie à 10 soldats français, dans la vallée de Kapisa, certifiait que la raison de l’attaque des rebelles résidait dans le fait que l’armée française n’avait pas payé les insurgés.

    Idem pour l’attentat de Karachi du 8 mai 2002, le motif du meurtre des 11 ingénieurs français serait vénal - inutile de chercher plus loin ; des pots de vin n’auraient pas été versés comme promis à des intermédiaires pakistanais, faisant partie des services secrets, ISI.

    Or, si l’observateur considère cet événement, à Karachi même, dans le contexte de l’époque, c’est-à-dire, à un moment historique de haute tension régionale (opération "Liberté immuable" en Afghanistan, opération "Victoire" du côté indien), la livraison et le montage d’armes stratégiques comme des sous-marins AGOSTA 90 B ne pouvaient se passer sans conséquences.

    Ces sous-marins livrés par la France sont des vecteurs potentiels d’armes nucléaires et peuvent donner un avantage stratégique au Pakistan.

    Le Pakistan et l’Inde se livrent une guerre acharnée pour s’équiper de sous-marins pour lancer leurs missiles nucléaires.

    A la suite de la commande pakistanaise, l’armée indienne a acheté 6 sous-marins de type SCORPENE à la France ; il n’est pas impossible que les services secrets indiens, le RAW, aient tenté de saboter la livraison et le montage des sous-marins ennemis à Karachi.

    Pourquoi cette piste n’est-elle pas évoquée par l’instruction et la presse ?

    D’autant que le port de Gwaddar, au Baloutchistan pakistanais, où devaient être basé en eau profonde les sous-marins, a été attaqué, en 2004, par des groupes soit-disant islamiques ; des ingénieurs chinois y ont été tués de la même façon que leurs homologues français...

    La rumeur "Nautilus", sortie au moment où la France livrait 300 tonnes d’uranium à l’Union indienne, me semble une opération de diversion afin de ne pas inquiéter un pays allié.

    Le 26 juillet 2009, l’armée indienne lançait en grande pompe le premier sous-marin capable de lancer des missiles nucléaires, le "Kargil".

    • Le Pakistan a acheté trois sous-marins à la France le 21 septembre 1994.

      Or, l’attentat de Karachi a eu lieu le 8 mai 2002.

      Pourquoi l’Inde aurait attendu 8 ans pour saboter le chantier ?

      Autre chose :

      Nous savons maintenant que l’armée pakistanaise et ses services secrets sont impliqués. Nous savons maintenant que des militaires pakistanais ont reçu 6 % du montant total du contrat en pots-de-vin.

      Lisez cet article :

      Les commissions.

      Ce qu’on savait.

      A l’occasion du contrat pakistanais, 85 % des commissions occultes, destinées aux intermédiaires et décideurs, ont été versées dès la signature, fin 1994, à l’approche de la campagne présidentielle en France. C’est parfaitement dérogatoire aux usages en matière de grands contrats internationaux : l’habitude consiste à étaler les versements au fur et à mesure de la commande - en l’espèce, le troisième et dernier sous-marin n’a été livré qu’en 2008…

      Le reliquat de 15 % avait été gelé en 1996, sitôt les chiraquiens revenus au pouvoir, soupçonnant les balladuriens de s’être sucrés au passage. Comme en témoigne cette note interne de la DCN (Libération du 20 juin) : « Les commissions ont été bloquées sur instruction des autorités françaises, faisant état de retours illicites de tout ou partie des commissions en France. » Serait-ce l’explication de l’attentat de Karachi ?

      Ce que révèle « Libé ».

      La nouveauté, c’est cette confession de Gérard Menayas, ancien directeur financier de la DCN. A l’entendre, il y avait deux types de commissions : les unes (4 % du contrat) visaient le « political level », le gouvernement pakistanais, la famille Bhutto ; les autres (6 %) sont destinées au « working level », les militaires pakistanais. Les premières étaient à la charge de la DCN, les secondes étaient versées par la Sofema, société d’exportation de matériel militaire et aéronautique, mi-privée, mi-publique. Si la DCN a bien suspendu les versements, la Sofema les a poursuivis jusqu’au terme du contrat.

      C’est ce qu’a affirmé aux enquêteurs Alex Fabregas, ancien dirigeant de la DCN devenu administrateur de la Sofema : « Les règlements ont continué selon l’avancement du contrat, jusqu’en mai 2008 […]. Il y avait un échéancier de paiement. » En théorie, les hiérarques de l’armée pakistanaise n’auraient donc pas à se plaindre même si des luttes internes pourraient avoir compliqué la situation. Un document initial de la Sofema, daté de 1994, insistait lourdement : « La finalisation du contrat de sous-marins étant proche, les accords écrits ou oraux passés avec nos amis ont besoin d’être validés, confirmés ou ajustés. »

      Résumons : la DCN a versé à l’instant T 85 % des commissions politiques promises, le reliquat de 15 % étant gelé jusqu’en 2000, date de l’adoption en droit français de la convention anticorruption de l’OCDE (avec trois ans de retard…), qui l’enterre définitivement.

