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Irak : Georges Malbrunot et Christian Chesnot, qui aide les preneurs d’otages ?

Publie le vendredi 3 septembre 2004 par Open-Publishing

de Olivier Rogeau

L’Armée islamique en Irak, dont se réclament les ravisseurs des reporters français, ne manque pas de moyens

Sur les messages vidéo envoyés ces derniers jours à Al-Jazira, la chaîne d’information du Qatar, chambre d’écho des kidnappeurs irakiens, on retrouve, derrière le visage d’un otage aux traits tirés, le même fond noir, le même sigle û une carte de l’Irak barrée d’une kalachnikov û et le nom du mouvement en lettres rouges : Armée islamique en Irak. Les ravisseurs du reporter italien Enzo Baldoni, exécuté le 26 août, et de ses deux confrères français, Georges Malbrunot, 41 ans, et Christian Chesnot, 38 ans, dont le sort restait incertain au moment de mettre sous presse, se réclament de ce groupe armé issu du courant fondamentaliste sunnite.

Dans la cassette diffusée le 28 août, les preneurs d’otages exigeaient du gouvernement français le retrait de sa loi qui prohibe le voile à l’école, mesure qualifiée d’« agression contre l’islam ». Au moins, le film vidéo a mis fin à une longue incertitude. Pendant une semaine, les deux journalistes indépendants n’avaient plus donné signe de vie. Ce matin-là, en compagnie de leur chauffeur traducteur syrien, ils avaient pris la route de Nadjaf, la ville sainte chiite assiégée. Les trois hommes ont été interceptés à Latifiya, bastion des combattants salafistes situé à 50 kilomètres au sud de Bagdad.

Si les prises d’otages sont devenues routinières, l’enlèvement des deux journalistes français a suscité une mobilisation internationale sans précédent. En France, les dirigeants de la communauté musulmane, même les plus radicaux d’entre eux, ont réclamé la libération des deux reporters. Au Proche-Orient, les efforts diplomatiques se sont poursuivis tous azimuts. Toutefois, à Bagdad, le Comité des oulémas, l’une des plus hautes instances religieuses sunnites, a implicitement reconnu ne pas avoir de contact direct avec l’Armée islamique en Irak.

Le cloisonnement de cette organisation et sa revendication, étrangère aux préoccupations des insurgés, semble indiquer son appartenance à une mouvance « internationaliste » des activistes islamistes en Irak. Dotée d’une structure très hiérarchisée, composée notamment d’anciens agents des services de sécurité de Saddam Hussein convertis au salafisme, l’Armée islamique en Irak ne manque pas de moyens. Plusieurs responsables de cellules clandestines croient dès lors déceler une « main de l’étranger » à l’oeuvre derrière l’ascension du groupe qui, par des actes cruels - assassinats de quatre agents de sécurité américains, de deux ouvriers pakistanais... - soigne son image auprès des franges les plus radicales de la résistance irakienne. Il peut ainsi recruter de jeunes exaltés, attirer des volontaires arabes et s’assurer l’appui des réseaux de soutien au djihad dans les pays du Golfe. On évoque ainsi l’aide offerte par un généreux financier venu de Dubaï...

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