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Ainsi va la planète

Publie le jeudi 2 septembre 2004 par Open-Publishing

de Michel Guilloux

Caucase, Afghanistan, Irak dessinent une géographie du monde de l’après-11 septembre 2001 que le dernier conflit rend de plus en plus instable.

Des centaines d’enfants et de jeunes effectuent leur rentrée scolaire dans un collège-lycée d’Ossétie du Nord. Un groupe armé les prend en otages et menace de les exécuter cinquante par cinquante. La veille, une bombe explose sur un marché de Moscou. Onze morts et plus de cinquante blessé. À Mossoul, le mortier tue et blesse. Au hasard des kidnappings et du passage de main en main d’ouvriers étrangers venus du Népal, d’Inde, du Kenya ou d’Égypte, le chaud et le froid alternent entre annonce de libération des uns et le terrible silence sur le sort de nos deux confrères Christian Chesnot et Georges Malbrunot.

Brigades islambouli ici, Armée secrète islamique, groupe des drapeaux noirs ou armée islamique en Irak là-bas, les noms ne manquent pas pour désigner les adeptes du terrorisme aveugle - s’il en est d’éclairé. - qui n’en finissent pas de prospérer. Et toujours les taliban. Et toujours al Qaeda. Caucase, Afghanistan, Irak dessinent une géographie du monde de l’après-11 septembre 2001 que le dernier conflit rend de plus en plus instable et le mariage des intérêts pétroliers avec l’indulgence pour le fanatisme islamique, odieux.

Quelques voix s’élèvent pour faire la leçon à la France sur l’air du " il n’y a pas de neutralité possible ". À la vie suspendue de deux hommes, s’ajoute l’indécence d’une seconde prise d’otages, politicienne celle-là, qui n’appelle que le mépris.

La situation, tant en Irak que dans d’autres régions d’un monde devenu de plus en plus instable, éclaire à quel point la conception d’un leadership exclusif sur la planète s’avère dangereuse pour son devenir. Chaque jour qui passe depuis le déclenchement de la guerre conforte au contraire la position française exprimée à la tribune de l’Organisation des Nations unies. Les motifs avancés par l’administration Bush n’étaient pas avérés. L’utilisation de la force armée ne pouvait que déboucher sur le chaos. Nous y sommes. La gestion des conflits et tensions internationales, en particulier au Proche-Orient, ne peut s’effectuer que dans le respect et le cadre d’un réel multi-latéralisme dont l’ONU serait la garante. Cela a été et reste la position de la France. C’est son honneur, aux côtés de tous ceux qui, de façon officielle ou dans la rue, l’ont également défendue.

Pendant ce temps, George Bush parade à la convention de son parti. Une maison de production de films à caractère religieux vient de lui consacrer un film : George W. Bush : la foi à la Maison-Blanche. Hommage du vice à la vertu, cette projection accuse le coup de l’autre portrait qui lève le voile sur la réalité de la politique américaine et fait un tabac. Le réalisateur de Fahrenheit 9/11, hué par les partisans de Bush, est présent à l’événement, dans la tribune de presse. Chroniqueur quotidien pour USA Today durant cette semaine. Michael Moore a écrit ceci, mardi : " La plupart (des électeurs du parti républicain) ne veulent pas que les États-Unis soient l’officier de police du monde et préfèrent la paix à la guerre. Ils applaudissent les droits civiques, pensent que tous les Américains doivent bénéficier d’une couverture médicale et que les armes d’assaut doivent être bannies. " Cette autre voix de l’Amérique a toute sa place dans le concert de ceux qui veulent un autre monde.

http://www.humanite.presse.fr/journal/2004-09-02/2004-09-02-399739