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Le bilan de l’assaut russe à l’école de Beslan s’alourdit

Publie le vendredi 3 septembre 2004 par Open-Publishing
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Au fil des heures, le bilan, toujours officieux et fluctuant, de l’intervention des forces russes en Ossétie du Nord s’alourdissait vendredi, Interfax tablant sur un chiffre très largement supérieur à 150 morts.

"Le nombre de morts dans l’acte terroriste de Beslan pourrait être bien plus élevé que 150", a déclaré Aslambek Aslakhanov, collaborateur du président Vladimir Poutine cité par l’agence russe.

A en croire le responsable régional du FSB (ex-KGB), Valeri Andreïev, 20 membres du commando de preneurs d’otages de l’école n°1 de Beslan ont été abattus et la moitié d’entre eux sont des Arabes. "Il y a dix personnes originaires du monde arabe parmi les 20 terroristes tués", a-t-il déclaré, cité par Interfax.

En fin de journée, les fusillades ont diminué d’intensité dans l’enceinte de l’école, selon le témoignage d’Oliver Bullough, l’un des envoyés spéciaux de Reuters.

L’agence de presse russe Itar-Tass avait auparavant fait état de tirs persistants de séparatistes pro-tchétchènes de l’intérieur d’un bâtiment du complexe scolaire après l’assaut donné par les forces spéciales.

Mais d’après le journaliste de Reuters, il n’y avait plus de signe de fusillades après 15h00 GMT. Les forces de sécurité semblaient pour leur part faire sauter des explosifs situés dans le bâtiment.

Par ailleurs, un responsable local cité par Interfax a affirmé, sans plus de précision, que des enfants étaient toujours retenus en otage.

Interfax croit savoir de source proche de l’état-major de crise qu’il n’y aurait plus qu’un seul homme en arme à résister dans l’école.

Vingt-trois corps, dont ceux de 17 enfants, gisaient devant la morgue de l’hôpital de Beslan, a ajouté un autre envoyé spécial de Reuters. "Je suis en mesure d’apercevoir 23 corps étendus devant la morgue de l’hôpital - six d’entre eux sont en uniforme et 17 appartiennent à des enfants", a déclaré Richard Ayton.

UN ASSAUT NON PREMEDITE ?

Selon des membres du personnel médical cités par le journaliste, une dizaine d’autres corps seraient à l’intérieur de la morgue.

D’après un responsable des services de sécurité de la région cité par Interfax, plus de 400 personnes ont été libérées lors de l’assaut qui, d’après Valeri Andreïev, n’était pas prémédité.

"Je tiens à souligner qu’aucune opération militaire n’était prévue. Nous envisagions la poursuite du dialogue", a-t-il assuré à la télévision RTR.

Il a expliqué qu’un accord avait été conclu avec les preneurs d’otages pour que les autorités puissent évacuer les corps des personnes décédées lors de la prise d’otages mercredi.

Selon lui, c’est lorsque quatre médecins parvenaient comme convenu sur les lieux que deux explosions se sont produites et que des enfants et des adultes pris en otages ont tenté de s’enfuir.

"Les bandits ont ouvert un feu nourri sur les adultes et les enfants qui couraient. Pour sauvegarder la vie des otages, nous avons répliqué en ouvrant le feu sur les bandits", a dit Andreïev. "Des habitants qui étaient également armés ont eux aussi tiré sur les bandits, ce qui n’a pas permis aux forces spéciales de faire efficacement leur travail", a-t-il ajouté.

D’après les récits des témoins et des images de télévision, des enfants entièrement ou à moitié dévêtus et hurlant ont couru se mettre à l’abri au milieu des tirs de mitraillettes et des détonations tandis qu’une noria d’hélicoptères d’attaque tournoyait dans le ciel.

DEMENTI TCHETCHENE

Plusieurs corps reposaient sur les brancards. Les enfants terrifiés, qui ont passé deux jours dans la fournaise du gymnase de l’école par des températures caniculaires, se sont alors précipités sur des bouteilles d’eau pour se rafraîchir.

On ne sait pas avec précision ce qui a déclenché les tirs, qui ont éclaté peu après la promesse de Moscou de ne pas recourir à la force pour libérer des otages séquestrées depuis 53 heures sans eau et nourriture.

D’après Interfax, certains des preneurs d’otages, qui seraient au nombre d’une quarantaine, ont tenté de s’échapper au milieu de la foule des parents attendant près de l’école au moment de l’intervention des forces spéciales.

Auparavant, le président de l’Ossétie du Nord, Alexandre Dzasokhov, avait annoncé que le commando avait exigé que la Tchétchénie, théâtre d’une sanglante rébellion musulmane, accède à l’indépendance, ce à quoi Moscou s’est toujours refusé.

L’Ossétie du Nord, majoritairement orthodoxe, est ethniquement et religieusement différente des républiques musulmanes voisines d’Ingouchie et de Tchétchénie.

A Londres, un représentant du dirigeant rebelle tchétchène Aslan Maskhadov a répété que ses hommes n’avaient rien à avoir avec la prise d’otages de Beslan. "C’est un acte monstrueux (...). Rien ne peut justifier ce qu’ils ont fait", a déclaré Akhmed Zakaïev sur Channel 4.

Le drame de Beslan intervient dans un contexte tendu en Russie lié au séparatisme tchétchène. La semaine dernière, deux avions de ligne ont explosé quasi-simultanément, faisant 90 morts. Et cette semaine, une femme kamikaze s’est fait sauter dans le centre de Moscou, tuant neuf personnes.

Le président Poutine, qui a juré à son arrivée au pouvoir en 2000 d’"aller buter les bandits tchétchènes jusque dans les chiottes", a toujours affirmé qu’il ferait tout pour épargner la vie des otages de Beslan. (Reuters)

http://www.reuters.fr/locales/c_newsArticle.jsp;jsessionid=9a%3A4138b1fd%3A82a18349c7eb5f6d?type=topNews&localeKey=fr_FR&storyID=6147969

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