      Quant aux commissions destinées aux militaires, elles auraient été intégralement versées. Si l’attentat est lié à une embrouille d’argent, serait-elle plutôt pakistano-pakistanaise que franco-pakistanaise ? Pour les parties civiles qui ont perdu un proche, la différence judiciaire est de taille si la France est impliquée.

      http://www.liberation.fr/societe/0101597665-l-argent-au-c-ur-de-l-attentat-de-karachi

    • Réduire les meurtres des onze ingénieurs français et de leurs collaborateurs locaux à une simple histoire d’argent ne tient pas la route.

      Les contrats de la société Thalès avec le gouvernement indien ont donné lieu également à des versements de commissions occultes...

      Ce qui manque dans les investigations françaises, c’est la reconstitution de la scène du crime : le contexte régional.

      Depuis le 11-Septembre 2001, le gouvernement américain a revu ses liens privilégiés avec l’état pakistanais, accusé d’avoir été complice avec les terroristes.

      Les contrats français prévoyant la fourniture d’armes stratégiques comme les trois sous-marins AGOSTA 90 B, comme pour les indiens, sont perçus comme contraires aux intérêts vitaux des deux puissances dans la région.

      Pourquoi les enquêteurs français ne considèrent-ils pas cette possibilité ?

      Ce qui avait été accepté en 1994 peut être refusé, par le parrain américain, en 2002...

      L’Union indienne, dans ses opérations militaires extérieures d’envergure, n’a jamais agi sans le feu vert d’une superpuissance.

      En 1971, l’Inde d’Indira Gandhi a envahi le bengale occidental qu’avec le support de l’URSS, on peut imaginer qu’après le 11-Septembre, elle ait pu agir au Pakistan avec le soutien du Pentagone ou de la CIA.

    • Il est à noter que selon l’ex-général Aslam Beg de l’état-major pakistanais, madame Benazir Bhutto, épouse de l’actuel PM, Zardari, a été assassinée par des membres de la société militaire privée BlackWater, sous ordre du général MacChrystal et Cheney, vice-président des Etats-Unis.

      L’argument "pourquoi l’union indienne a attendu huit ans pour attaquer les sous-marins et les ingénieurs qui les assemblent" peut s’expliquer par le retournement d’alliance régionale ; les américains, aujourd’hui, travaillent de concert avec les indiens, ce qui n’était pas le cas en 1994.

    • Himalove écrit :

      " Réduire les meurtres des onze ingénieurs français et de leurs collaborateurs locaux à une simple histoire d’argent ne tient pas la route. Les contrats de la société Thalès avec le gouvernement indien ont donné lieu également à des versements de commissions occultes... "

      Oui, mais la grande différence est que le versement de commissions occultes à l’Inde a été respecté à 100 %.

      La grande différence est que la France a respecté le contrat qu’elle avait signé avec l’Inde.

      En revanche, pour le Pakistan, la France a trahi sa parole.

      En revanche, pour le Pakistan, la France n’a pas respecté le contrat qu’elle avait signé : en 1996, elle a brutalement arrêté le versement des commissions occultes aux Pakistanais.

      Conséquence de ce viol de contrat : 11 morts français.

    • Himalove écrit : " L’actuel PM Zardari ".

      Asif Ali Zardari n’est pas l’actuel premier ministre. Depuis le 22 mars 2008, l’actuel premier ministre est Youssouf Raza Gilani.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Youssouf_Raza_Gilani

      Asif Ali Zardari est le président de la République.

    • Merci de me corriger.

      Depuis le 6 septembre 2008, le veuf Bhutto, Zardari, surnommé "Monsieur Dix-pour-cent", est président de la république islamique du Pakistan et non premier ministre.

      La personne a oublié également de me corriger lorsque je parle rapidement du "bengale occidental" lors de la guerre de 1971 ; je voulais parler du "Pakistan oriental", nom premier du Bengladesh.

      Mais me reprendre sur un ou deux lapsus ne détruit pas autant mon argumentaire...

      Si mon détracteur souhaite réellement faire la lumière sur l’attentat du 8 mai 2002, il doit faire l’histoire des relations triangulaires entre la France, le Pakistan et les Etats-Unis, à propos du nucléaire et des ventes d’armes, susceptibles de devenir des vecteurs de missiles Shaheen.

      De plus, il doit considérer le retournement stratégique d’alliance, opéré en 2001, par les Etats-Unis, en faveur de l’Union indienne.